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Le paysage urbain est souvent synonyme de rues grises où s’enfilent des automobiles stationnées, tel un vaste parking. Et si on y stationnait plutôt des arbres ?
Où faut-il mettre le parking ? Doit-il être de chaque côté de la voie de circulation ou au centre de la rue ? C’est la question qui a été débattue au Congrès des États-Unis en 1870, bien avant la popularisation de la voiture. Mais que garait-on alors à l’époque dans un parking ? Des arbres !
Toutefois, avec la multiplication des véhicules motorisés, les arbres « stationnés » au bord des rues ont été coupés afin d’élargir ces dernières. Depuis, ce sont les automobilistes qui y stationnent leur véhicule. Aujourd’hui, il est courant de voir des rues dénuées d’arbres et garnies de voitures immobilisées. On est bien loin du parking qui accueillait les arbres !
Tout cela est bien beau, direz-vous, mais pourquoi parler d’arbres dans une chronique sur l’aménagement des villes ? Parce que ceux-ci jouent un rôle primordial dans nos déplacements – tout autant que les trottoirs et les panneaux de signalisation.
Une étude de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) parue en 2017 a révélé que, pour un même trajet, un cycliste respire quatre fois plus d’air pollué qu’un automobiliste. Bien que les taux de pollution à Montréal soient heureusement bien en deçà des normes établies par l’Organisation mondiale de la santé, la présence d’arbres dans une rue permet de nettoyer l’air des polluants rejetés par les tuyaux d’échappement et évite à nos poumons d’être envahis par les microparticules. Encore une bonne raison de rouler à l’ombre des feuilles.
Les atouts des arbres sont par ailleurs bien connus : ils rafraîchissent entre autres l’air ambiant grâce à l’évapotranspiration, protègent du soleil tapant et embellissent les rues. La science le confirme : nous avons davantage envie de pédaler ou de marcher dans un lieu attrayant. La verdure contribue largement à ajouter de la beauté dans nos villes.
En matière d’aménagements urbains, les arbres peuvent aussi servir de filtre modal, en bloquant l’accès à une rue à des véhicules plus larges, comme les voitures, tout en permettant le passage des deux-roues. Ce type de configuration décourage notamment les déplacements de transit dans les rues qu’on veut plus calmes – comme les rues résidentielles – et encourage les déplacements en mobilité active. Les résidents, même en voiture, pourront se rendre chez eux en rentrant du travail, mais les personnes qui ne font que traverser le quartier seront incitées à plutôt emprunter les grands boulevards.
Planter un arbre en plein milieu d’une rue est aussi une manière symbolique d’indiquer que la disposition est là pour de bon. Alors qu’on peut assez facilement retirer des bollards ou un bloc de béton, il est bien plus complexe de couper un arbre.
Les arbres présentent-ils des inconvénients ? De toute évidence, pas pour les cyclistes. La prochaine fois que vous roulerez, ayez donc une pensée pour ces anciens « stationnements » très boisés qui bordaient les rues. Où aimeriez-vous en voir pousser ?