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Destinations

À la poursuite du maillot à pois

23-02-2017
megantic

Souvenir d’une fin d’étape au Tour de Beauce : les coureurs sont au pied du mont Mégantic après un peu moins de 170 km de course ; dans quelques secondes, ils vont vivre une épique et souffrante fin d’étape de montagne. Oh, que je la comprends, sur mon vélo, cette souffrance ! Ce n’est pas pour rien que la Route des sommets, dans la région de Mégantic, est estampillée « pour grimpeurs seulement ». Ce secteur des Cantons-de-l’Est, moins connu des cyclistes, a tout pour satisfaire les amateurs de longues côtes qui n’en finissent pas.

Ils m’attendent de pied ferme, ces amateurs de maillot à pois. Portant fièrement le maillot bleu du club local Les Montagnards, ils ont à cœur de montrer qu’en matière de relief, ils ont toute la préparation nécessaire. Nous partons de Piopolis, sur la rive ouest du lac Mégantic. Ce nom étrange cache une origine fort particulière : c’est en effet que des zouaves pontificaux ont hérité de ces terres estriennes au milieu du XIXe siècle, en reconnaissance de leur loyauté envers le pape Pie IX.

Le quai et sa marina sont le point de rendez-vous de la ville. Une boucle finissant à Piopolis peut même clore votre périple par une baignade dans le lac. Mais nous n’en sommes pas là.

Le modeste peloton glisse vers Saint-Augustin-de-Woburn sur la route 263. Pas de grande circulation, une route en bon état. Tout va bien. Nous commençons à chatouiller les premières déclivités en virant vers Notre-Dame-des-Bois. Ici, pas de secret, le relief, on le prend de face, sans fioritures, en filant tout droit plutôt qu’en tricotant dans des lacets sans fin. C’est dur pour les mollets, agréable pour la vue. Virage à droite vers la route du Parc. Un peu plus loin, bifurcation sur la gauche : toujours la route du Parc. C’est là qu’il faut décider si on s’attaque au mont Mégantic et à son voisin, le mont Saint-Joseph.
Les héros du Tour de Beauce s’affrontent ici, alors pas d’hésitation, et pas question de passer à côté. Il reste un peu plus de 5 km avant d’atteindre le sommet à 1105 m. Comme nous sommes aux alentours de 600 m, faites le calcul : il reste 495 m de dénivelé à gravir.

Cela donne un méchant pourcentage moyen. D’autant plus que les trois premiers kilomètres se font en ligne droite. Mon GPS a lui aussi les chiffres dans le plafond. Il m’indique des 13 et même quelques 18 %. À la bifurcation entre le mont Saint-Joseph et le mont Mégantic, la pente nous accorde un léger répit avant d’entamer les premiers lacets qui montent enfin jusqu’au sommet. Des vrais lacets, pentus et tournant comme en montagne. Le dôme de l’observatoire pointe son nez, une courte ligne droite. Ouf. Je me souviens de Miguel Martinez, gagnant de la troisième étape du Tour de Beauce. Les coureurs arrivaient épuisés et frissonnants, et ils n’avaient qu’une seule hâte : se mettre à l’abri et redescendre. Quant à nous, nous préférons prendre le temps de regarder le paysage en allant derrière le dôme du télescope. Les montagnes environnantes sont couvertes d’une dense forêt résineuse. Peu de trace d’activités humaines. On comprend que la pollution lumineuse plutôt rare favorise l’observation du ciel. L’effort en valait vraiment la peine.


Un gars de montagne au sommet du mont Mégantic

Miguel Martinez est plus connu pour son doublé réalisé en vélo de montagne en 2000 : Championnat du monde et Jeux olympiques. Par la suite, il a réorienté sa carrière sur le bitume, au grand plaisir de son père, un ancien participant au Tour de France. Sa conquête du mont Mégantic fut une de ses plus belles victoires sur la route. Membre de l’équipe du Vatican Amore & Vita, il a eu en quelque sorte un coup de main papal pour se hisser, le premier, au sommet de la montagne.

La descente doit se faire piano piano en raison de l’état de la route. Si escalader les 5 km exige une bonne demi-heure, à peine quelques minutes suffisent à faire la route dans l’autre sens. Au bas de la montagne, des étoiles sur le bitume rappellent que l’endroit est avant tout le site d’un astrolabe.
De retour sur la route du Parc, puis à gauche sur la route Chesham vers Val-Racine, où quelques maisons se voisinent en direction de Piopolis, et nous retrouvons le lac. C’est le moment de rincer cuissard et cycliste, nous adonnant de même coup à un des plaisirs de la journée.

