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Destinations, Hors-Québec, Reportage

Bikepacking : Aventure à vélo au cœur de la Floride

13-11-2023

© Marie-Pierre Savard

Notre collaboratrice se sentait fébrile juste à l’idée de repartir à l’aventure après la pandémie. Comme premier voyage, elle a choisi une destination accessible et pas trop déstabilisante : la Floride.

En cherchant des itinéraires répertoriés sur le site bikepacking.com (en anglais), j’ai été inspirée par la boucle Huracan 300, un tracé de près de 600 km de vélo d’aventure en plein centre de la Floride. Loin des plages, des parcs d’attractions et des snowbirds, je trouvais intéressante l’idée de partir dans la forêt floridienne, un type de boisé qui ne m’était pas familier. Tester mes limites en vélo de montagne avec les alligators et sur les routes de sable serait donc mon défi.

J’ai pris l’avion jusqu’à Orlando et, de là, j’ai roulé une cinquantaine de kilomètres pour rejoindre le circuit officiel, qui ne passe par aucune grande ville de la Floride. Au total, j’ai mis sept jours pour faire la boucle dans le sens antihoraire.

© Marie-Pierre Savard

Le parcours de Singletrack Samurai

Le Huracan 300, c’est l’œuvre de Karlos Bernart, mieux connu sous le nom de Singletrack Samurai, un créateur d’itinéraires de vélo hors route basé en Floride. Chaque année, il propose une version révisée et vérifiée du tracé, avec plein de points d’intérêt pertinents comme des campings, des épiceries, des points d’eau potable, etc. Pour la tranquillité d’esprit que cela procure et le gage de qualité, j’ai effectué un don d’une cinquantaine de dollars, tel que suggéré, afin d’obtenir la mise à jour GPS de ce fameux tracé.

Le circuit, dont 60% sont non asphaltés, avec plus de 160 km en sentier, présente un dénivelé total de 2500 m. Il est aussi composé de routes forestières, de chemins abandonnés et de pistes multifonctionnelles, le tout niché au sein d’écosystèmes variés et verdoyants. En compagnie d’une faune surprenante, peuplée d’alligators, d’ours, de serpents, d’oiseaux et de tortues, le trajet n’est vraiment pas plate… même si c’est très plat!

© Marie-Pierre Savard

Vélo passe-partout et bagages poids plume

Comme je m’attendais à des routes sablonneuses et à des pistes de vélo de montagne, j’ai choisi de rouler avec le Panorama Taïga EXP, une monture que je savais fiable, confortable et passe-partout. Pour les pneus, mes tubeless WTB Ranger 2,25 po m’ont assuré une bonne adhérence et m’ont menée jusqu’à l’arrivée sans crevaison. En matière de bagages, j’ai pu voyager léger grâce à la belle température printanière floridienne : ni imperméable, ni gros sac de couchage, ni vêtements chauds. Puis, pour un court voyage comme celui-ci où il y a amplement de points de ravitaillement, je n’ai pas transporté de réchaud.

Or, c’est bien beau vouloir être légère, je ne m’attendais pas à l’être au point de devoir dormir dans une tente pour enfant! Au départ de Montréal, après la fouille de ma boîte de vélo, le douanier n’a pas remis les arceaux de ma tente dans mon sac de cadre. Ils se sont perdus durant le transport jusqu’à Orlando. Quand je me suis aperçue qu’ils manquaient, je me suis précipitée au magasin de plein air le plus près. Tout ce que j’ai trouvé, avec un volume et un poids raisonnables, ça a été… une tente rose pour enfant à 20$ US! Étonnamment, j’y ai assez bien dormi, en diagonale, mais une chance que je ne mesure pas un centimètre de plus, car ça n’aurait pas fonctionné.

© Marie-Pierre Savard

Dénivelé modeste, mais pas si facile

On peut croire qu’avec un aussi petit dénivelé, la randonnée serait facile, mais non. Le Huracan 300 est de calibre intermédiaire/avancé et nécessite un vélo adapté au hors-route. En fonction du moment de l’année, les difficultés peuvent varier, comme le niveau d’eau, la chaleur, voire la période de reproduction des animaux. Pour moi, les plus grands défis ont été les traversées de cours d’eau. J’ai cependant été chanceuse, ayant eu à traverser seulement une rivière (de l’eau à la poitrine) et quelques marécages peu profonds. Le hic, vu le nombre d’alligators croisés en début de parcours, et avec toutes ces affiches mentionnant leur présence, la simple traversée d’un ruisseau peut devenir un grand défi personnel !

