Le Rise d’Orbea (à gauche) © Orbea et le E-SMT de Spherik (à droite) © Spherik
Dans ce test vélo, nous sortons de notre format habituel en mettant deux vélos face à face. L’Orbea Rise et le Spherik E-SMT font partie de la catégorie de vélos de montagne à assistance électrique (VTTAE) dits super légers. Une longue sortie au centre Empire 47, à Québec, a donné l’occasion à deux pilotes de gabarit similaire d’échanger constamment les vélos et de voir ce que chacun avait dans le ventre.
Le Rise d’Orbea
Le Rise d’Orbea est fabriqué par le manufacturier basque Orbea, le Rise est personnalisable grâce à un lot d’options de couleurs, de matériaux de cadre, de débattement avant, de tiges de selle, de puissance de batterie, de degré d’élévation du guidon, de roues et de pneus.
Le E-SMT de Spherik
Le E-SMT de Spherik est conçu au Québec, et sa facture est très aboutie. Le moteur et la batterie du manufacturier suisse Maxon sont entièrement intégrés dans son cadre de carbone, si bien qu’on le confond aisément avec un vélo ordinaire.

Dans le cas de l’Orbea,
la motorisation est signée Shimano EP 801. © Orbea
Légèreté
Dès la prise en main, on apprécie la légèreté des deux vélos. Tous deux se manipulent comme des vélos classiques et se fixent sans peine sur un porte-vélo ordinaire. Sur la piste familiale qui mène aux sentiers d’Empire 47, nous pédalons tous moteurs éteints, ce qui serait une idée folle au guidon d’un gros VTTAE de 22 kg ou plus. L’effort ressemble à celui qu’il faut fournir pour faire avancer un vélo d’enduro musculaire. D’emblée, cela élimine l’angoisse de manquer de batterie une fois rendu loin dans le bois : si nous en manquions, il serait facile de pédaler pour le retour.

Le cadre du Spherik cache le discret moteur Maxon Bikedrive Air. © Spherik
Montée
Arrivés à la Montée de lait, nous enclenchons l’assistance électrique. Tout comme la Montée de la soif qui la prolonge, cette piste cache quelques pièges – des sections érodées ou plus pentues – qui demandent de la puissance et de la précision. Le Spherik se démarque par la façon naturelle dont l’assistance est livrée. L’Orbea est affecté par un court délai entre le moment où on appuie sur les pédales et la réaction du vélo, qui bondit soudainement vers l’avant. À la défense de ce dernier, mentionnons qu’une application permet de modifier le profil d’assistance. N’étant pas munis de ladite application, nous utilisons les paramètres par défaut.
L’ascension jusqu’au sommet à 410 m se fait aisément en jouant avec le niveau d’assistance pour se sentir quelque part entre « je me sens pas pire en forme » et « j’ai des jambes bioniques ». Quand l’assistance est réglée au maximum, le Rise offre davantage de puissance, mais tout bien considéré, le besoin d’utiliser le réglage maximal se fait peu sentir.
Même avec un réglage à un niveau d’assistance intermédiaire, la sensation de puissance et le plaisir de grimper sans effort sont au rendez-vous. Cette aide se fait de façon silencieuse. À basse puissance, le Spherik s’avère légèrement plus silencieux que l’Orbea. Quand on intensifie la poussée sur les pédales, ça s’égalise. Le Spherik fait entendre un clic chaque fois qu’on arrête de pédaler, ce qui agace un des pilotes tandis que l’autre ne le remarque même pas.

L’intégration de l’amortisseur Split Pivot du Rise est très réussie. © orbea
Descente
Les descentes de la Belzébrute puis de la Kamasutrail se font à haute vitesse, mettant les suspensions à l’épreuve. Dans les sections qui brassent, la plateforme Split Pivot du Rise se montre plus efficace que la Linkage-Driven Single Pivot du E-SMT, dont le triangle arrière est unifié. Le Rise absorbe efficacement les chocs et laisse l’impression d’un débattement à l’arrière plus prononcé que les 140 mm annoncés. Le E-SMT cogne plus dur, spécialement lors du freinage, ce qui éreinte davantage le pilote. Rappelons que nous avions réglé les suspensions de façon similaire, étant donné que les deux vélos sont dotés d’amortisseurs (Fox Float de 140 mm) et de fourches (Fox 36 de 150 mm) identiques. Des modifications aux ajustements auraient permis de peaufiner le rendement des suspensions de chaque vélo et de relever un brin le Spherik, dont le boîtier de pédalier est plus bas que sur le Rise, ce qui provoque de plus nombreux touchers des pédales sur le sol affleurant.

La transmission Sram XX AXS du Spherik est d’une redoutable efficacité dans toutes les situations. © Spherik
Terrain mixte
Le test se prolonge dans les sentiers de cross-country à la base de la montagne. En descente comme en montée, les deux super-légers se révèlent aussi faciles à piloter que des vélos de trail classiques tant qu’on arrive à gérer la vitesse de croisière la plus élevée. La roue avant se soulève aisément lorsque nécessaire, le freinage ne pose pas de problème. Tout le contraire d’un VTTAE régulier, plus difficile à ralentir et à contrôler en virage à cause de sa masse importante. La différence apparaît encore davantage quand on survole la Shaman, une piste de sauts facile et bien lissée. À chaque bosse et dans chaque tournant, le plaisir est présent.
Un détour par les slabs de granit de la Zomby Toof confirme les limites des pneus Vittoria Syerra qui équipent le Spherik. Ceux-ci sont légers mais pas assez cramponnés. Les Maxxis DHR et Assegai de l’Orbea procurent une meilleure adhérence et sont plus résistants.
Côté freinage, on aime la précision et la puissance des Shimano XTR sur l’Orbea face aux Sram Level Ultimate du Spherik, qui demandent davantage de force et donnent cette impression « spongieuse » caractéristique de Sram, appréciée de certains, critiquée par d’autres.
En ce qui concerne l’efficacité des transmissions, le dérailleur Sram XX AXS du Spherik l’emporte haut la main ; les changements de vitesse sont précis et instantanés dans n’importe quelle situation. L’Orbea est tout de même pourvu du plus haut de gamme de Shimano, mais le système câble-gaine a ses limites, et il ne fait pas le poids face à la technologie Bluetooth sans fil AXS.

Le combo potence-guidon en carbone du Spherik est particulièrement élégant, avec
en prime un support Garmin. © Spherik
Le Spherik se distingue par l’élégance de son cockpit, un combo potence-guidon en carbone sur lequel se greffe harmonieusement un support Garmin et où se dissimulent tous les câbles ; les manettes de transmission et de contrôle du moteur sont minimalistes, conférant une allure épurée. Le Rise intègre également le câblage dans la potence, cependant le look n’est pas aussi réussi.
Notre test se conclut après trois heures, dont deux heures en mouvement. Nous avons couvert 26 km et grimpé 730 m. La jauge d’énergie du Rise indique le tiers, celle du Spherik un peu moins. C’est donc dire que nous aurions pu rouler une heure supplémentaire, environ.
Notre sortie démontre que ces deux super-légers offrent amplement de puissance sans les inconvénients liés au poids. Ces deux VTTAE ne sont pas destinés aux enduristes qui désirent grimper très vite afin de multiplier les descentes, toutefois ils permettront d’« égaliser » des duos ou des groupes mal assortis, ou de redonner des ailes aux cyclistes moins en forme, et ce, tout en ayant une incidence moindre sur l’usure des sentiers et la cohabitation avec les cyclistes musculaires !à
