Publicité
Destinations, Québec

Sur les pistes de la Montérégie

14-04-2022

Dans un réseau de pistes cyclables étoffé, je visite un ancien fort, m’abreuve d’un cidre festif, monte sur un hippopotame vert lime et joue du piano au bord de l’eau. Bienvenue en Montérégie !

Notre petite boucle de deux jours débute à Saint-Jean-sur-Richelieu. En quelques coups de pédale, notre trio de mousquetaires rejoint la rivière Richelieu – nommée en l’honneur du célèbre cardinal –, laquelle coule vers le nord du lac Champlain jusqu’au fleuve Saint-Laurent.

De là, nous embarquons sur la charmante piste cyclable du canal de Chambly, un mélange de sections en poussière de pierre et de sections bitumées. Entre notre point de départ et le bassin de Chambly, le dénivelé plus prononcé du Richelieu a forcé, dans les années 1830, la construction d’un canal parallèle sur une vingtaine de kilomètres. Nous le suivons à vélo en traversant les neuf écluses, dont huit sont encore contrôlées manuellement par les employés de Parcs Canada, pour le plus grand plaisir des nombreux plaisanciers.

Le long de la piste bordée de fleurs sauvages mauves, roses, jaunes et blanches, nous croisons plusieurs panneaux historiques. En raison de l’importance stratégique de la rivière qui reliait la Nouvelle-France à la Nouvelle-Angleterre, plusieurs fortifications militaires ont été érigées sur ses berges. Sur l’île Sainte-Thérèse, la plus grande de la rivière, quelques cordes tendues entre des piquets rappellent les formes du fort éponyme en bois, construit en 1665.

Un fort préservé

Face au bassin de Chambly, formé par un élargissement de la rivière Richelieu, nous arrivons devant le plus imposant de tous ces anciens forts, celui de Chambly.

Notre jeune guide, Alexia, une étudiante souriante et passionnée d’histoire, nous apprend qu’au début du XVIIIe siècle la quatrième et dernière itération de ce fort a été construite en pierre plutôt qu’en bois, puisque « l’ennemi avait changé ». En effet, si les premières fortifications ont permis de se défendre durant les guerres iroquoises, celui-ci devait plutôt résister à l’artillerie des Britanniques.

La visite des lieux suit le cours des différentes époques – française, britannique et canadienne – et inclut des informations sur les peuples autochtones ainsi que sur les modes de vie au fil des siècles. Une des expositions présentées sur le site, aussi géré par Parcs Canada, est consacrée à Joseph-Octave Dion, un pionnier de la conservation au pays. Dès 1866, cet homme s’intéresse à la sauvegarde des bâtiments du fort Chambly, abandonnés depuis 15 ans. Il organise des visites et entreprend la réfection du site, qu’il habite même pendant 35 ans, jusqu’à sa mort en 1916.

Léger et festif à Rougemont

De nouveau sur nos montures, nous passons devant quelques luxueuses maisons ancestrales, puis franchissons la rivière Richelieu vers la municipalité du même nom. Après avoir parcouru quelques kilomètres parallèlement à la route 112, nous entrons dans Marieville pour aller emprunter la piste cyclable de la Route des champs. Aux deux tiers asphaltée, longiligne et rapide, celle-ci porte magnifiquement bien son nom, vu les innombrables rangées de petites pousses vertes qui nous entourent. En une douzaine de kilomètres à peine, nous voilà déjà à Rougemont. Nous profitons de notre passage pour faire une visite au Domaine de Lavoie, un des nombreux vignobles et vergers du coin. Nous sommes reçus par Hugues Lavoie, copropriétaire de l’entreprise avec ses parents. Ces derniers, des Gaspésiens, sont tombés amoureux de la région en allant cueillir des pommes, et aussi de l’idée d’être propriétaires agricoles alors qu’ils étaient encore aux études à Montréal.

Les dizaines de milliers de vignes, de pommiers et même de poiriers produisent aujourd’hui une panoplie de nectars, qu’il est possible de déguster sur place. Hugues nous sert d’abord un cocktail pétillant de pommes et de houblon, « assez léger pour reprendre la route après ! » nous assure-t-il en souriant.

Notre hôte, dont la passion est contagieuse, nous instruit en même temps sur les cépages qui se sont le mieux adaptés au climat du Québec. Il nous explique aussi que les pommiers poussent mieux à flanc de colline, en raison notamment d’un meilleur drainage et d’un ensoleillement supérieur.

En constatant le changement de couleurs dans le ciel, nous réalisons que nous avons passé plusieurs heures au domaine. Après avoir remercié notre généreux vigneron, nous rembarquons sur la Route des champs, roulant quelque 35 km vers Saint-Paul-d’Abbotsford et Granby, ce qui clôturera notre journée.

