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Le blogue de David Desjardins

La ronflante bio de Sagan

26-04-2019
Peter Sagan biographie

Image: Velopress

La biographie de Peter Sagan est d’un ennui mortel. Une entreprise de relations de presse qui n’a aucun ressort, aucun style. Ne perdez pas de temps à la lire, je l’ai fait pour vous, et je vous la résume.

J’aime bien Peter Sagan. Il m’a parfois tapé sur les nerfs, à ses débuts. Mais j’aime son style, son indépendance dans le peloton, son intelligence de course, ses aptitudes de pilotage et son panache.

Mais bon, ce n’est pas exactement le plus dégourdi des interlocuteurs. À sa défense, les questions des journalistes sont loin d’être toujours édifiantes. Et disons-le : on ne comprend à peu près rien lorsqu’il s’exprime dans cet anglais impressionniste qui est le sien (pour l’avoir rencontré avec ses coéquipiers à l’époque de la Liquigas, son italien parait nettement plus fluide).

Sa bio, c’est donc un peu le produit d’une longue entrevue qui n’a jamais eu lieu ou presque, mais prudente, consensuelle, et passée à travers le fin tamis des relations publiques.

Bref : c’est plate en chien. Et assez mal écrit.

Quand même quelques bonnes idées

La construction du livre est pourtant astucieuse : trois sections recouvrent les 3 années où il a remporté ses championnats mondiaux, avec quelques chapitres enchâssés ici et là comme des digressions qui nous font revenir dans le passé (l’enfance de Peter, en vitesse accélérée, ses débuts sur la route, ses premiers succès presque immédiats) ou servent à faire le portrait de son agent, son soigneur, son frère, Oleg Tinkov ou les proprios de Bora et Hansgrohe qui financent son actuelle escouade. Tout cela en faisant reluire un peu tout le monde.

Les morceaux les plus intéressants sont les reconstitutions de fins de courses, le déroulement à la seconde près des derniers mètres des championnats mondiaux, la description du parcours, les motifs qui l’ont poussé à faire ceci ou cela, le menant à la victoire (ou à la défaite, selon les événements relatés).

Ses facéties de fins de courses, il les explique aussi. De même que sa propension à faire des paris avec son entourage sur l’issue des compétitions. Ceci expliquant parfois cela.

Sinon, il est plutôt intéressant d’entrer dans la tête du coureur pour comprendre ses plans de saisons, comment il les construit, pourquoi il s’entête à faire une course, un grand tour et pas l’autre, selon ses ambitions, ses objectifs, son niveau de forme. Mais ce n’est rien qu’on n’aurait pas appris en entrevue s’il s’y adonnait avec un minimum de bonne grâce. Et peut-être aussi, un interprète.

Pour le reste… Oh que c’est lisse. Pas un mot de travers sur personne. Même dans l’affaire de son exclusion du Tour, alors que l’on a bien pu voir qu’elle était parfaitement injuste. Il ne parvient pas à élever le ton. Ni à faire vraiment rire ou verser dans quelque fantaisie qui soit.

Presque aussi mauvais que son printemps

On a le sentiment, tout au long, qu’un attaché de presse dicte le contenu de ce long communiqué, bien foutu sur le plan de la forme, mais presque vide sur le fond, et totalement dénué d’âme.

C’est le comble, quand on songe qu’on a ici, peut-être, le plus intéressant coureur cycliste de son époque. Mais bon, Eddy Merckx était encore plus nul pour se raconter, et c’est encore le plus grand.

Mieux vaut laisser Sagan parler sur la route, où il transforme une course en fête (sauf peut-être ce printemps). À l’écrit, parmi le lot des nombreux excellents livres sur le cyclisme, il traîne très loin derrière le peloton.

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