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À la rencontre des clubs, Actualités, Reportage

BMX QSA, c’est toutte sauf plate !

15-10-2025

Dès le départ, les coureurs ont douze coups de pédale pour prendre la tête avant la série de bosses et de virages.

Véritable vivier de talents, le club BMX QSA s’acquitte avec brio de sa mission : promouvoir l’enseignement et la pratique de ce sport longtemps marginal.

«Riders ready… Watch the gate… » Au son de la voix enregistrée, les huit coureurs se tiennent en équilibre, la roue avant appuyée sur la porte hydraulique. Tendus comme des arcs, les yeux fixés sur les lumières du départ, ils sont prêts à exploser. Un autre moment intense au club BMX QSA. « Tut-tut-tuuut », les signaux sonores se font entendre, les lumières s’allument, la porte s’enfonce dans le sol dans un gros bang !


Les coureurs s’élancent sur la pente descendante. Ils ont douze coups de pédale pour tenter de prendre les devants avant la série de quatre bosses, qu’ils pompent ou qu’ils mannent*. Trois rapides coups de pédale à 120 tr/min avant l’autre série de trois bosses, où certains sautent pour gagner du temps. Deux coups de pédale, et c’est l’immense virage surélevé à 180°, dans lequel il faut jouer du coude pour conserver la meilleure ligne, ou ruser en prenant avantage de la pente pour dépasser. Les sections de pédalage, les rouleaux et les virages s’enchaînent à une vitesse étourdissante jusqu’à la ligne d’arrivée, que les coureurs franchissent gorgés d’adrénaline et d’acide lactique. Cet effort intense aura duré moins d’une minute, c’est pourquoi il importe de peaufiner chaque détail technique.

C’est ce que font les entraîneurs du club BMX QSA en ce mardi soir sur la piste du Campus Notre-Dame-de-Foy à Saint-Augustin-de-­Desmaures, près de Québec. La place grouille de monde. On dirait un essaim de petites abeilles coiffées de casques intégraux et bardées d’équipement de protection aux couleurs fluorescentes. Il y en a des deux sexes et de tous les âges, des tout-petits sur leur vélotrotteur jusqu’aux papas sur leurs cruisers, ces vélos aux roues de 24 po, minuscules comparées à celles des vélos de montagne, mais tout de même plus grosses que les 20 po class utilisées par la majorité. On pratique les départs, les sauts, les habiletés en virage, le pompage dans les bosses. Dans le stationnement, un entraîneur organise le « carré magique » : une dizaine de jeunes doivent circuler dans un espace très restreint, et le premier à mettre le pied par terre est éliminé. Tandis que le groupe s’amenuise, l’entraîneur déplace les cônes et constamment rapetisse le carré. À la barbe des garçons, c’est finalement Léonie qui remporte le Mr. Freeze qui était à l’enjeu.

UNE MACHINE BIEN RODÉE
Une pause permet de regrouper les participants. Dans un joyeux brouhaha, les jeunes se ruent pour obtenir un dessert glacé. Nous en profitons pour piquer une jasette à la présidente du club, Amélie Grand-Maison, qui nous en trace le portrait.

Une quinzaine d’entraîneurs supervisent les entraînements et les compétitions, auxquels participent les 170 pilotes du club, issus de 80 familles. La piste est pas mal occupée. Les lundis sont réservés aux athlètes de haut niveau, les mardis et jeudis aux entraînements du club. Les mercredis, c’est soirée open gate, ce qui signifie qu’on pratique uniquement les départs. Le reste du temps, la piste est ouverte au public. Elle est utilisée par les camps de jour, où certains jeunes du club agissent comme entraîneurs. Fraîchement rénovée et scrupuleusement entretenue, elle offre huit portes, ce qui la rend éligible à recevoir des compétitions majeures, comme cela a été le cas en 2011 avec les Championnats canadiens.

Selon le forfait choisi, les membres effectuent un entraînement par semaine ou deux. On leur demande de faire leur part pour le club, soit une vingtaine d’heures de bénévolat durant la saison. Y a pas à dire, la machine semble bien rodée. Pas surprenant, avec un conseil d’administration en majorité féminin et un exécutif entièrement féminin !

