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Le blogue de David Desjardins

Une bien triste communauté cycliste

27-11-2019

Photo: Chris Lawton (Unsplash)

J’ai longtemps rejeté l’idée qu’il existe une « communauté cycliste ». Je me rends cependant à l’évidence : non seulement elle est bien réelle, mais elle se manifeste de la plus tragique et déprimante manière qui soit.

J’ai un problème avec le concept de « communauté cycliste ».

Faut dire que j’ai de la misère avec l’idée de communauté en général, ayant l’impression de partager trop peu avec mon prochain.

Voyons les différentes définitions du terme :

  • État, caractère de ce qui est commun à plusieurs personnes : Une communauté de biens, d’intérêts.
  • Identité dans la manière de penser de plusieurs personnes : Une communauté de vues.
  • Ensemble de personnes unies par des liens d’intérêts, des habitudes communes, des opinions ou des caractères communs : Communauté ethnique, linguistiques.
  • Ensemble des citoyens d’un État, des habitants d’une ville ou d’un village.

(Tiré du site du Larousse)

Bref, chaque fois que je croise un « yahou » qui roule tout croche, à l’envers du trafic, tenant deux sacs d’épicerie, sur un vélo qui n’a pas de freins, je me demande ce que nous pouvons avoir en commun, lui et moi. Rouler sur un vélo est-il suffisant pour faire partie d’une communauté de gens qui font pareil? Je roule par plaisir et passion. Pour d’autres, c’est seulement une manière plus pratique de se déplacer. Même parmi les coureurs et autres enragés de ma sorte, il y a tellement de manières de faire, de points de vue divergents, de pratiques, d’éthiques et d’usages que là encore, j’hésite à parler d’une identité commune. Et je ne vois pas trop ce que je partage avec les praticiens d’un cyclisme essentiellement utilitaire, ou alors qui se fait de manière antisportive, à la vitesse idéale pour se pencher et cueillir les marguerites sans descendre de selle.

Tous des victimes?

Bref, l’idée m’agace. Elle me parait absurde. Et puis je lis cet article sur les préjugés à l’encontre des cyclistes qui perdurent, surtout chez moi, à Québec. Si bien que la ville va investir près de 2M$ dans une campagne de sensibilisation.

Et je me dis que la seule chose qui nous rassemble, finalement, c’est notre vulnérabilité.

Je déplore les comportements complètement aberrants de cyclistes urbains, de sportifs qui ne peuvent souffrir le moindre ralentissement et n’ai rien en commun avec bien des adeptes de la lenteur extrême. Je ne suis pas de la gang des BMX ou des fixie ou des beach cruisers. Mais en même temps, nous sommes tous à la merci des automobiles. Nous roulons, tous, à un texto de la mort. Nous subissons le même mépris d’une caste de gens qui ne possèdent qu’une auto, croyant que c’est en fait la route qui leur appartient.

Nous ne sommes pas vraiment une communauté d’intérêts. À moins de le voir ainsi : nous sommes un groupe de victimes potentielles, de par l’utilisation d’un même moyen de déplacement en territoire hostile.

Finalement, j’aurais préféré ne faire partie d’aucune communauté, comme je le croyais au départ. La communauté cycliste existe, mais elle est atrocement déprimante. Et révoltante, aussi.

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