La pumptrack, ou l’art de maîtriser les virages
Ma première rencontre avec une véritable pumptrack remonte à la Coupe du monde de vélo de montagne au mont Sainte-Anne en 2007. Ça a été une révélation ! J’ai tout de suite adoré éprouver la sensation de filer d’un virage à l’autre, ressentir l’énergie qu’on peut générer sur une piste si compacte. J’étais accro. C’est donc avec un grand bonheur que je vais décrypter pour vous le phénomène pumptrack.
Même si la présence d’athlètes professionnels me démontrait toutes les possibilités que donne cette infrastructure, c’est l’aspect inclusif d’une pumptrack qui m’a réellement conquis. Les pumptracks sont généralement situées dans des endroits propices au rassemblement et adaptées aux utilisateurs de tous les niveaux, offrant à chacun un plaisir sans pareil.
Mais qu’est-ce qu’une pumptrack, ou piste à rouleaux ou à vagues, selon l’Office de la langue française ? Il s’agit d’un circuit court et sinueux composé de bosses et de virages, conçu pour être parcouru sans pédaler. Les cyclistes exploitent le mouvement de leur corps pour générer de la vitesse, en pompant (le pump de la track !) avec leurs bras et leurs jambes sur les bosses et dans les virages.
À CHACUN SON STYLE
Bien que les pumptracks soient toutes des enchaînements de bosses et de virages, leur construction varie énormément. Ces pistes existent en différentes tailles, et elles comportent habituellement un revêtement de terre, de poussière de pierre ou d’asphalte.
Les pumptracks en terre ou en poussière de pierre sont plus économiques à réaliser. Leur principal avantage réside dans leur surface naturelle, aisément remodelable pour répondre aux besoins des utilisateurs, procurant ainsi une expérience proche de celle de sentiers de vélo de montagne travaillés mécaniquement. Ces pistes conviennent parfaitement dans le cas d’un projet qu’on veut simple et abordable. De nombreuses ressources en ligne sont disponibles pour guider qui veut entreprendre une telle réalisation. J’ai moi-même bâti une piste dans ma cour arrière, et le coût s’est limité à un chargement de terre jaune et à mon temps pour mener à bien la construction.
Les pumptracks recouvertes d’asphaltes nécessitent un financement initial plus important mais assurent une durabilité incomparable. Leur surface lisse diminue la résistance au roulement, favorisant l’adhérence des pneus. Cette caractéristique permet à davantage d’usagers d’en profiter, tels que les utilisateurs de planches à roulettes, de patins à roues alignées et de trottinettes. Les pistes asphaltées sont idéales pour des municipalités cherchant à mettre en place des infrastructures inclusives dont les coûts et la fréquence d’entretien sont réduits au minimum.

Les pumptracks asphaltées ont le mérite de durer plus longtemps et d’offrir peu de résistance au roulement.
POUR QUI, POURQUOI ET COMMENT ?
Les pumptracks offrent un environnement sûr et amusant pour une variété d’utilisateurs. Que ce soit en vélo de montagne, en BMX, en skateboard ou en trottinette, tous peuvent en profiter et accroître leurs compétences. Les pistes sont conçues avec soin dans l’intention de poser des défis peu importe le niveau : un enchaînement de bosses peut par exemple être roulé par un novice et utilisé comme un saut par un pilote aguerri.
Pratiquer sur une pumptrack améliore considérablement les compétences en matière de maîtrise du vélo. On perfectionne sa technique de virage, sa capacité à déplacer son centre de gravité ainsi que son aptitude à générer de la vitesse avec le terrain et à exécuter des sauts. Après quelques tours réussis sans donner le moindre coup de pédale, on commence à lire le parcours différemment. La fluidité deviendra naturelle et on sera surpris par la vitesse à laquelle on complétera les tours de piste. Soyons cependant prévenus : c’est physiquement beaucoup plus exigeant qu’on pourrait le penser. Sur une pumptrack, tout est condensé. C’est comparable à un entraînement par intervalles. Non seulement on améliore rapidement sa technique grâce à la répétition des mouvements, mais on effectue un entraînement complet, autant musculaire que cardiovasculaire.
La plupart des compétences acquises à la pumptrack résultent de la mémoire musculaire et de la pratique. Une fois maîtrisées, ces compétences deviennent instinctives en sentier. On commence alors à être en mesure d’accélérer sur les bosses naturelles et à mieux négocier les virages. On a la sensation de ne faire qu’un avec le sentier, atteignant un nouveau niveau de fluidité dans le pilotage.
Pour ma part, je fréquente souvent la pumptrack en début de saison, car on peut y rouler bien avant l’ouverture des sentiers ; cela me permet de retrouver de bonnes sensations sur le vélo. Au cours de l’été, j’y retourne au moins une fois par mois.

Ce genre de structure accueille une variété d’utilisateurs de tous les âges et de tous les niveaux.
UNE EXÉCUTION EFFICACE
Quatre éléments techniques sont à retenir pour de premiers tours de piste réussis :
- Utiliser le mouvement du corps pour tirer et pousser sur le guidon tout en exerçant et relâchant la pression sur les pédales, afin de générer de l’énergie qui propulse vers l’avant sans avoir besoin de pédaler.
- Maintenir son poids centré au-dessus du vélo. Garder les genoux et les coudes légèrement fléchis afin d’absorber les chocs et de rester stable sur la piste.
- Fixer son regard sur la trajectoire désirée, de façon à anticiper les virages et à ajuster sa position en conséquence.
- Incliner son corps et son vélo dans les virages tout en tournant les hanches en direction du virage dans le but de conserver une trajectoire fluide et efficace.

Le centre de plein air écotouristique Empire 47 a été l’un des premiers a proposer une pumptrack conçue par Velosolutions.
DES RÈGLES À SUIVRE
Lorsqu’on utilise une pumptrack, il est important de se conformer à certaines règles afin d’assurer la sécurité et le plaisir de tous les utilisateurs. Voici une brève liste de recommandations :
- Porter un équipement de protection – au minimum un casque et des gants.
- Respecter les autres utilisateurs : laisser suffisamment d’espace et éviter les manœuvres dangereuses ou imprévisibles.
- Garder la piste propre.
- Être conscient de son niveau de compétence. Débuter par les sections faciles et progresser graduellement.
- Annoncer sa présence : avant de rejoindre la piste ou de dépasser d’autres utilisateurs, faire un signe de la main ou adresser un signal vocal dans le but de manifester son intention.
- Aller dans le sens de la circulation ; si la piste a un sens de circulation défini, s’assurer de le suivre afin de prévenir les collisions.
- Ne pas bloquer la piste.
