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La fabrication d’un mythe

04-07-2019
les forcats de la route

Albert Londres a fait le tour du monde avant de couvrir le Tour de France. L’illustre reporter a tutoyé l’horreur dans des zones de guerre et observé le traitement réservé aux bagnards envoyés aux travaux forcés en Guyane. Le regard qu’il pose sur les forcenés de la Grande Boucle de 1924 n’est pourtant pas empreint du recul ou du léger mépris que l’on soupçonnerait chez celui qui a tout vu.

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Le voilà qui raconte avec empathie, avec tendresse même, la détresse de ces fous de la pédale, lancés sur des routes inhospitalières, en quête d’immortalité. Ce qu’il leur offre, dans ce reportage magnifiquement écrit, teinté d’humour, chaque détail relevé avec une intelligence qui, pratiquement cent ans plus tard, ferait l’envie de la plupart des reporters cyclistes. Le sacrifice, l’aspect dérisoire en même temps qu’héroïque du défi, l’émotion de ceux qui vont au bout d’eux-mêmes et au-delà: l’esprit de Londres saisit tout, et le rend à travers une langue riche, et des images qui ont traversé le temps pour inscrire plusieurs des expressions qu’il emploie dans la mythologie cycliste. On songe à la citation des frères Pélissier qui, après avoir abandonné, déballent leur pharmacopée de survie, lançant leur célèbre «nous marchons à la dynamite». Mais les cruels abandons, les bris mécaniques et les corps qui flanchent, les dizaines de coureurs qui quittent le Tour sans demander leur reste, les corps émaciés qui s’élancent dans la nuit pour parcourir des distances inhumaines: ce sont les scènes que capte Londres et qui nous rappellent qu’à l’origine, le Tour n’était pas une épreuve sportive. C’était un calvaire, un freak show où l’on donnait au peuple des histoires aux proportions homériques, quitte à sacrifier quelques vies au passage.

Les forçats de la route, Albert Londres, chez Arléa

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