Notre conversation est interrompue par des salutations de la part de quelques vieux de la vieille du vélo de montagne. Mathieu Grenier est un champion de course en canot et de vélo cross-country, mais ses deux fils préfèrent le BMX, alors au lieu de ronger son frein à regarder les entraînements du haut des estrades, il s’est inscrit lui aussi et participe avec ses gars. Même raisonnement pour Olivier Desmeules-Roy, qui accompagne son fils Victor, 9 ans. Les deux hommes se contentent de prendre part aux courses régionales, qui se déroulent ici, quelques fois dans l’été.

Pierre-Luc Benoit, un descendeur et pionnier de l’enseignement des techniques de pilotage, ne tarit pas d’éloges envers le club : « C’est la première année que nous sommes inscrits et j’ai déjà le regret de ne pas avoir commencé avant ! Le club, les coachs, le C.A. sont réglés au quart de tour, et jamais je n’aurais cru que ma fille aurait autant accroché ! Le calibre est incroyablement fort, mais tout le monde est bien respecté, peu importe son niveau. »

19 h 30. Les entraînements reprennent sur les plateaux et se poursuivent pendant plus d’une heure. La piste entière est ensuite ouverte à la pratique libre jusqu’à 22 h, éclairée par les projecteurs. Des coureurs de l’Ouest canadien ont été invités ce soir. Ils disputaient les Championnats canadiens la fin de semaine dernière à Coteau-du-Lac et restent sur place pour la Coupe Canada qui aura lieu à Drummondville dans quatre jours. Nous avons droit à une démonstration impressionnante de puissance, de vitesse et d’habileté alors qu’ils se mesurent amicalement aux meilleurs pilotes du club. Rappelons que trois de ceux-ci, Charles-Édouard Maltais, Émilie Lessard et Justine Beaudoin, ont été couronnés champions canadiens la semaine dernière, tandis que 11 autres pilotes du club sont montés sur les podiums. Ces chiffres prouvent qu’il y a du talent à Québec et que la structure du club est le véhicule parfait pour développer ce talent jusque sur la scène nationale et mondiale.

Le mot de la fin va à Zoé, la fille de Pierre-Luc Benoit, qui est particulièrement fière d’appartenir à BMX QSA, au point de porter son t-shirt de club à l’école. Elle suggère que le club adopte comme slogan BMX QSA, c’est toutte sauf plate !


*Manner : Faire un manual. Verbe essentiel du jargon BMX, dérivé de « manual », cette façon de survoler les bosses en équilibre sur la roue arrière.

Le club BMX QSA en 20 ans d’histoire

Le club fête ses 20 ans cette année. Bruno Vachon, artisan majeur du développement du BMX au Québec, rappelle qu’au début du millénaire, il y avait à Saint-Augustin-de-Desmaures un centre national d’entraînement équipé de quelques sentiers de vélo de montagne, d’un vélodrome et d’une piste de BMX… qui faisait un peu dur. « Par exemple, il n’y avait pas de barrière de départ, à l’exception d’une planche de bois qu’on relevait à la main le temps que les pilotes se placent pour le départ. Quelqu’un donnait
le signal et l’autre lâchait la planche. C’était parti ! »

Bruno Vachon, alors directeur adjoint du centre, a fondé le club en 2004, regroupant une quinzaine de jeunes du quartier. « Le centre national était limité en ressources pour soutenir le démarrage. Il était très difficile d’obtenir du soutien municipal. Les parents allaient donc devoir mettre la main à la pâte. Je ne me souviens pas qu’on ait eu à le demander, ça s’est fait spontanément.

Antoine Daignault était l’un de ces bénévoles acharnés, qui passait des heures à réparer et améliorer la piste sans s’attendre à quoi que ce soit en retour. Il aimait jaser avec les jeunes qui fréquentaient la piste. Un jour, un de ces jeunes a amené son grand-père, qui a été touché de voir Antoine s’impliquer avec autant d’ardeur. Il l’a approché en disant: « Comment puis-je vous aider? » Antoine a répondu : « Il y a des râteaux juste là ! » Le grand-papa a précisé : « Je pense que vous n’avez pas compris. Je suis M. Leclerc. De quelle manière puis-je aider ? »

Le lendemain matin, Antoine Daignault était aux bureaux de Biscuits Leclerc, la plus grosse industrie de Saint-Augustin-de-Desmaures. Le club a ensuite reçu un don substantiel lui permettant d’effectuer des travaux majeurs sur sa piste. »


Reportage écrit en juillet 2024

Photos : Gilles Morneau

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