La Ville de Montréal aménage des saillies de trottoir à la fois pour sécuriser les intersections et pour embellir le paysage. © Ville de Montréal
Il est bien connu que les intersections de rues sont malheureusement les lieux les plus funestes pour les gens qui circulent à vélo. Aux États-Unis, 43 % des décès de cyclistes se produisent au croisement de deux voies de circulation. Pourquoi ?
Les intersections sont des endroits compliqués pour les automobilistes. Beaucoup de choses s’y passent : il faut surveiller les divers panneaux de circulation, les gens qui se déplacent à pied, à vélo, ainsi que les autres automobilistes qui se trouvent à gauche, à droite, devant. Pour notre pauvre cerveau, c’est beaucoup trop.
Le problème se manifeste particulièrement lorsqu’un automobiliste veut tourner à droite. Déjà que son cerveau est surchargé d’informations, il doit en plus se souvenir de vérifier son angle mort (une appellation prédestinée…) et éviter le phénomène psychologique du « j’ai regardé, mais je ne l’ai pas vu », où l’information ne s’est pas transmise des yeux au cerveau. Le conducteur aura bien posé le regard sur le cycliste, mais n’aura pas enregistré sa présence. Rappelons-nous que nous sommes des singes au volant d’une machine de deux tonnes !
COMMENT RÉGLER CE PROBLÈME ?
Les aménagements urbains peuvent soulager notre cervelle débordée. L’une de ces solutions porte le joli nom de « saillie de trottoir » (ou avancée de trottoir). Il s’agit de simples prolongements du trottoir qui, aux intersections, viennent rapetisser la largeur de la rue. Imaginez un coin de rue vu d’en haut. Au lieu de trottoirs se rencontrant à angle droit, la saillie forme un renflement. Cet espace ainsi gagné sur le bitume accueille souvent une plate-bande ou des poteaux auxquels accrocher un vélo.
Ces constructions ont surtout un impact psychologique sur les automobilistes. La vitesse à laquelle on circule est entre autres influencée par la largeur de la rue – plus elle est large, plus on roulera vite, quelle que soit la limite affichée. En réduisant les intersections, on incite les automobilistes à ralentir, ce qui donnera à leur cerveau plus de temps pour bien évaluer leur manœuvre avant de s’engager.
Vous pouvez voir fort probablement l’une de ces saillies de trottoir près de chez vous. Celles-ci se multiplient aux quatre coins du Québec. Elles prennent parfois la forme de peinture au sol ou de poteaux (des bollards) qui viennent forcer les gens derrière un volant à ralentir avant de tourner.
Derrière son allure banale, ce type d’infrastructure joue un rôle essentiel dans la sécurité des cyclistes et des piétons. Qui aurait cru qu’une simple avancée pouvait sauver des vies ?