© Raphaël Sévigny
Pour certains, les lettres SM signifient sadomasochisme. Pour d’autres, elles évoquent le mont Saint-Mathieu, destination préférée des amateurs d’enduro de la Mauricie et d’ailleurs. À bien y penser, ces deux mondes se rejoignent parfois, surtout quand les pistes se nomment Cuisse de feu, Sauterie ou Jean veut plus.
Le Mont SM (à ne pas confondre avec le mont Sainte-Marie, en Outaouais) est situé à 10 minutes de voiture au nord de Shawinigan et à 10 minutes de l’entrée du parc national de la Mauricie. Cette station de ski a été construite dans les années 1960, puis fermée au début du siècle. Elle a ensuite accueilli des Coupes Québec de vélo de montagne, et est revenue à la vie grâce à un projet touristique axé sur l’enduro. On y compte maintenant pas moins de 20 km de sentiers destinés à une clientèle de calibres intermédiaire et expert. Le réseau est judicieusement organisé autour de trois sommets et d’une plaque tournante appelée Le Hub.
Porte d’entrée du réseau, le sentier T-Bar grimpe de 100 m sur 2 km, ce qui est très raisonnable. Il aboutit au sommet 1, point de départ des pistes les plus faciles, incluant la populaire C-Line, une piste de sauts inspirée de ce qui se fait dans l’Ouest canadien. C’est large, fluide, prévisible, en plus d’être sécuritaire, avec uniquement des sauts de tables, et l’endroit tout indiqué où parfaire ses habiletés en vol.
El Transito nous amène du sommet 1 au sommet 2, d’où part la New School, une piste de calibre avancé à l’usage exclusif de sauteurs expérimentés. La Alléluia, ancien parcours de la Coupe Québec, ainsi que la Old School partent également de là. Les masochistes éprouveront beaucoup de plaisir à se faire brasser dans ces deux sentiers joliment raboteux.
Le sommet 3 donne accès à la fameuse Black Slabbath – quelle appellation plaisamment choisie ! –, une piste abrupte où se succèdent quatre belles slabs de granit. C’est aussi le départ de la Gullyvair, l’une des deux pro lines du centre, qui demande une parfaite maîtrise de son vélo dans les airs afin de survoler les nombreux sauts de fossé. La Gullyvair ressemble à la Nosferatu de Empire 47, en plus court et en plus naturel, l’ajout de passerelles n’ayant pas été nécessaire. L’autre piste réservée aux pros s’appelle Pousse pas ta luck. Elle porte bien son nom, car on affrontera avec prudence ses seuils impressionnants.

© Judicael Aspirot
Sur le plateau en haut de la montagne, quelques pistes typées cross-country permettent de se délier les jambes et de circuler d’un sommet à l’autre. Il faut essayer la Castor all-dressed, qui nous tient en haleine grâce à des passages sur roches et des seuils exigeants. Si le défi est trop relevé, on empruntera un sentier parallèle plus facile nommé Petit Castor.
À la base de la montagne, un parc d’habiletés donne la possibilité de se faire la main sur des lignes de plus en plus difficiles. L’après-vélo se passe près du chalet d’accueil, où un espace sympathique regroupe les cyclistes autour d’une boisson ou d’un lunch de source locale, avec vue sur la pump track et les sauts au bas des pistes.
Le vélo de montagne se porte bien en Mauricie, et l’avenir nous réserve encore plus de ces sublimes sentiers, conçus de main de maître par les artisans locaux.