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Le blogue de David Desjardins

J’aime les vélos.

14-02-2019

Ce n’est pas une histoire d’amour qui remonte à l’enfance.

Les vélos étaient alors un peu comme les représentantes de l’autre sexe : faisant partie de ma vie, sans que j’y prête une attention particulière. Les filles comme les bikes animaient mon quotidien, mes heures de jeu. Ils se contentaient d’être là. Elles: humaines. Eux: objets. C’était tout.

Dans les deux cas, c’est à l’adolescence que le déclic s’est produit. Et je me souviens avec précision de mes premiers émois sexuels comme de la découverte des charmes jusque-là insoupçonnés de la bicyclette.

Si cela fait de moi un fétichiste, ainsi soit-il.

Je suis amoureux du vélo. Polyamoureux, même : j’aime LES vélos. Tous. J’en veux toujours de nouveaux, de plus beaux. Et si je pouvais (lire : si j’en avais les moyens), je collectionnerais aussi les vieux. Je me donnerais volontiers à des roues d’expérience.

Cela fait-il de moi un bien vénal matérialiste? Ça se discute.

Mon désir pour les objets est essentiellement une affaire cycliste. Pour le reste, les choses ne m’intéressent pas trop. Même les bouquins, une fois lus, sont le plus souvent donnés, échangés ou revendus. Je me fiche des vêtements, les meubles ne m’émeuvent guère. Je ne parle même pas de mon auto, affectueusement surnommée « la poubelle ».

Mais j’aime les bikes. De trail, de route, d’enduro, de chrono, de gravel, de cyclocross, de ville, nouveaux, anciens, d’alu, de carbone ou d’acier, ils me fascinent. Leurs formes, leurs peintures, leur rutilante mécanique. J’aime même les Bixi et autres engins de location sur lesquels je file dans des villes étrangères que je découvre à la vitesse que me procure mon coup de pédale. Je m’arrête souvent, en marchant, pour mater les vieilles bécanes déglinguées, fixées à des poteaux, auxquelles il manque une ou deux roues. Je les trouve attachantes. Je voudrais les ramener chez moi et les remettre en ordre, parfois.

Le concept de décroissance ne connait qu’une exception chez moi, vous devinez laquelle. J’ai toutes les misères du monde à ne pas en acheter une nouvelle chaque année, et pire encore, à me départir d’anciennes montures. Mon Rocky Mountain Blizzard, acheté du temps où je travaillais chez Mont Vélo (en 1998, très précisément), repose depuis des années dans le garage. Ma blonde me supplie de le donner, de le refiler à Vélo Vert. Je ne m’y résigne pas. Sa carcasse en tubes Reynolds abrite d’innombrables souvenirs de mes belles années de vélo de montagne, du temps de mon insouciante jeunesse.

Le vélo est à la fois bijou et écrin. Superbe vaisseau dans les cales duquel sont rangées tous mes carnets d’aventures. Parce que je ne marche pas, je ne randonne pas, je cours à peine et n’y prend qu’un plaisir bien mitigé. Pour moi, jouer dehors est une affaire essentiellement cycliste. Mes vélos me font rouler, planer, voyager. Ils me gardent en forme. Me permettent d’escalader les montagnes et de les dévaler. J’en rêve la nuit. Ils me gardent parfois éveillés, l’esprit porté par le fantasme.

J’aime les vélos, oui. Comme un fou. Avec passion.

En ce jour de St-Valentin, donc, où il est de bon ton de conspuer le remplacement de gestes d’affection quotidiens par de ponctuels chocolats, du resto ou autres produits douteux du sex shop, que la vaste majorité qui se plie à cette injonction commerciale se rassure :

L’amour s’achète bel et bien.

Monté en Super Record, de préférence.

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