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Destinations

Voyage au Centre-du-Québec

13-06-2011

L’association touristique régionale Centre-du-Québec propose depuis peu un circuit de 350 km reliant Drummondville, Bécancour, Saint-Ferdinand et Victoriaville. Pour être honnête, je n’espère pas grand-chose. Que sais-je de cette ville et de sa région? Bien peu, mis à part le fait que Drummondville fut longtemps la risée du défunt magazine Croc! J’essaie tout de même de me convaincre que ses campagnes sont peut-être fort jolies, que les routes y sont certainement bien entretenues et que d’y rouler à vélo peut être agréable. Mais je ne m’attends pas à trouver la qualité de paysages et de circuits des Cantons-de-l’Est et des Laurentides. Préjugés, dites-vous? Cette région me réserve de belles surprises!

J’ attends au moins une heure, bien au chaud dans la voiture garée dans le stationnement de l’hôtel drummondvillois, avant de me résoudre à partir tant il pleut. Mais il est maintenant midi, et je dois aujourd’hui parcourir 110 km. Le circuit proposé compte quatre étapes, et ce sont les hôteliers qui s’occupent du transport des bagages. Je n’ai qu’à rouler, peinard.

J’enfile mon imperméable, je descends mon vélo de son support, essuie la selle, vérifie les freins, range mon appareil photo dans un sac étanche et donne les premiers coups de pédale. Je sors de Drummondville en empruntant une succession de rues paisibles et de voies cyclables. À peine sorti de la ville, j’ai droit à ma première éclaircie. En fait, il ne pleuvra plus une seule goutte du reste du voyage. Ça commence bien.

Pour cette première journée, on emprunte l’axe 4 de la Route verte (Circuit des traditions), ce qui me mènera à Bécancour. La quiétude du parcours m’étonne d’emblée. Qu’on emprunte un rang, un chemin ou des petites routes, la circulation automobile est quasi inexistante. On bénéficie, en prime, d’un large accotement. Je n’ai jamais tenu de statistiques, mais je suis persuadé qu’aujourd’hui, j’ai brisé un record personnel: 29 km sans rencontrer âme qui vive! Vous connaissez La Route, le roman de Cormac McCarthy? Après qu’un cataclysme eut dévasté le monde, un homme et son fils errent sur la route en poussant un chariot d’épicerie rempli de leurs possessions. Eh bien, j’ai un peu le même sentiment en pédalant sur ce rang interminable, tout en ligne droite, où je ne rencontre personne; les minutes s’égrènent, je crois halluciner, je me retourne, persuadé que j’apercevrai au loin un véhicule fonçant droit vers moi. Que dalle. Rassurez-vous, c’est la seule analogie à faire avec l’œuvre de McCarthy: il n’y a pas eu de catastrophe, fort heureusement. Je plisse les yeux en regardant droit devant, scrutant la route, interminable. Je ne vois que le bitume. Au bout de 29 km, je crois deviner, au loin, une silhouette. Mirage? Je mouline vers cet ORNI (objet roulant non identifié), et sa silhouette se dessine peu à peu; il s’agit bien d’un cycliste. Je m’élance à sa rencontre et lui lance, enthousiaste:

– C’est incroyable, il n’y a personne à part vous et moi sur cette route!

– Je le sais, c’est pour ça que je roule icitte.

À sa grande surprise, je saisis mon appareil et prends un cliché, exactement comme si j’avais aperçu un tigre du Bengale ou un éléphant.

C’est sous un soleil éclatant que j’arrive, en fin de journée, à Bécancour, où m’attendent un souper cinq services et un lit douillet, inclus dans le forfait. On ne se plaindra pas.

La deuxième journée me conduira à Saint-Ferdinand, sur les rives du lac William. Chouette! il fait beau… et chaud. J’enfile un maillot à manches courtes et un cuissard, puis je range mes vêtements de pluie dans mon bagage, qu’on transportera au prochain hôtel. Je me sens moins pressé aujourd’hui, je planifie quelques arrêts. On m’a beaucoup parlé de la qualité des fromages produits ici, mais je ne croise aucune fromagerie. C’est pour demain, m’a-t-on dit. J’ai amplement de temps devant moi et je chemine lentement, m’imprégnant de toutes ces odeurs. Je fais plusieurs pauses, ne serait-ce que pour admirer un troupeau de vaches ou pour regarder au loin des chevaux courant crinière au vent. Et cette quiétude… omniprésente.

Cette étape au relief relativement plat permet à mes jambes de se reposer en vue de l’exercice prévu le lendemain: j’effectuerai la troisième journée de mon voyage – et la plus longue – en compagnie de quelques membres de Cyclo Bois-Francs, un club cycliste de la région (voir le texte de Gaétan Fontaine en page 19). Je me rappelle la question posée par Stéphane, un des membres, lors d’un échange de courriels: «Aimes-tu ça, les bosses?» J’ai répondu oui. Des bosses, ça descend aussi, non? Cette journée se termine par une descente vertigineuse vers Saint-Ferdinand. La vue sur le lac William et la région environnante est à couper le souffle.

Requinqué par une bonne nuit de sommeil, je flâne au petit matin sur les rives du lac. J’attends Christine, Guy et Stéphane qui effectuent 50 km pour venir à ma rencontre, si bien que l’heure de notre rendez-vous est approximative (9 h).
À 9 h 03, ils débarquent, souriants et manifestement déjà bien échauffés pour amorcer une journée de bosses.

