Algarve, Portugal
Une semaine pour rouler sur une petite route de montagne en vélo de route, se perdre dans un sentier de vélo de montagne bordé de chênes-lièges et longer une falaise surplombant la mer en vélo de gravelle, ça vous dit ? Cet éden cycliste se trouve au sud du Portugal, et il mérite sans l’ombre d’un doute un séjour prolongé.
À peine débarqué de l’avion à Faro, on apprécie déjà le climat méditerranéen : en plein mois de novembre, il fait une vingtaine de degrés et le ciel est d’un bleu limpide. Histoire de se dégourdir les jambes avant les premiers coups de pédale, c’est une bonne idée d’aller marcher dans les rues d’Olhão, un des grands ports de pêche du Portugal. Les fresques sur les murs racontent l’importance de l’activité depuis quelques siècles. Pour y goûter de manière plus concrète, c’est au marché que ça se passe : les étals de poissons sont spectaculaires et les languettes de thon cru, délicieuses.
Pour s’immerger encore un peu plus dans cette ambiance du sud du Portugal et se sentir encore un peu plus en vacances, il faut embarquer sur un bateau afin de poser le pied sur l’île de Culatra. Ici, les véhicules à moteur sont bannis et l’aiguille du temps semble tourner moins vite. On se balade entre les maisons des pêcheurs sur une passerelle de bois qui mène au phare puis, au restaurant du coin, on se régale évidemment de poisson, sans oublier quelques huîtres. Sur l’île, les pêcheurs et les ostréiculteurs se sont pris en main dans le but de protéger à la fois la culture insulaire et l’environnement.

En haut du Fóia, la statue d’un cycliste salue le littoral.
La montagne avec vue sur la mer
La serra de Monchique est une petite chaîne de montagnes suffisamment éloignée du littoral pour préserver la tranquillité et assez proche pour voir la mer de son sommet, le Alto (mont) da Fóia. Installer son camp de base dans la ville thermale de Monchique permettra d’explorer aisément le terrain de jeu à vélo. La population locale est habituée à croiser des deux-roues et elle est généralement respectueuse. J’y retrouve Quentin, un cycliste d’origine belge établi dans la région. Il travaille chez Musette Bike, une boutique-café qui propose de la location de vélos de même que des tours guidés. Il suggère que nous grimpions au sommet du Fóia. « Il y a plus d’une option, m’explique-t-il. La route en partant de Monchique monte en douceur, en lacets, offrant de beaux paysages, mais elle est un peu plus fréquentée. L’autre option, c’est de petites routes sur l’autre flanc. »
Le mieux est de faire les deux en prenant d’abord une des petites routes. Le parcours est vallonné pour commencer, puis ça grimpe vers le Fóia. Nous apercevons quelques chênes-lièges à l’étrange écorce typique ; le Portugal est le premier producteur mondial de liège, et celui-ci est toujours produit de façon traditionnelle.
La pause ravitaillement au restaurant A Tasca do Petrol est en soi une expérience, en raison à la fois des saveurs régionales et de la taille des assiettes. Après quelques tours de roue relax par souci de favoriser la digestion, nous empruntons une route étroite sentant bon l’eucalyptus. L’arbre n’est pas indigène, il a plutôt été planté dans le but de fabriquer du papier, mais il a envahi les forêts. Comme il a tendance à brûler facilement, les autorités locales ont commencé à le couper, afin d’en limiter la progression. En attendant, il est agréable de rouler à l’ombre de ces eucalyptus.
Après quelques virages et pentes abruptes, les arbres se font plus discrets. Nous arrivons au sommet du Fóia, à 902 m d’altitude. La fraîcheur tombe en même temps que la lumière baisse. Le temps de saluer la statue de cycliste qui se détache à contre-jour sur le ciel, et nous voilà sur la route en lacets vers Monchique, une bien belle descente faite de courbes et de splendides paysages.

Les petites routes de la serra de Monchique sont tranquilles et vallonnées. Un parfait terrain de jeu pour cyclistes.
L’écotourisme version Via Algarviana
Il suffit d’une journée de vélo de montagne pour goûter le charme et l’intensité de la Via Algarviana. Ce sentier de grande randonnée de 300 km est également cyclable sur pneus à crampons. On peut le déguster en 14 étapes en partant d’Alcoutim, à l’ouest de la frontière espagnole, jusqu’à Cabo (cap) de São Vicente, à la pointe ouest, sur le bord de l’Atlantique. Oubliez plages et stations balnéaires au profit de villages tranquilles, de points de vue époustouflants et d’une faune et d’une flore riches. L’expérience cependant se mérite : pour notre courte étape d’à peine 25 km joignant Marmelete à Monchique, on compte 650 m de dénivelé positif. On ne parle pas de sentiers spécifiquement conçus à l’usage du vélo de montagne, mais plutôt de chemins pierreux et côteux. Il n’est pas rare de mettre pied à terre dans des passages plus techniques. Nous roulons d’abord parmi les chênes-lièges pour ensuite pénétrer dans une forêt d’eucalyptus. La terre rouge qui affleure entre les pierres du sentier colore le vélo et nos vêtements. Le chemin s’élargit quand nous arrivons sur les flancs du mont Fóia. La terre rouge laisse la place à un confortable fond de cailloux blancs. Des éoliennes brassent l’air au-dessus de nos têtes. L’horizon est vaste. Ce bref aperçu de la Via Algarviana donne le goût de prolonger l’expérience, et de la parcourir d’un bout à l’autre.

