Après des années à branler dans le manche, j’ai adopté le fatbike et voudrais en faire le plus souvent possible. À condition de m’en trouver un.
Il n’est pas dans ma nature de voir le bon côté des choses. Je suis plutôt fermement ancré dans l’autre versant de l’observation du cours des jours. Celui qui fait voir le proverbial verre à moitié vide, voire aux trois-quarts.
Il reste qu’en ces temps où l’on a soif de tout, et en particulier de rapports humains et de liberté, celle de sortir, d’aller dans les bois et de croiser du monde en pratiquant un sport extérieur parait avoir séduit un bassin d’adeptes en explosion si on croit les ventes d’articles de plein air et l’achalandage dans les centres sportifs.
Et donc que, s’il faut trouver du bon à ce qui se produit en ce moment, on peut se réjouir de voir tant de gens qui renouent avec l’air frais.
Je n’y échappe pas. Après des années à dire que je pouvais bien me contenter d’en louer un quelques fois par hiver, j’ai décidé de m’acheter un fatbike.
Conversion lente
Oui, j’ai des skis neufs. Oui, j’aime encore ce sport de glisse que je peux pratiquer facilement, près de chez moi. Mais j’avais envie de plus encore. D’avoir une occasion supplémentaire de sortir dehors, mais aussi de la ville, que je parcours à la course tout l’hiver jusqu’à me saouler de mes trajectoires prévisibles. Et oui, j’ai encore l’intention de m’entraîner à l’intérieur pour maintenir mes acquis et préparer ma saison.
Mais j’ai aussi envie du plaisir solitaire ou en groupe d’aller dans le bois, de pédaler, de descendre. Et je veux avoir la liberté de décider à la toute dernière minute d’embarquer mon vélo dans l’auto et aller me faire une heure de fat. Ce qui, à Québec, est d’une épatante facilité avec la proximité de centres très développés comme E47 et les Sentiers du moulin. Sans oublier le Mont Sainte-Anne.
Il y a dans le fat une dimension ludique que je ne retrouve que dans le vélo de montagne l’été, et encore. Ce sport de condition est drôle, donne droit à l’heure, oblige un pilotage unique de même qu’une maîtrise du positionnement du corps et du pédalage afin de conserver de la traction dans des conditions plus difficiles. Et lorsque lesdites conditions s’avèrent idéales, on connait alors des moments d’excitation et de joie que même le froid qui vous mord les mains, les pieds et le visage ne parviennent à tempérer.
Braquages, contre-braquages. Défis de traction où l’on doit déplacer son poids à l’endroit parfait et tenir une cadence qui n’est ni trop rapide ni trop lente. Découverte des limites de la bête. C’est comme si je réapprenais à conduire un vélo.
Enfin, mon accès d’enthousiasme pour le sport provient de l’amélioration constante des différents réseaux. La machinerie est de plus en plus sophistiquée et l’expertise des responsables de l’entretient s’affine chaque année, promettant aux utilisateurs des conditions qui s’avèrent désormais passables, même lorsque tout conspire contre celles-ci.
En ligne, comme tout le monde
Ceci dit, mon bel engouement devra prendre son mal en patience et attendre l’hiver prochain : il n’y a plus un seul vélo nulle part, ou presque. Je me suis donc mis en ligne pour la prochaine fournée, repérant désormais les météos les plus froides pour me louer une machine, consacrant les journées plus clémentes au ski.
Les hivers ne seront plus jamais les mêmes. La pandémie nous aura redonné le goût d’être encore plus souvent dehors et aura, je le crois, donné le véritable élan à cet esprit de nordicité que notre recherche de confort rend élusive.
À force de patauger dans négatif des tests positifs, je ne cesse de chercher le bon côté des choses dans cette période trouble. Tout le monde n’est pas emmuré chez soi, nous pouvons jouer dehors. Le verre est à moitié plein de neige.