Ensuite, j’ai pédalé sur des routes sablonneuses sur plusieurs dizaines de kilomètres, ainsi que sur des sentiers de vélo de montagne qui présentaient différents degrés de difficulté. Je n’étais pas surprise, puisque je m’étais bien renseignée sur le tracé et je savais dans quoi je m’embarquais. Par contre, les 50 km à virailler dans le réseau de sentiers Croom MTB m’ont paru un peu longs et difficiles à suivre. C’est là où un vélo de montagne m’aurait bien servi.

Une dernière difficulté rencontrée (même si j’ai une bonne expérience dans le domaine) a été de me repérer sur le chemin. Entre les pistes de vélo de montagne et les sentiers pédestres peu entretenus, sans oublier ceux pour l’équitation, c’est facile de se tromper et de s’enliser dans un secteur de sable presque mouvant! Heureusement, grâce à mon GPS et aux cartes téléchargées sur mon téléphone, j’étais outillée et je ne me suis jamais sentie perdue. La majeure partie du parcours est proche de la civilisation ; à part une centaine de kilomètres entre deux points de ravitaillement, dans le Green Swamp Wilderness Preserve.

© Marie-Pierre Savard

Les incontournables

Au deuxième jour de mon aventure, je me suis retrouvée à rouler dans l’aire de restauration du lac Apopka, tout juste à l’ouest d’Orlando. C’était impressionnant d’observer autant d’espèces d’oiseaux et d’animaux sur un aussi petit territoire. Par contre, voir une vingtaine d’alligators sur autant de kilomètres m’a légèrement déstabilisée…

Environ 13 % du circuit longe le Marjorie Harris Carr Cross Florida Greenway, un long corridor vert suivant le projet inachevé du canal transfloridien. Le Greenway est bien aménagé pour les loisirs. On y trouve toutes les installations pour faire du vélo de montagne, de la randonnée et de l’équitation. Au cœur de ce corridor, je me suis arrêtée au camping Shangrila, le point de départ officiel du Huracan 300, où les chevaux domestiques sont les bienvenus. Les gens arrivent avec leur gros véhicule récréatif aménagé pour le transport de chevaux, puis passent leur journée à explorer les environs avec leurs bêtes. Lors de mon passage, un vendredi soir, une atmosphère festive, conviviale et très western y régnait. C’était du jamais-vu pour moi, un camping horse friendly !

Un des secteurs les plus compliqués du parcours se trouve autour du Farles Prairie Recreation Area, soit une dizaine de kilomètres dans les buissons et les hautes herbes marécageuses où le sentier est plutôt inexistant. C’était l’un de ces moments où je me suis demandé dans quoi je m’étais embarquée, mais malgré le sentiment de désespoir, ça en valait la peine, car, arrivée au bout de cette petite brousse, est apparue la forêt nationale Ocala, avec en prime la zone de bombardement Pinecastle de la US Navy. J’ai pédalé 20 km sur un ruban de sable orangé qui se déroule à l’infini, loin de tout signe de vie. Sachant ce qu’il y avait autour, je me sentais dans un épisode de X-Files.

© Marie-Pierre Savard

La Floride,  parfois inconfortable, mais jamais ennuyeuse

Dans ce voyage, j’avoue m’être quelquefois sentie décalée du mode de vie floridien. Leur façon, parfois intense, de démontrer leurs croyances et allégeances, les nombreux sacs de plastique qui se donnent encore dans les épiceries, ou les véhicules surdimensionnés sur les routes… toutes ces choses me font ressentir un certain malaise. Par chance, sur ce parcours, j’étais souvent loin de cette réalité.

Malgré tout, pas une seule journée je me suis sentie ennuyée par le tracé du Huracan 300 : tropical, sablonneux, mais surtout forestier, avec des arbres majestueux. J’ai aimé la variété des terrains empruntés, la quantité et la qualité des singletracks, la tranquillité des lieux et la faune exotique. Puis, la Floride n’est pas trop loin ; c’est facile de s’y rendre par un vol direct sans se ruiner. Et la température au printemps y est parfaite. On a accès à de magnifiques campings aménagés partout dans l’État. Ce circuit est aussi une bonne destination en début de saison cycliste, car le faible dénivelé n’exige pas nécessairement une grande forme physique. Si vous parcourez le Huracan 300, je suis certaine que vous verrez la Floride d’un autre œil.

© Marie-Pierre Savard

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