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Chaudière-Appalaches, Destinations, Québec

L’abondance est dans le pré

08-10-2025

Si le relief de Chaudière-Appalaches est plutôt discret près de l’eau, plus on s’enfonce dans les terres, plus on devine quelques petits massifs au loin, vers le sud. La MRC de Lotbinière, à mesure qu’on s’éloigne des ponts, offre quant à elle une vue imprenable sur le fleuve, et la succession de vergers qu’on y découvre témoigne d’une prolifique culture de fruits et légumes.

Au moment d’entamer ce parcours, nous connaissions un gros épisode de smog, alors la décision de fuir le centre-ville allait de soi. J’ai rapidement dévalé la côte Gilmour pour rejoindre la promenade Samuel-De Champlain, gravi la côte Ross, puis tourné sur la piste menant directement au pont de Québec.

Après avoir quitté la structure métallique du pont, dès que je suis arrivée sur la route Marie-Victorin, j’ai été frappée par la quantité importante de fermes. Je n’avais jamais remarqué que les cultures maraîchères et fruitières étaient si riches sur le littoral sud. Cette incursion dans la région de Lotbinière, entre ses petits villages ancestraux et ses champs généreux, a de quoi nourrir la panse de tout cycliste qui s’y aventure.

D’ailleurs, moyennant un petit détour vers une bleuetière sur le chemin Vire-crêpes, parallèle à la route 132, vous pouvez même déguster une crème glacée molle à base de bleuets fraîchement cueillis. Comme ce parcours est majoritairement plat, il est facile de se mettre en mode contemplatif, et je me suis mise à compter le nombre d’entreprises de fruits et légumes. Perdue dans mes pensées, j’ai pédalé machinalement les 20 kilomètres suivants au gré du fleuve miroir, à peine visible au loin. Je vous assure que la vue dégagée en vaut vraiment la peine !

Arrivée près de Saint-Antoine-de-Tilly, au 35e kilomètre, je me suis permis une petite bifurcation vers le village, histoire de prendre une pause de la circulation et d’admirer quelques habitations ancestrales colorées. Si l’envie vous prenait de casser la croûte plus longuement, c’est dans ce village que se trouve l’excellente crêperie Du côté de chez Swann. Que vous soyez amateur de Proust ou non, vous y trouverez une atmosphère intemporelle et vivrez une riche expérience gustative dès que vous avalerez votre première bouchée de crêpe.

Il faut absolument bifurquer vers Saint-Antoine de-Tilly pour admirer les maisons ancestrales colorées.

En reprenant la 132, il faut être attentif pour ne pas manquer la montée sur votre gauche, pour accéder au premier arrêt brassicole : La Confrérie. Rassurez-vous, l’intense degré d’inclinaison de la pente à gravir est proportionnel à la satisfaction que vous ressentirez en accédant à la terrasse de la microbrasserie. Je suis immédiatement tombée sous le charme de l’aménagement au pied des pommiers. C’est si intime que j’aurais voulu y passer tout l’après-midi afin de profiter de l’esprit rassembleur qu’évoque le nom de la micro. Pour moi, ce 39e kilomètre était le moment idéal pour me ravitailler.

Je me suis donc laissé tenter par un bretzel géant directement sorti du four. J’ai agencé ce choix judicieux avec une pinte de savoureuse stout aux framboises. N’étant pas une amatrice de bières fruitées d’ordinaire, j’accepte de faire exception à la règle quand il s’agit de bières foncées. Ce nectar velouté est parfaitement équilibré, entre des notes de malt grillé et une finale légèrement acidulée qu’on doit à l’ajout de framboises.

Bretzel sorti du four et stout aux framboises à La Confrérie

Clin d’œil brassicole

L’envie d’une bonne pilsner désaltérante se fait souvent sentir en période estivale. Consommée en grande quantité dans plusieurs pays, cette bière d’origine allemande fait aussi partie de la famille des lagers, mais attention, toutes les lagers ne sont pas nécessairement des pilsners. C’est une bière de soif fermentée à basse température, qui arbore une robe blonde et claire. À mon sens, les meilleures pilsners sont celles ayant des saveurs très florales, qui me donnent l’impression de boire une bouffée de trèfle combinée à une sublime saveur de miel.

À boire et à manger

En plus des nombreux endroits où vous pouvez faire de l’autocueillette (fraises, bleuets, raisins, pommes, etc.) en bordure de ce parcours, celui-ci relie quelques fromageries, dont celle de la ferme Phylum, tenant lieu aussi de casse-croûte, et la très renommée Fromagerie Bergeron.