La route du granit

Je prends la roue de mon ami Richard, qui me fait goûter à une partie de la Route des sommets. Côté dureté, celle-ci pourrait tout aussi bien s’appeler la Route du granit. À partir du lac Mégantic, un petit bout sur la route 161 un peu fréquenté, puis cap à tribord vers Sainte-Cécile-de-Whitton. Encore là, le relief peut s’avérer costaud. Une route étroite nous mène à la Maison du granit. Outre la découverte du patrimoine minier, un sentier de randonnée grimpe jusqu’au sommet du morne de Saint-Sébastien, cette montagne de granit de 824 m qui offre une magnifique vue sur l’entièreté de la région.
En rejoignant la route 263 vers Saint-Sébastien, je ressens une impression de déjà-vu. La route est plutôt large, et le regard porte très loin devant, en haut de l’interminable côte. Fidèlement, chaque année, le Tour de Beauce emprunte ce parcours. Notre peloton coloré a pour sa part tout le loisir de contempler la suite : de longues montées suivies de longues descentes.

À Saint-Sébastien, nous nous devons de faire une petite pause. Dans le but premier de reprendre son souffle, ensuite d’admirer la belle descente qui nous attend. Amateurs de vitesse, c’est dans ce type de côte que vous pouvez faire sauter votre odomètre. La route est droite et à pourcentage élevé…

À Lambton, virage à gauche vers Stornoway, coup d’œil sur le Grand lac Saint-François, puis nous longeons le parc national de Frontenac. Sur l’ensemble du parcours, nous croisons quelques forêts de pins, des terres cultivées, des champs de foin et de multiples routes de gravelle qui se perdent dans le paysage. Un gravel bike aurait ici un superbe terrain de jeu tant les chemins de traverse sont envisageables ! De Stornoway, nous reprenons la route 161 vers Lac-Mégantic.

Deux jours sont à peine suffisants pour découvrir les trésors de la région de Mégantic. Pour ma part, je me souviendrai de la cordialité des gens du coin (merci, Richard, André et le club des Montagnards), des côtes à n’en plus finir suivies de descentes vertigineuses, des routes pas trop passantes, sans oublier la quiétude du lac Mégantic en fin de journée. Ce secret bien gardé mérite d’être découvert par les aficionados du maillot à pois. Ne vous privez surtout pas de le mettre au programme de votre été.

 

Repères

Hébergements
Au Vaillanbourg, gîte gourmand, à Notre-Dame-des-Bois
Pas mal tranquille, particulièrement de la terrasse arrière qui jouit d’une perspective extraordinaire sur les monts Mégantic et Saint-Joseph. De belles grandes chambres aux meubles aux couleurs de la maison centenaire. Que dire de la bouffe, sinon que les légumes bio proviennent du jardin et que les produits locaux sont à l’honneur ? Le titre de gîte gourmand lui sied comme un gant !
auvaillantbourg.com

Auberge Au soleil levant, à Piopolis
La localisation proche du lac et de la marina fait du lieu le meilleur endroit pour tout savoir sur ce qui se passe à Piopolis. On aime particulièrement la terrasse qui donne directement accès à la rue et à la vue sur le lac.
aubergeausoleillevant.ca

Auberge et chalets sur le Lac, à Frontenac
L’endroit porte bien son nom tant on est proche de l’eau et de toutes les activités nautiques, en outre du spa et de la piscine. Côté bouffe, le restaurant Le C apitaine Provost offre l’option terre et mer.
aubergesurlelac.qc.ca

Parcours
Boucle en partant de Piopolis
Saint-Augustin-de-Woburn, Notre-Dame-des-Bois, mont Mégantic, Val-Racine, Piopolis.
74,6 km, 1564 m de dénivelé positif et 1452 m de dénivelé négatif.

Boucle en partant de Lac-Mégantic
Saine-Cécile-de-Whitton, Saint-Sébastien, Lambton, Stornoway, Nantes, Lac-Mégantic.
92 km, 1209 m de dénivelé positif et 1188 m de dénivelé négatif.

Rendez-vous sportifs
Tricoté avec soin par les gens du Tour de Beauce, le Granfondo Lac-Mégantic offre, le 18 septembre prochain, trois parcours dans la région. Le plus long grimpe jusqu’au sommet. Info : granfondolacmegantic.com

Concocté par une gang de bénévoles, le Grand Tour du lac Mégantic fête cette année ses 25 ans. Deux parcours sont proposés : 33 km et 53 km. Info : gtlacmegantic.com

La Route des sommets
Une trentaine de villages se sont réunis pour dessiner un parcours frôlant les 200 km. Au menu : des sommets, des paysages et encore des sommets.
routedessommets.com 

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