Quelques mots à propos de la Vuelta? Mettons trois? Sans. Grand. Intérêt.
De mémoire de fanatique de compétition cycliste, je ne me souviens pas d’avoir aussi peu regardé d’étapes complètes d’un Grand Tour. En fait, il y a des jours où j’oublie carrément que la course a lieu.
Disons que, quand le drama (traduction: le mélodrame) qui entoure la course est plus passionnant que la course elle-même, c’est que la compétition sportive est plate sur un moyen temps.
Pourtant, ça devrait être exaltant. Après 16 étapes, seulement 48 secondes séparent João Almeida (UAE) du meneur Jonas Vingegaard. Tout peut encore arriver. La bagarre pour la troisième marche du podium du classement général entre Jai Hindley et Tom Pidcock devrait aussi m’exciter le poil des jambes. Mais bof.
Le problème, je crois, c’est que la première semaine était tellement ennuyeuse que je n’ai jamais réussi à adopter la courbe narrative de cette course de trois semaines. Après la première journée de repos, j’étais désengagé.
Et c’est vrai que tout ce qui entoure la course vole le spectacle.
Sur le plan sportif, l’annonce inattendue (quoique télégraphiée, puisque c’était un secret de polichinelle) du départ de Juan Ayuso de l’équipe UAE a attiré beaucoup d’attention. Mais cela n’a pas empêché l’équipe de récolter les victoires d’étapes comme des petits fruits en bord de route au mois d’août. Cela, en plus de s’installer confortablement en seconde position du classement général.
Comme le soulignaient les confrères et consoeurs de Espace Collective dans l’un de leurs podcasts : on dirait que c’est le temps des cadeaux pour les seconds violons de UAE qui, le reste du temps, sont au service de Pogačar. C’est pas con.
Enfin, au rayon des distractions, la principale demeure le bordel provoqué par la présence de l’équipe Israël-PremierTech et de manifestants propalestiniens qui s’acharnent à la dénoncer. Presque chaque étape est perturbée d’une manière ou d’une autre par des manifestants. Soit le final est neutralisé, soit on change le parcours, soit les coureurs doivent contourner des banderoles… Soit le leader de l’état Israëlien se fend d’un tweet pour féliciter Sylvan Adams de résister à la « haine et l’intimidation ». Misère.
J’en reparlerai dans un autre billet de blogue, mais cette histoire est assez dramatique et on risque de voir des incidents du genre venir perturber les Grands Prix Cyclistes de Québec et de Montréal (surtout dans la métropole, en fait, ou des manifs ont déjà lieu tous les dimanches).
Le sportswashing est largement répandu dans le cyclisme. Il fallait bien, un jour, que ça finisse par le rattraper. Le conflit actuel au Proche-Orient nous rappelle que le « soft power », ou le pouvoir d’influence sur l’image de marque des nations par le sport, n’est pas toujours profitable pour tout le monde à long terme.
Et surtout qu’il devient ici une si forte distraction qu’il met en lumière le peu d’intérêt soulevé par l’événement sportif lui-même.