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Québec, Reportage

Club cycliste féminin : Explorer la ville avec les Fines Garnottes

18-04-2023

© Jonathan B. Roy

Dans chaque édition, notre collaborateur Jonathan B. Roy part à la rencontre des membres des clubs de vélo.

Quatorze filles sont déjà rassemblées à l’ombre du monument de sir George-Étienne Cartier, au pied du mont Royal. Seul représentant masculin, j’ai bénéficié d’un passe-droit pour accompagner l’éclectique groupe des Fines Garnottes le temps d’une soirée.

© Jonathan B. Roy

Si quelques-unes roulent avec des bolides de gravelle en carbone, la plupart arrivent directement du travail sur des vélos urbains pourvus de sacoches de cyclotourisme. Marie-Pierre Savard, qui a cofondé, deux saisons auparavant, ce club informel 100 % féminin, explique le parcours. « Nous allons nous rendre à la croix du mont Royal par le chemin Olmsted, dit-elle, redescendre vers Westmount, suivre le sentier de la falaise Saint-Jacques et longer le canal de Lachine sur la terre battue. » En plein cœur de Montréal, plus de la moitié de notre itinéraire est non asphalté.

Nous entamons rondement le dénivelé annoncé de 370 m en serpentant sur la gravelle du chemin Olmsted. Le groupe se mélange allègrement. « C’est ma troisième sortie avec les Garnottes, me raconte Stéfanie Vermeersh, souriante. J’ai longtemps hésité avant de rouler avec un groupe, je n’aime pas trop la compétition. Mais ici, c’est franchement inclusif. » Comme pour lui donner raison, Marie-Pierre attend le groupe en haut, près du lac aux Castors, et compte les participantes afin de s’assurer que toutes sont présentes. Une autre cofondatrice, Ana Izquierdo, ferme la marche en visant le même objectif.

Chacune à son rythme

Chloé Théberge roule 12 mois sur 12 à Montréal, à son rythme. « Les clubs à vitesse déterminée ne me tentaient pas, m’explique-t-elle. Je me suis jointe aux Fines Garnottes à cause de Marie-Pierre. » La plupart des filles y sont pour la même raison. Plusieurs ont été inspirées par ses exploits au féminin. Marie-Pierre Savard a sillonné le Québec et Terre-Neuve par leurs chemins de traverse, a roulé seule au Kirghizistan et a franchi la première, en 2022, les 800 km du Log Drivers’ Waltz, une course qui se déroule en Ontario et en Outaouais. Malgré son impressionnante feuille de route, la trentenaire est pédagogue et sait motiver les participantes. Au sommet d’une descente particulièrement abrupte et rocailleuse qui nous amènera à Westmount, elle distribue encouragements et conseils sur le positionne – ment et les tracés à suivre.

© Jonathan B. Roy

Julie Barnabé roule toujours sur le même vélo et change ses roues selon le club. « Je passe de 28c à des pneus plus larges de 38c quand je viens ici ! » Violaine Fortier, quant à elle, est tombée en amour avec le vélo après avoir gagné un abonnement à Bixi. « Ça a changé ma vie, admet la bibliothécaire. Je suis plus heureuse au travail de – puis que je m’y rends en pédalant. » Et elle se joint régulièrement au groupe depuis qu’elle a assisté, à Vélo Québec, à une conférence de Marie-Pierre sur sa traversée de Terre-Neuve en bikepacking. « J’espère pouvoir aller à la prochaine longue sortie en forêt, ajoute-t-elle, pour en apprendre sur les feux, l’eau potable, et savoir me diriger en sentier. »

En plus des sorties mensuelles en ville, les Fines Garnottes proposent quelques itinéraires plus longs durant l’été, incluant deux fins de semaine de camping. Peu importe leur calibre, la majorité des participantes m’ont dit avoir gagné en confiance auprès du groupe. « Parce qu’on n’est pas dans la performance, dit Myra Lemelin, et qu’on sait qu’on ne sera jamais lâchée. »

La campagne en ville

© Jonathan B. Roy

Munis de systèmes d’éclairage, nous nous enfonçons dans les broussailles de la falaise Saint-Jacques. Malgré la proximité de l’autoroute 20, j’ai l’impression d’être projeté en pleine campagne. Le sentier garni de racines prend une autre forme dans la noirceur. « C’est mystique ! » s’exclame Chloé. « Ma section préférée », lance une autre. « Une expérience exotique, en ville, à ma portée », poétise quant à elle Suzanne Bolduc.

À la sortie du bois, nous attendons que le groupe se reforme avant de nous élancer vers le canal de Lachine. « Le vélo de gravelle urbain nous permet de découvrir une tout autre perspective sur la ville. Nous avons l’impression d’être ailleurs », énonce avec confiance Marie-Hélène Blouin, qui pratique aussi le vélo de route et le cyclocross.

« Avec les Fines Garnottes, ce ne sont vraiment pas les kilomètres qui comptent, résume Marie-Pierre. Nous établissons un itinéraire, mais nous nous adaptons, nous corrigeons le tir selon les conditions. » « Nous faisons face à l’adversité ! » ajoute solennellement Julie Barnabé. Celle qui est plus habituée à pédaler sur le bitume dit avoir été ce soir surprise par certaines sections plus techniques. « Mais je suis fière d’avoir transformé l’inconnu en expérience positive », avoue-t-elle avec un grand sourire.

Quel que soit le parcours de la Petite Garnotte mensuelle, la sortie se termine au bar Messorem, dans Verdun. Nous n’avons que 30 km au compteur, et j’ai pourtant l’impression de revenir de voyage. À la lueur de nos éclairages, dans les boisés et les sentiers cachés de l’île de Montréal, c’est un voyage qui coupe la semaine en deux, à quelques pas de chez soi.


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