Nous roulons en plein territoire agricole; de vastes champs de blé, de maïs ou d’avoine longent la route. Je réalise peu à peu que je me trouve dans une région gourmande – ça tombe bien, je le suis également. Nous croisons tout d’abord quelques apiculteurs. Suivent les producteurs de fromage; on est au pays du célébrissime Saint-Guillaume, mais la production est bien plus diversifiée.

Loin de moi le désir de relancer l’éternel débat sur la paternité de la poutine, or c’est indiscutablement dans la région des Bois-Francs qu’elle fut inventée. Pour ce qui est de la ville – Warwick, Victo ou Drummond –, je laisse ce débat aux citoyens. Pas étonnant d’ailleurs que les producteurs de fromage cheddar soient si nombreux. Loin d’être un fromage fin, le cheddar, lorsqu’il est frais du jour, qu’il est à la température de la pièce et qu’il fait quouick quouick entre les dents, est dur à battre; c’est salé, c’est gras, c’est mou et c’est chargé de protéines.

Mis à part le cheddar, on produit ici de fort bons fromages, dont plusieurs ont été primés. À Sainte-Hélène-de-Chester, une visite à La Moutonnière s’impose. On y produit surtout des fromages à base de lait de brebis: de la feta, de même que quelques pâtes fermes et molles – le Sein d’Hélène (vache et brebis) est à se rouler par terre. On peut aussi y acheter de la viande d’agneau et des merguez 100% agneau, parmi les meilleures qu’il m’ait été donné de manger.

Le Centre-du-Québec, c’est aussi le pays de l’érable. Plessisville a d’ailleurs été désignée capitale mondiale de l’érable, mais la saison des sucres est loin derrière nous.

Peu après avoir quitté Saint-Ferdinand, nous délaissons la région du Centre-du-Québec pour faire une incursion dans Chaudières-Appalaches. Nous traversons les villages de Saint-Julien et de Saint-Fortunat, nous nous frottons aux Appalaches. Nous roulons en fait dans les contreforts de la célèbre chaîne de montagnes, et les montées ne tardent pas à se pointer le bout du nez. Nous rétrogradons rapidement sur le petit plateau. Merveilleux terrain d’entraînement pour mes trois acolytes qui se sont tous inscrits au prochain Défi Vélo Mag, dans le parc national de la Mauricie.

Nous remontons la route 263 et nous revoilà dans notre région. Cette route est une des plus belles sur lesquelles j’ai eu la chance de sillonner au Québec. Les paysages sont de toute beauté, l’accotement est large, la circulation y est fort paisible, et c’est loin d’être monotone vu ce dénivelé capricieux. Nous traversons plusieurs villages, ce qui facilite le ravitaillement. Je me propose d’ailleurs la prochaine fois de faire le parcours dans le sens contraire, en partant de Victoriaville, pour une belle escapade d’un jour.

Cette troisième journée sera en fait la seule qui comportera de réels défis et elle tombe bien: j’ai eu deux journées de mise en jambes et le jour suivant s’annonce plutôt tranquille. Quelle bonne idée que de se joindre à un club cycliste local lorsqu’on visite une nouvelle région! En plus des belles rencontres qu’on y fait, on risque moins de passer tout droit devant un attrait régional – en ce qui me concerne, je n’aurais pas su faire le détour vers la fameuse fromagerie; qui plus est, les routes empruntées n’ont pas été choisies au hasard, puisque c’est le terrain de jeu – et d’entraînement – de mes hôtes. Les parcours ont été judicieusement pensés pour la beauté et la quiétude qu’ils offrent.

Pour la quatrième et dernière journée, je me retrouve de nouveau seul. La distance à parcourir est plus modeste, à peine 80 km reliant Victoriaville à Drummondville. Le parcours est paisible, sur terrain plat, donc nul besoin de me presser, la distance se couvrant aisément en une journée. J’emprunte la route des silos – ils sont nombreux – et je longe la rivière Saint-François. Les cyclistes affluent, profitant d’une journée ensoleillée et peu venteuse. Je gagne Drummondville par le chemin Hemming, une entrée tout en douceur.

À regret, je quitte le Centre-du-Québec. Je serais bien resté quelques jours supplémentaires, d’autant plus que le beau temps semble s’être invité. Le circuit effectué en quatre jours m’a permis d’arpenter une bonne partie du territoire, mais rien ne vous empêche – la région étant relativement près de Montréal et de Québec – de venir y faire un petit saut, ne serait-ce que pour une journée, afin de découvrir un coin de pays où il fait vraiment bon rouler. Vous y reviendrez, je vous l’assure. Contrairement à moi, laissez vos préjugés à la maison.

Repères
L’ATR Centre-du-Québec offre encore cette année, à partir de 452$ par personne, ce forfait de 4 jours. Sont inclus: les quatre nuitées, les quatre petits déjeuners et les quatre soupers. Transport des bagages entre les quatre hôtels en sus. www.avelo.ca
Où dormir?
Bécancour Auberge Godefroy – www.aubergegodefroy.com
Saint-Ferdinand Manoir du lac William – www.manoirdulac.com
Victoriaville Hôtel Le Victorin – www.hotelsvillegia.com
Drummondville Hôtel et suites Le Dauphin – www.le-dauphin.com
Gourmandises
Fromagerie la Moutonnière 3456, rue Principale,
Sainte-Hélène-de-Chester – www.lamoutonniere.com

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