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Le blogue de David Desjardins

Le rouleau : un guide de survie

07-12-2015

C’est génial de partir avec son vélo. C’est même le plus beau type de voyage qui soit, comme en témoigne le numéro de Vélo Mag qui est présentement en kiosque.

Sauf qu’il arrive qu’au moment de prendre son élan pour le grand départ, on se fasse rattraper par mille choses. Comme l’école des enfants, le travail, le fric.

À moins d’adopter les sports d’hiver, dont le fatbike, nous voilà alors condamnés à pédaler pour n’aller nulle part, prisonniers au bagne de la base d’entraînement, voués à collectionner, dans la solitude du sous-sol, les tours de pédale qui nous affranchiront des kilos en trop et aiguisent la forme pour l’été à venir.

Mieux vaut alors s’équiper pour y survivre sans sombrer dans la déprime qui guette le cycliste immobile.

S’occuper la tête

Si Eddy Merckx faisait 6 heures de rouleau en continu en regardant un mur de briques pour s’endurcir le « mental », ça ne veut pas nécessairement dire que c’est une bonne idée. Avec l’avènement des réseaux de visionnement en continu comme Netflix, Crave et autres, il est désormais possible d’aligner les séries télé, films et documentaires tout en pédalant.

Le lundi, je fais mes intervalles sur Walking Dead (avec les sous-titres, parce que j’en perds des bouts quand les watts grimpent trop haut), la mardi avec Homeland, le mercredi avec The Shield. Et puis j’en profite pour revoir des films que j’ai aimés, ou qui ne méritent pas que j’y consacre 2 heures de mon temps libre. Pensez à l’entière filmographie de Jason Statham.

Pour ceux qui voudraient ajouter un peu de substance, et en profiter pour muscler leur cerveau, les baladodiffusions d’émissions de radio sont aussi d’excellents moyens de donner une valeur ajoutée aux entraînements. À défaut de paysages, on s’en fabrique dans la tête. Radio-Canada regorge d’excellentes émissions (Les Années Lumière, La semaine verte, etc.). France Culture aussi (Les Chemins de la connaissance, Répliques, etc.)

Bien s’installer

Si c’est possible, l’idéal est d’avoir son petit coin de la maison consacré à l’entraînement. Avec des serviettes, un ventilateur, un endroit pour placer un écran, des écouteurs hydrofuges, etc.

J’appelle ce lieu ma « paincave », l’endroit où je descends vers la douleur. Cela exprime mon idée bien tordue du plaisir, je suppose.

Reste que si j’y retourne, c’est parce que je m’y suis bien installé et m’y sens à mon aise. Un fil relie l’écran devant moi à des écouteurs accrochés au plafond (pratique pour les séances de « trois rouleaux ») ; une lampe d’ambiance me permet de bien voir mon compteur et une clé Chromecast diffuse du contenu dans ledit écran à partir de mon téléphone portable.

Prenez le temps de réfléchir à votre installation. Améliorez-la. Le paysage ne changera pas souvent, mieux vaut en trouver un qui vous plaise.

Se motiver

L’an dernier, je me suis pris une coach. Chaque mois, elle m’envoyait mon plan d’entraînement, qu’elle bâtissait en tenant compte de mes objectifs, mes déplacements et le temps dont je disposais.

Un peu de la même manière qu’il est souvent plus facile de s’entraîner en faisant fi de la météo si on a un partenaire qui nous attend, le fait d’avoir un programme et de devoir communiquer mes résultats avec ma coach (à l’aide de tests que je m’auto-administrais au cours de la saison, comme un FTP, ou une PAM) m’a motivé à descendre dans la « paincave » même lorsque je n’en avais aucune envie.

Pour très peu de frais, l’application TrainerRoad offre quant à elle un système de séances et de plans qui, si votre rouleau possède une connexion Bluetooth, transmet en direct la résistance à imposer à la roue arrière.

Training Peaks offre aussi du coaching et des programmes. Et depuis peu, Zwift vous permet de retrouver des gens pour rouler sur des parcours virtuels où le temps passe beaucoup plus vite lors de longues séances. Vous y retrouvez d’autres cyclistes et pouvez vous y joindre à des événements spéciaux, des sorties de groupe. Le principe est le même que dans le jeu vidéo en réseau, mais sur un vélo.

Faire autre chose

Mieux vaut se montrer la face dehors de temps à autres pour ne pas devenir à moitié fou.

Aussi bien aménagée soit-elle, ma « paincave » demeure un sous-sol gris duquel il me faut souvent m’extirper. À l’automne, je me remets lentement à la course à pied. Pour le cyclocross, puis ensuite pour faire des sorties plus longues. Elles remplacent mes séances de vélo en zone 1, ou alors je les couple à des entraînements de vélo pour y ajouter du volume.

En décembre, c’est le ski de fond qui débute (lorsqu’il finit par neiger). J’ajoute à tout cela des séances de yoga pour la souplesse : donc en salle, mais avec des gens faits de chair et d’os.

L’objectif : réduire mes heures de rouleau, faire le plein de soleil et d’air frais. Et socialiser un peu en faisant une activité physique, pour ne pas oublier que si on fait tout cela, l’objectif ultime, c’est encore le plaisir. Dont celui de passer du temps en mouvement, avec d’autres gens que soi. Et pas uniquement l’été.

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