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Le blogue de David Desjardins

Grosses et petites fatigues du vélo

28-07-2025

Thymen ARENSMAN (INEOS GRENADIERS) – crédit: ASO

Tadej Pocačar a avoué être plutôt fatigué, voire un peu blasé, en fin de Tour de France. Il a ensuite raffiné sa pensée, exprimant du même coup la réalité des athlètes lors d’épreuves qui s’étalent sur trois semaines. sans parler du reste de la saison:

À la longue, performer, ça use physiquement et mentalement.

(Petite note personnelle : je pense aussi que ça l’a un peu ennuyé de jouer ce Tour de manière plus défensive. Le côté ludique du jeu a un peu fichu le camp, cela a dû lui peser.)

Crédit: ASO

Qu’en est-il du spectateur moyen, comme vous, comme moi?

J’avoue qu’en fin de Tour, je suis à la fois un peu tanné et un peu en sevrage. Au moment d’écrire ces lignes, je fais du rattrapage sur les premières étapes du Tour de France Femmes. C’est plein de rebondissements et d’histoires palpitantes. Mais je commence à manquer d’enthousiasme pour, plus généralement, le spectacle sportif qu’est le cyclisme professionnel.

Une petite fatigue qui culmine généralement au départ de la Vuelta, alors que le désir et l’ennui se font quotidiennement concurrence. Les Grands Prix Cyclistes ravivent la flamme puisqu’ils passent à notre porte.

Rendu aux mondiaux, je me sens au bout de ma capacité d’emballement. Même les choses qu’on aime, répétées ad nauseam, finissent, comme le dit la locution latine, par nous écœurer un peu.

Est-ce que je suis tanné de rouler? Ça m’arrive rarement. J’ai bien des petits moments de lassitude, mais monter en selle et filer dans le paysage demeure le plus extraordinaire des anxiolytiques et des antidépresseurs. Comme je dis souvent : peu importe à quel point je me sens merdique, donnez-moi seulement une ride bike et je serai guéri.

Je dois quand même faire attention d’éviter les abus. J’ai maintenant 50 ans. Avec le travail et les obligations, le vélo ajoute à une fatigue qui s’avère de plus en plus difficile à chasser. Je dois m’assurer de bien dormir, et suffisamment. Je dois me contraindre à prendre des journées de pause après des accès d’intensité ou de volume. Je ne peux plus y aller à fond jour après jour.

Puis il y a toujours la crainte que je finisse par m’emmerder. C’est une chose dont l’hiver, heureusement, me prémunit, en m’offrant d’autres sports et en changeant le décor du théâtre de mes sorties. (Même chose pour mon intérêt pour le sport cycliste comme spectacle: la jachère hivernale renouvelle mon enthousiasme.)

Comme Pogačar, même dans la performance, je cherche les occasions de m’amuser. Soit en me créant des défis, soit en me joignant à des amis pour me lancer à l’aventure. Ou encore, à l’inverse, en roulant seul, à l’autre bout du monde, sans personne sur qui compter sauf moi-même.

Le secret du succès, ici, c’est encore la variété. De l’intensité, des pratiques et des contextes. Comme ça, on chasse toutes les fatigues. Physique et psychologique.

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