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Le blogue de David Desjardins

L’intime est universel

25-08-2019

Il faut parfois savoir lâcher prise et juste faire les choses pour le plaisir.

Seconde partie de deux sur le vélo et la vie, le plaisir parfois soluble dans la performance et les excès de la vertu qui mènent aux troubles de santé mentale.

Vous êtes gentils, savez. J’ai reçu une douzaine de messages au moins. La plupart se résumaient à : ça va, t’es sûr?

Des lecteurs et quelques amis venaient le lire mon précédent article de blogue où je racontais ma déprime. Du bike et du reste. Ou enfin, d’une sorte d’accumulations de choses que cherche toujours à faire bien, trop bien, ce qui me prend une énergie considérable. Je ne suis pas surentraîné non plus, n’ayez crainte. J’ai rarement aussi peu roulé que dans le dernier mois.

J’ai traversé une drôle de passe, mettons. Un rappel de ma vulnérabilité que j’ai su reconnaitre.

Mais je viens de faire deux raids de vélo de montagne (Raid Bras-du-Nord, Raid Vélo Mag) et une étape du Quebec Singletrack Experience dans la joie, malgré quelques problèmes que je raconterai ici en partie, et dans le détail dans un article de Vélo Mag qui paraitra la saison prochaine.

Est-ce que je voulais être compétitif, comme d’habitude? Ben oui, toi. Mais je me suis amusé quand même. Comme un petit fou.

Juste pour le fun

J’achève tout juste de lire un article à propos de la Suédoise Jenny Rissveds. Elle vient de remporter la coupe du monde en cross country à Lenzerheide après un long hiatus pendant lequel elle a dû combattre un trouble alimentaire sévère et une dépression. L’entrevue est touchante, et surtout vraie : Rissveds y expose la tristesse que lui inspirent nos obsessions de richesse et de célébrité, de performer toujours en tout, de capoter sur l’image, les réseaux sociaux. Elle a nommé son équipe 31 : une référence à l’article 31 de la charte des droits des enfants du l’ONU. Il y est dit que tous les enfants devraient avoir le droit de jouer, de s’amuser, de participer à des activités artistiques.

Et dans une certaine mesure, nous sommes tous des enfants. Nous avons besoin de nous amuser, de faire des choses sans but, sans objectif, sans contrainte. Et sans culpabilité!

Ça m’a fait réaliser qu’à part quelques blockbusters stupides que je regarde pour me divertir, je ne fais pas grand-chose pour le simple plaisir de le faire. Je veux toujours aller plus vite, être meilleur, plus fort, signer le texte qui attirera l’attention, épater mes clients, faire plaisir à tout le monde et accepter toutes les invitations. Je lis des livres importants, qui me nourrissent. Je regarde des films « de qualité ». Des œuvres.

Et le poids de tout cela, même mon activité favorite ne peut m’en décharger entièrement lorsque je n’ai plus la force de le porter, parce que ma vie à plein régime, faite d’intensité en tout, m’épuise. Puis, à un moment donné, le bike, au lieu de me prémunir d’une fatigue qui se transforme en tristesse, se met à faire partie du problème.

C’est cela que je racontais l’autre jour. Avec le désir de rappeler qu’au-delà des belles histoires que j’écris sur le vélo, il y a aussi toutes sortes de « jours sans ». Des trous noirs. Des nuages qui s’amoncelles dans le ciel de nos vies, comme dirait Michel Rivard. Que derrière l’éthique du travail bien fait, la volonté d’être impeccable et l’accumulation des obligations auxquelles nous nous soumettons, il y a un versant sombre. Il faut savoir le voir venir. C’est pas toujours évident. D’autant qu’on ne parle jamais assez de santé mentale et que la moindre défaillance est taboue.

Un trou dans les nuages

Il y a quelques jours, je suis allé rouler avec mon ami Bob. Nous sommes descendus le long du fleuve puis avons remonté dans les terres entre St-Augustin et Neuville. On a jasé de tout et de rien, on n’a même pas essayé d’aller vite. Je suis revenu avec le sourire, et j’ai écrit quelques lignes dans Word pour ce billet. Parce que, comme pour la très vaste majorité de celles que je traverse, c’était une bonne journée. Et c’est quand ça va bien qu’il faut réfléchir aux mauvaises, ce qui les cause. Ce que je viens de faire ici, et dans le billet précédent, en souhaitant que d’autres s’y reconnaissent.  Sans effet de style ni de grande finale. Juste ça. Un bout de vie et du bicycle. L’intime est presque toujours universel.

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