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Le blogue de David Desjardins

Fin de parcours

27-12-2020

J’aime bien les bilans. Plutôt que de fugaces coups d’œil dans le rétroviseur, ils nous obligent à regarder en arrière et réfléchir à ce qui vient de se produire. C’est encore la meilleure manière d’apprendre. De ses erreurs comme de ses bons coups.

Ce fût une année de surprises, d’imprévus, d’élans interrompus. De nouveautés, nombreuses, quoique le plus souvent indésirées. Mais j’en retiens quelques enseignements qui pourraient bien éclairer ma pratique, comme cycliste, et la rendre plus agréable, durable, et surtout profitable. Parce que, compétition ou pas, je roule pour remplir certains objectifs. Ceux-ci changent et s’apparentent de plus en plus à une quête de sens et de bonheur. Cette étrange année a justement concordé avec plusieurs de ces bifurcations volontaires.

Aller vers l’inconnu

L’être humain est un animal d’habitude. Il a aussi tendance à s’ennuyer. Ce qui est assez… problématique. Je connais pas mal de gros rouleurs qui ont plus ou moins laissé tomber le vélo parce qu’ils avaient abusé de leur propre patience. Toujours à sillonner les mêmes parcours. Toujours à faire les mêmes courses, années après année, avec les mêmes gens.

Un jour, ils se sont réveillés, dégoûtés, et ils ont rangé leur vélo.

C’est le genre de chose qui me fait peur. Tomber en désamour avec le bike. Alors, comme dans le reste de ma vie, je m’arrange pour convoquer un peu de nouveauté, surtout dans les activités -et avec les gens- qui me plaisent . Cette année, le déconfinement estival a concordé avec le développement d’un circuit de sorties en petits groupes sur routes non-pavées. J’y ai découvert des paysages inédits, un versant méconnu de régions qui sont pourtant tout près de chez moi. J’ai roulé plus lentement (un peu), plus longtemps, et surtout dans l’inconnu, ignorant ce que me réservait les prochains kilomètres. Des mois plus tard, j’ai la tête encore remplie d’images inoubliables et de décors splendides.

Prendre le « mauvais » virage

J’ai tenté, avec assez de succès, d’appliquer cette recherche de nouveauté à la route. C’est moins évident. Je déteste prendre mon auto pour aller rouler sur l’asphalte. Une des choses que je préfère de la route, c’est de pouvoir partir de chez moi. J’ai de la chance, dans tous les sens, des parcours magnifiques m’attendent. L’autre problème est j’étais à ce point débordé par le travail et mes engagements familiaux que j’ai eu moins de temps que les années précédentes pour rouler. Donc j’avais du temps. Mais tant que ça pour me perdre.

Je me suis cependant fait un devoir de revoir mes parcours, d’y ajouter des routes inconnues, quitte à jouer les éclaireurs sur Google Maps ou Strava la veille.

La plupart du temps, ces trajets modifiés ne me rallongeaient pas énormément et je me suis rendu compte que je me trompais, autrefois, car si je n’empruntais pas des routes inconnues, c’était justement par crainte de trop m’éloigner et prendre un temps fou pour revenir à la maison. Ce qui ne s’est pas avéré.

J’ai donc découvert des chemins à côté desquels j’étais parfois passé mille fois sans les emprunter. De nouveaux paysages qui m’ont permis d’apprécier autrement mes sorties, de renouveler mon plaisir et d’entretenir la flamme.

Jouer dans le bois

C’est ma fiancée qui m’a ramené au vélo de montagne, il y a quelques années. Muni d’une nouvelle machine, cet été (enfin, 2, si je compte celle, toute neuve, que je me suis fait voler), j’ai vraiment embrassé cette pratique, me levant parfois aux aurores pour aller me faire quelques sentiers avant que la journée de travail ne débute.

À l’aube, dans l’humidité de la forêt qui s’éveille, j’ai vécu des moments de pur bonheur qui m’ont porté jusqu’au bout de journées éprouvantes, chargées en travail et en émotions.

J’ai roulé avec ma fiancée, avec des amis, seul. J’ai croisé du monde en masse, j’ai fait le plein de sourires sans masque. J’ai aussi travaillé ma technique. Je descends plus rapidement, mes virages sont plus assurés, je saute plus haut et plus loin qu’autrefois et d’avoir un vélo parfaitement adapté semble m’avoir donné des ailes.

Je profite de ma forme pour monter vite. Je prends une seconde, en haut, pour embrasser le paysage, puis je dévale avec le couteau entre les dents.

2020 a été une année éprouvante. Mais aussi, de manière inattendue, plutôt inspirante pour le vélo. Parmi les choses qu’elle m’a confirmé, il y a la nécessité de réfléchir à ma pratique, à me fixer des objectifs et à affirmer mes intentions. Je compte faire de même pour l’an prochain. Mais ce fût un si grand bonheur que je n’ose pas changer trop de choses non plus.

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