Du côté de chez Swann
La crêperie Du côté de chez Swann propose un menu qui s’articule autour de différentes déclinaisons de la crêpe bretonne : crêpes repas, crêpes desserts et crêpes dites estivales. Cet établissement sert aussi de délicieuses bières, pour l’instant brassées dans une microbrasserie voisine, L’Ironie du 13. À déguster sur place : la Brune aux marrons, une brown ale anglaise légèrement sucrée, s’apparentant à une scotch ale.

La Confrérie
À La Confrérie, les bières aux fruits sont à l’honneur, et on s’intéresse aux cultures émergentes comme la camerise, le kiwi rustique et le schisandra dans le but de créer des assemblages uniques ajoutés aux brassins lors de la fermentation. Soulignons aussi que les brasseurs prennent soin d’utiliser le plus possible les fruits qui poussent à même les champs du verger, tout en s’approvisionnant de malts et houblons locaux. Un arrêt parfait pour les cyclistes, puisque même si on y sert quelques grignotines, dont le fameux bretzel géant, l’établissement permet d’apporter son lunch. À déguster sur place : Pépé la prune, une porter bien équilibrée entre l’acidité des prunes et le malt grillé.

Oxymore
La microbrasserie Oxymore vise la production de bières 100 % locales tout en revisitant certains classiques de partout dans le monde, mais avec des ingrédients de proximité et de la MRC de Lotbinière. Au moment de mon passage, les propriétaires venaient tout juste d’obtenir leur permis de terrasse. Un aménagement extérieur plus grand et plus convivial était sur le point d’être construit. À déguster sur place : la IPA américaine, présentant une belle robe cuivrée et un côté résineux.

Direction sud
Ayant désormais perdu le compte des vergers, c’est avec l’estomac heureux que j’ai repris la route. Plus que deux bornes sur la route 132 avant d’entrer dans les terres, vers le sud, pour me diriger vers Saint-Gilles. Les routes de gravelle étant nombreuses dans ce coin, je déguste une courte section de 2,5 km de gravier. N’ayez crainte, même en vélo de route, les cailloux ne sont pas trop tranchants. Et le mode contemplatif est toujours de mise ; c’est si calme qu’on se sent seul au monde.

Je rejoins rapidement le chemin des Plaines, puis la route 273, qui traversera les villages de Saint-Apollinaire et de Saint-Agapit. Si la circulation est plus dense sur cette artère, l’accotement est large et le bitume est d’une si belle qualité qu’on peut rouler jusqu’à Saint-Gilles sans trop se rendre compte des véhicules qui passent.

C’est au 75e kilomètre, au bout d’une petite route donnant sur d’immenses champs, que je découvre la microbrasserie Oxymore, abritée sous un modeste bâtiment de tôle, où on m’a chaleureusement accueillie. Les propriétaires de la microbrasserie maîtrisant beaucoup mieux l’art de l’oxymore que moi, ceux-ci ont pris soin d’étendre la figure de style jusqu’aux noms de leurs brassins, qu’ils ont baptisés « nouveaux classiques » et « éternels éphémères ». Le verre de scotch ale que j’y ai dégusté était délicieux, avec un goût équilibré, sucré à point, sur une douce amertume caramélisée. Sa couleur foncée cadrait parfaitement avec l’atmosphère plutôt sombre de la journée et, malgré ses 8 % d’alcool, cette bière était vraiment désaltérante. Pour demeurer dans les figures de style, je me suis pressée lentement et j’ai savouré calmement ma consommation, assise à la table à pique-nique.

Retour via la piste cyclable
Dans la chaleur du jour, après m’être bien rafraîchie, j’ai pris le chemin du retour, enfilant 10 kilomètres sur la route 269 Nord, pour ensuite me laisser descendre sur la piste cyclable du Grand Tronc. J’adore ce corridor cyclable durant les canicules, car, en plus d’être plus large que les pistes habituelles, il est majoritairement situé sous un couvert forestier, assurant toujours fraîcheur et calme. Traversant plusieurs rivières et marais, la piste est bordée par des haltes soigneusement construites à intervalles réguliers, parfaites pour se reposer ou prendre le temps de manger une bouchée.

Je rejoins finalement la route des Rivières, qui me ramène au pont de Québec après quelques zigzags sur le tronçon de voie cyclable en bordure de la route, s’apparentant à une piste de BMX. Puis je rentre à Québec par le même chemin, tracé entre le boulevard Champlain et le fleuve Saint-Laurent.

 

Photos : Geneviève Healey

Fiche technique

• Longueur : 115 km

• Dénivelé : environ 700 m

• Revêtement : 98 % asphalte, 2 % gravelle

• Vélo et pneus recommandés : vélo de route doté de pneus de 28 mm et plus

Pour voir le parcours, c’est ici !

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