La Via Algarviana : des routes blanches sur fond d’éoliennes
Vélo de gravelle sur haut de falaise
Cette nouvelle journée débute à Sagres sur un vélo de gravelle en compagnie de Vitor TGV – le guide de Portugal Bike Tours est renommé pour sa connaissance de la région… et son coup de pédale alerte ! Nous roulons sur une étroite route bitumée jusqu’à Vila do Bispo. C’est jour de marché, et les étals de poissons sont ici aussi fort impressionnants. L’objectif de la journée est de se rendre à Lagos, or Vitor m’invite à faire un détour et à pédaler jusqu’au Miradouro (mirador) de Cordoama. Nous en prenons plein les yeux : la falaise domine la mer, et le regard porte loin sur une série de pointes rocheuses contrastant avec l’écume des vagues en contrebas. Le genre d’image à graver dans sa mémoire et, encore mieux, à partager avec les lecteurs de Vélo Mag en en faisant la page couverture !
De retour à Vila do Bispo, nous rejoignons la Via Algarviana en version chemin de gravelle, plus roulant que la section vélo de montagne faite deux jours plus tôt. Le chemin est vallonné, assez large et bordé d’oliviers, de chênes-lièges et de quelques éoliennes. La végétation est sèche et il y a peu de villages, il est donc sage d’avoir suffisamment d’eau. On retrouve la route tout juste avant la festive Lagos en traversant un village peuplé de statues surprenantes. Encore une fois un très chouette parcours. En une petite soixantaine de kilomètres, la succession de paysages hors de l’ordinaire tant sur le bord de l’océan qu’à l’intérieur des terres nous a emplis de bonheur.

Le sentier de vélo de montagne longe la mer du haut d’une falaise de calcaire.
Les plages en vélo de montagne
Le dernier jour de vélo est consacré à une seconde sortie de vélo de montagne, elle aussi d’une soixantaine de kilomètres en longeant l’océan. Fernando me guide. Ce responsable d’un club de vélo a l’habitude d’organiser des sorties en vélo de montagne avec les jeunes de la région. De Praia da Marinha à Vilamoura en passant par Albufeira, nous allons suivre la côte la plupart du temps, du haut de la falaise de calcaire. Les sentiers sont étroits, quelquefois rocheux ou sablonneux. Les passages techniques sont rares et la mer n’est jamais loin. Autant dire que nous avons joué toute la journée sur la plage.

On retrouve principalement une forêt méditerranéenne en Algarve, avec notamment les chênes-lièges encore exploités de façon traditionnelle.
Repères
Hébergements
- Hôtel Real Marina, à Olhão. Vue sur la mer. Proche de la promenade, du port et du marché.
- Monchique Resort & Spa, à l’extérieur de la ville de Monchique. Pour se faire bichonner.
- Martinhal Sagres Beach Family Resort, à Sagres. Résidence confortable au cœur de la ville.
- Cardeal suites & apartments, à Faro. Confortable et bien situé au centre-ville.
Contacts vélo
- Musette Bike, dans le village d’Almádena, près de Lagos. Café-boutique vélo fort sympathique avec atelier, location et tours guidés. Pour savoir ce qui se passe en matière de vélo en Algarve, c’est là qu’il faut faire un saut.
- Portugal Bike Tours. Agence proposant des séjours vélo partout au Portugal en compagnie de guides qui connaissent bien le territoire (dont Vitor TGV !).
- Bikesul, à Albufeira. Boutique-atelier avec en prime une offre de tours guidés, notamment en vélo de montagne.
À faire (en outre du vélo !)
- Se bâfrer de fruits de mer et de poissons, particulièrement pour ces derniers en version cuite dans une croûte de sel.
- Savourer avec modération un medronho, une eau-de-vie distillée à partir de la baie d’arbousier, l’arbouse.
- Admirer la course des dauphins en faisant une balade en bateau à Sagres.
