Même lorsqu’il ne remporte pas la victoire, Tadej Pogačar resplendit. Sur les pavés, dans les classiques, et surtout sur le Tour, il a galvanisé son statut de plus grand cycliste de son époque.
Est-ce que la fatigue du public a commencé à s’installer devant l’immense domination de Tadej Pogačar dans le cyclisme pro?
C’est un peu ce qu’on ressentait sur le Tour. Mais il faut dire que les Français ont un rapport un peu tordu avec les gagnants. L’exemple que l’on nous sert toujours est celui d’Anquetil et Poulidor. Le second, toujours deuxième ou presque, avait cependant ravi le cœur des amateurs.
Les exemples du genre (et pas exclusivement français) sont légion. Pas seulement dans le vélo. C’est connu, on aime prendre pour l’éternel perdant. (Y a-t-il un fan du Canadien dans la salle?)
Bref, si cette fatigue s’installe, ce n’était pas palpable en début de saison, tandis que l’ogre slovène croquait dans tout ce qu’il voyait.
Une chute sur Strade Bianche ne l’a pas empêché de gagner. Il terminera deuxième à son premier Paris-Roubaix (après une autre chute), troisième sur Milan-SanRemo, second sur l’Amstel, et remportera la Flèche Wallonne (assis dans le mur!!), Liège-Bastogne-Liège et le Tour des Flandres. Rien que ça.
Pogi domine ensuite sur le Criterium du Dauphiné, avant-goût d’un Tour de France où il ne paraitra jamais incommodé par la compétition. Si ce n’est que par les tactiques de la Visma qui semblaient justement destinées à l’agacer. Et ça fonctionne. De moins en moins joueur, Pogačar semble las dans le dernier droit de l’épreuve. Il caracole vers la victoire sans trop d’enthousiasme. Son quatrième Tour en poche, il semble dû pour des vacances.
Celles-ci lui sont profitables. Quand je le rencontre en septembre, au Grand Prix Cycliste de Québec, sa légendaire bonne humeur est de retour. Généreux, il saisit l’occasion d’offrir la victoire à Montréal à son coéquipier américain, Brandon McNulty.
Le jeune cannibale a-t-il moins faim?
Euh, non.
Il termine l’année en remportant (à nouveau) les championnats du monde à Kigali, les championnats européens, Tre Valli Varesine et sa CINQUIÈME Il Lombardia en autant d’années.
On peut trouver agaçant son immense domination, en particulier sur les grands tours. Mais quel panache quand même.