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Le blogue de David Desjardins

Tour de France Femmes : Le triomphe de Pauline

05-08-2025

Tour de France Femmes avec Zwift 2025 – Étape 9 – Pauline Ferrand-Prevot (Visma Lease a Bike)

Dimanche, 3 août. Pauline Ferrand-Prévost est au sommet. Au propre comme au figuré.

La Française de 33 ans a remporté de manière triomphale la 4e édition du Tour de France Femmes. Seule en tête, au sommet de la dernière difficulté de la dernière épreuve, elle a franchi la première la ligne à Châtel / Les Portes du Soleil, une station de ski de Haute Savoie.

Une deuxième victoire d’étape en deux jours.

Ferrand-Prévost avait annoncé qu’elle se donnait trois ans pour remporter le Tour. Cette année était la première. C’est bouclé. Déjà. Et avec panache!

Elle avait presque tout gagné sur route, en cyclocross et en vélo de montagne (dont les Olympiques, à Paris, dans cette dernière discipline). La voici maintenant qui soulage en quelque sorte la France du malheur qui l’afflige sur le Tour de France que pas un Français n’a remporté depuis Bernard Hinault. C’était il y a 40 ans.

Mais oublions les hommes. Ce Tour de France Femmes n’a pas à subir de comparaison. Il est le symbole de l’évolution stratosphérique du cyclisme féminin des dernières années. On y trouve tout ce qu’il faut pour construire de grands récits sportifs, y compris des engueulades entre directeurs sportifs, des psychodrames, des rivalités, et des « histoires cendrillons » qui se transforment parfois en citrouille.

Parlant de ça, outre la grande victoire, les deux étapes de PFP, et deux autres avant pour Maëva Squiban, une autre Française, c’est la déconfiture de l’Australienne Sarah Gigante qui est la grande histoire de ce Tour.

Pas la défaite de Demi Vollering, ou celle de Kasia Niewiadoma-Phinney, précédemment championnes, qui complètent le podium du classement général?

Noui, d’accord. Ajoutons que si elles sont là, et pas complètement hors du portrait, c’est parce que la jeune Gigante, 24 ans, s’est effondrée à la dernière étape. Elle était seconde avant le départ. Elle termine sixième après avoir perdu du temps presque partout, pas seulement dans le dénivelé négatif. Mais c’est beaucoup là que ça s’est joué.

J’ai fait le col de Joux-Plane, où elle a été lâchée. C’est technique et nécessite beaucoup de concentration. Vollering et Niewiadoma sont de solides descendeuses. Avec son manque de confiance qui ajoute à son manque d’expérience, la superbe grimpeuse de chez AG Insurance-Soudal n’avait aucune chance.

Il faut dire que la jeune femme lit aussi toutes les méchancetés qui se disent à son sujet dans les réseaux sociaux. A-t-on idée…

On peut bien penser tout le mal du monde de ses aptitudes à haute vitesse, mais faut-il pour autant aller l’écrire en ligne? Apparemment, oui. Vous devriez essayer d’envoyer vos méchancetés à vos amis en messagerie privée, gang. C’est moins bon pour faire reluire votre ego de gérant d’estrade, mais ça épargne celui de personnes qui vous ne connaissez pas et qui, malgré leur talent parfois discutable, vous rincent probablement de haut en bas et de bas en haut dans un col comme celui-là, ou le Corbier, qui venait juste après.

Je souhaite à la jeune femme un autre camp d’entraînement de descente. Et un autre encore. Qu’elle prenne du pic, de la confiance, et qu’elle fasse taire les braves connards qui se cachent derrière l’écran de leur cell. Vos gueules, les mouettes.

Cocorico, merci Pauline!

En attendant, la France bombe le torse avec raison. Pauline Ferrand-Prévost est l’héroïne qu’il lui faut. Fière sans trop en faire. Pugnace. Intelligente, surtout. Dans ce Tour de France Femmes où les rivales du classement générale se sont beaucoup observées, parfois trop, elle a pris son temps et attendu son heure. Celle-ci est venue samedi, dans le Col de la Madeleine où elle a pulvérisé la compétition. Le bon coup, au bon moment.

Il parait qu’elle avait reconnu le col à plusieurs reprises, qu’elle en connaissait chaque petite parcelle, chaque raidillon. Je n’ai pas de misère à le croire. Ferrand-Prévost a l’habitude des épreuves de montagne : là, une fine connaissance du terrain peut changer l’issue d’une course de manière dramatique.

Mais ce sont avant tout les jambes qui ont fait la conversation. Ou plutôt le monologue. Seule en tête, Pauline a étendu les bras, victorieuse. À part les perdantes, tout le monde était content. Y compris les téléspectateurs, présents dans un nombre record pour l’épreuve, cette année.

Le coup de pouce qu’il fallait pour donner un nouvel élan à cette course qui est désormais le pendant du Tour masculin, en cela qu’il sert lui aussi de vitrine spectaculaire au cyclisme féminin.

En fait, c’est ingrat de dire que cette victoire console la France, comme je le faisais plus haut. Ce triomphe n’est pas une sorte de victoire morale. C’est une apothéose, pour une grande championne, une fierté nationale qui fait honneur à l’épreuve-reine de la saison. Point barre.

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