Les nouvelles couleurs de l’équipe, devenue NSN Cycling Team.
C’était écrit dans le ciel. Tandis que l’état hébreu se drapait dans son désir de vivre en sécurité (et de venger les terribles attaques sur son sol) pour mieux pilonner le territoire palestinien, la crise débordait jusque dans le monde sportif.
Il faut dire que l’équipe, qui s’appelait alors Israel-PremierTech, a été fondée par le milliardaire québécois, Sylvan Adams, dans le but avoué d’en faire un vecteur de soft power en faveur de sa patrie d’adoption. Seulement, tant pour ce qui concerne les prises de position inflexibles d’Adams pendant le conflit que pour ce qui a trait aux accusations de génocide qui étaient portées contre le pays, Israël est rapidement devenu une marque toxique. Donc insoutenable comme commanditaire d’une équipe.
Des incidents s’étaient produits ici et là. L’équipe avait fourni des maillots anonymisés aux membres de l’équipe pour leurs sorties d’entraînement. Mais pendant la Vuelta, en septembre, des manifestations massives de soutien à la Palestine sont venues mettre à mal la sécurité des coureurs de l’équipe, mais aussi de tout le peloton.
Manifestants sur le parcours, arrivées bouleversées par les protestations, étapes écourtées : chaque journée amenait son lot d’esclandres et tout le monde souhaitait, plus ou moins ouvertement, que l’équipe se récuse et rentre chez elle. Ce qu’elle n’a pas fait.
En parallèle, le coureur canadien Derek Gee a décidé de ne pas honorer son contrat (il ne disait pas pourquoi à l’époque, mais il a ensuite déclaré que c’était pour des motifs politiques et éthiques), une situation qu’on voit très rarement survenir. Un problème qui n’est toujours pas résolu.
Puis, c’est le commanditaire de Rivière-du-Loup, PremierTech, qui a annoncé qu’il allait finalement rompre ses liens avec l’escouade, après avoir signifié qu’il n’était simplement plus possible de naviguer sous pavillon israélien. Tant d’un point de vue éthique que d’affaires.
Le fournisseur de vélos, Factor, s’est aussi poussé. Et finalement, Adams a accepté de se placer en marge.
Mais ce n’était pas suffisant. L’équipe a changé de nationalité (elle est désormais suisse), de nom (NSN Cycling Team) et elle semble désormais s’orienter vers la quête de grandes étapes de sprint lors des Grands Tours avec la signature d’un contrat de trois ans avec l’Érythréen Biniam Girmay.
Dans la foulée, Hugo Houle a quitté l’équipe pour rejoindre celle de Mathieu van der Poel, désormais commanditée par… PremierTech, aux côtés de Alpecin.
On en sait cependant très peu sur la vraie nature de NSN (pour Never Say Never). Lors de la conférence de presse de lancement, à Barcelone, personne n’a voulu parler d’Adams. Le financement de l’équipe (suisse, mais basée en Catalogue, à Gérone) est d’origine plus ou moins claire.
Est-ce une coquille en attendant que Adams se refasse une virginité, ou qu’un vrai commanditaire ne reprenne l’équipe? Le mystère plane.