Le monde de Granby

Le lendemain matin, à Granby, j’avais prévu aller à la rencontre de François Lebeau, de La Bicycletterie, dans le but de parler de ses services de mécanique vélo à domicile. Et par un hasard qu’on jurerait arrangé, le soleil se lève sur une crevaison à mon pneu arrière.

« Crois-tu que c’est parce que je roulais trop vite et trop fort ? » que je lui demande avec un clin d’oeil lorsqu’il arrive sur son vélo électrique en tirant une grosse remorque remplie d’équipement. « Sûrement ! » me répond, certainement pour me faire plaisir, le Français établi au Québec depuis plusieurs années. La réparation est effectuée en quelques minutes.

Notre trio repart puis traverse la rivière Yamaska, là où elle s’élargit pour devenir le lac Boivin. À la jonction des pistes cyclables L’Estriade et La Montérégiade, nous faisons un bref arrêt pour admirer la sculpture d’un grand vélo bleu et celle d’un énorme hippopotame vert lime. Un homme assis à la table à pique-nique juste à côté engage la conversation. Il nous apprend qu’on trouve ces animaux colorés partout à Granby. « Il y a une girafe rouge, un chameau turquoise dans un parc, un suricate jaune plus loin… »

Un autre homme, vêtu de Lycra, s’approche pour nous vanter les mérites des deux sculpteurs granbyens responsables de ces oeuvres d’art. Le souriant cycliste dit habiter Montréal, mais venir rouler à Granby parce que « la piste est belle, toute asphaltée, pas de stop, pas de feux rouges… c’est merveilleux ! ».

Quelques kilomètres et un éléphant rose plus loin, nous croisons la famille Barthe. Le couple de néo-Québécois originaire de France réside maintenant à Montréal et a décidé, avec ses trois jeunes enfants, de visiter leur nouveau chez-soi en mode cyclotourisme. Ils ont parcouru une agréable boucle montérégienne de 350 km à partir de leur résidence.

Des surprises en chemin

Entre Granby et Saint- Jean-sur-Richelieu, notre retour par La Montérégiade s’effectue presque entièrement en ligne droite, sauf pour quelques détours à Farnham. Nous nous arrêtons quelques instants sur la rive de la rivière Yamaska, au parc Conrad-Blain, où nous trouvons un piano public qui a été placé bien en évidence au centre d’une place en pavés unis.

J’ai été agréablement surpris par cet itinéraire montérégien, malgré son apparence plate et filiforme. Les longues pistes droites qui m’apparaissaient comme un inconvénient se sont finalement avérées un des beaux attraits de ce circuit.

Pour les familles qui désirent parcourir le territoire en quelques jours jusqu’aux gros rouleurs qui préfèrent la vitesse, en passant par nous, cyclotouristes un peu festifs qui aiment s’arrêter pour bavarder, cette portion de la Route verte, avec ses tentacules, en offre pour tous les goûts.

REPÈRES

• Itinéraire : 128 km en deux jours
• Pistes cyclables empruntées : canal de Chambly, Route des champs, La Montérégiade
• Visionnez aussi la vidéo produite par Vélo Québec et la Route verte : routeverte.com/webserie

MES BONNES ADRESSES
• Vivez l’époque de la Nouvelle-France et le mode de vie de nos ancêtres au lieu historique national du Fort-Chambly, un populaire site de Parcs Canada dans la vallée du Richelieu.
• La Montérégie compte de nombreux vignobles et cidreries, dont le Domaine de Lavoie, à Rougemont. Arrêtez-y pour une dégustation ou une conversation. Leurs produits se trouvent aussi sur les tablettes de la SAQ.
• Pour allonger légèrement le circuit, La Granbyenne est une piste cyclable asphaltée de 12 km qui fait le tour du Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin, à Granby. On peut aussi y observer de nombreux oiseaux sur les différents sentiers, où quelques passerelles surplombent des marécages.
• Découvrez la ville de Granby et ses sculptures géantes d’animaux exotiques colorés.
• Pour des services de mécanique vélo dans la région de Granby, faites appel (via Facebook) à François Lebeau, de La Bicycletterie.

Publicité

Autres suggestions

Destinations, Québec

Bikepacking : La réserve faunique des Laurentides sur deux roues

Les cyclistes, persona non grata dans la forêt boréale de la réserve faunique des Laurentides ? Plus depuis peu, et c’est tant mieux. Shimano est ...
Maxime Bilodeau 05-04-2024
Hors-Québec

Dix trucs pour voyager heureux à vélo

Sur trois continents en autant d’années sur la route, j’ai assurément fait ma part d’erreurs et d’apprentissages. J’ai surtout compris que le ...
Jonathan B. Roy 05-04-2024
Présenté par Tourisme Montérégie
Québec

C’est le printemps, cap sur la Montérégie !

La Montérégie, par sa situation géographique tout au sud du Québec, est une région privilégiée au printemps. Les températures y sont clémentes rel
Vélo Mag 13-03-2024