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Le blogue de David Desjardins

Pourquoi je contreviens au code de la route

24-07-2020

Photo par Ross Sneddon sur Unsplash

Je sais, les cyclistes sont techniquement tenus au respect scrupuleux du code de la route. D’autant que, c’est bien connu, nous ne payons pas de taxes pour l’entretien des chemins (oui, ceci est du sarcasme), alors aussi bien se tenir tranquille.

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Le truc, c’est que les routes et les règlements qui en régissent l’usage sont souvent conçus comme les pistes cyclables que l’on commande à des gens qui ignorent comment c’est de rouler sur un vélo : par des gens qui conduisent des autos, pour nuire le moins possibles aux autos. (C’est ainsi qu’on accouche encore annuellement d’un bout de piste qui rencontre, d’un seul bord de la route, avec des autos qui vous frôlent en sens inverse et vous obligent ensuite à traverser la rue pour retrouver le côté du sens du trafic.)

Muni de mon armure de peau, de lycra, et parfois de coton si je commute en ville, je ne me sens pas toujours gros dans mes shorts (de jeans) sur la route, coincé entre un F150 (la « voiture » la plus vendue au Québec) et la chaîne de trottoir, confiné à un corridor de quelques centimètres, criblé de trous, parcouru de fentes traitresses, constellé de bouches d’égouts qui s’enfoncent jusque dans les abîmes du bitume ayant subi les affres du gel-dégel.

Si bien que j’ai appris, avec le temps, un peu de lectures et la bénédiction de quelques pontes du cyclisme urbain, que certaines pratiques délinquantes sont préférables au respect scrupuleux du code lorsqu’il s’agit de préserver mon intégrité physique.

En voici des exemples.

Brûler une rouge

Au coin d’une rue, partir en même temps que la file des autos qui attend que la lumière vire au vert est un cauchemar pour tout le monde. À commencer pour moi. Toutes les autos sont agglutinées, celles à l’arrière ne voit pas ce qui s’en vient plus loin (moi), celles qui veulent me dépasser n’ont pas l’espace pour le faire : soit d’autres véhicules les accompagnent dans une seconde voie, à leur gauche, soit d’autres s’en viennent en face et ont reçu la permission de traverser l’intersection au même moment. Alors je me fais frôler pas toute une série d’automobiles dont les conducteurs ne me voient qu’à la dernière seconde.

En faisant preuve de prudence, si je traverse sur la rouge, après m’être assuré qu’il ne vient aucun véhicule dans la voie perpendiculaire, je me dégage du trafic, et au moment où celui-ci me dépasse, tout le monde a pris ses aises, a le temps et l’espace entre les véhicules pour me voir venir et me dépasser sans avoir à ralentir ni me frôler. La fluidité du trafic est aussi améliorée du même coup.

Donc, avis aux petits flics du volant autoproclamés qui me klaxonnent : c’est aussi pour vous que je fais cela.

Ziguezaguer entre les véhicules à l’arrêt

La lumière est rouge. Tout va bien jusque là. Les autos m’ont laissé de la place en masse pour m’avancer le long du trottoir à mesure que j’approche de l’intersection. Sauf les deux derniers. Complètement collés sur le bord, parfois légèrement engagés vers la droite, prêts à virer. Il m’arrive de me placer derrière eux, le plus simplement. Mais c’est parfois compliqué. Alors, je les contourne et me place devant eux pour m’assurer qu’ils me voient. Pour y parvenir, je dois les dépasser par la gauche, donc entre les lignes de voitures à l’arrêt.

Je le fais prudemment, sans prendre de chance, et en m’assurant d’être vu de toutes et tous. Par la suite, il se peut que je commette le crime de lèse-code de la route susmentionné. Ou pas. Mais quand les voitures, par exemple, sont déjà à moitié engagées pour virer à droite, ou qu’il y a un virage à droite au feu rouge autorisé, c’est pas mal plus prudent de le faire ainsi.

Entre la possibilité d’un ticket et mon cul, je choisis le second.

Faire mon stop à l’américaine (manière Idaho)

Une des choses que les automobilistes ignorent souvent, c’est qu’on ne démarre pas à vélo comme on le fait en auto. Les défenseurs de la vertu à tout prix voudraient bien me voir mettre le pied à terre à tous les carrefours, mais soyons réalistes et honnêtes une minute :

  • Qui respecte vraiment toujours la limite de vitesse en auto?
  • Qui attend trois secondes à tous les arrêts dans tous les sens en auto?
  • Qui a vraiment envie d’attendre que j’arrive le premier, attende 3 secondes, prenne quelques secondes encore pour repartir, puis finalement libère la voie?

Donc, l’idée, c’est d’améliorer la fluidité du trafic. Mais aussi de m’assurer que je ne me ferai pas foncer dedans. Y compris par des autos qui virent sans trop faire attention: je vous assure que ça arrive TRÈS souvent. Je m’immisce donc aux carrefours avec prudence, je ralentis considérablement, prêt à m’arrêter en une nanoseconde au besoin, je vérifie que tout est beau en me levant, debout sur les pédales, d’où j’ai une vue panoramique des alentours, puis je dégage.

J’évite de me retrouver au milieu des autos, je conserve la capacité de me déplacer rapidement au besoin, ou de freiner, pour assurer ma sécurité, et du même coup, je libère la route. Tout le monde devrait être content. Non?

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