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Destinations

UTAH, couleurs du désert

15-04-2013

L’auto est l’unique moyen d’accéder aux divers sites de vélo de montagne disséminés dans la partie sud de l’État des mormons, le long du croissant formé par les autoroutes 15 et 70. Ce road trip au cœur du désert, il faut le faire au moins une fois dans sa vie. Plusieurs l’entreprennent en voiture à partir du Québec, pour traverser le Midwest, le Colorado et pousser une pointe jusqu’au Grand Canyon, en visitant bien sûr tous les sites de vélo sur le chemin, ce qui demande de trois à quatre semaines. Ceux qui ne disposent que d’une courte vacance printanière ou automnale doivent se rapprocher en avion et choisir comme destination l’une ou l’autre des extrémités du croissant : Las Vegas, au Nevada, ou Grand Junction, au Colorado.

Fruita
Dans notre cas, avec un départ de Québec, c’est Grand Junction qui s’avère le choix le plus économique. C’est aussi le plus pratique. Dans ce mini-aéroport, pas de stress ni de navettes, pas d’attente pour les bagages ou la voiture de location. L’hôtel est à distance de marche et, surtout, les sentiers ne sont pas loin. Nous nous dirigeons donc sans attendre vers la localité voisine, Fruita, où le vélo a remplacé la cueillette des fruits comme activité économique primaire. Le secteur Kokopelli (départ à Loma) est notre préféré, avec ses sentiers aménagés sur des corniches superposées, qui offrent une vue panoramique sur le fleuve Colorado.

Après cette mise en jambes exaltante, nous mettons le cap vers l’ouest par l’autoroute 70. Bientôt, le gigantesque panneau montrant une photo de Delicate Arch nous souhaite la bienvenue en Utah. La verdure timide des montagnes du Colorado fait place à la grisaille du désert. Nous avons l’impression d’avancer au ralenti, plongés au milieu de ces vastes horizons, de ces chaînes de montagnes qui se rapprochent ou s’éloignent doucement.

Nous bifurquons bientôt sur la route 89  Sud, qui longe la rivière Sevier, et la verdure reprend ses droits. De modestes ranchs se succèdent, entre lesquels sont disséminés de petits bleds apparus là avec la prospection minière. Quelques maisons, la station-service, un café, deux ou trois églises. Habillés en cowboys ou en camouflage, les hommes de la place discutent sur le perron du magasin général.

La nuit est tombée quand nous nous arrêtons à Marysvale, au Moore’s Old Pine Inn, le plus vieil hôtel de l’Utah, qui propose des chambres avec déjeuner, mais aussi de petites cabanes très rustiques, Old West Town, façon village du Far West, avec le lit qui craque et le crâne de vache accroché à côté de la porte.

Thunder Mountain
Au lever du soleil, une famille de chevreuils trottine devant l’hôtel, sur la rue principale désertée. Encore 100 km à faire direction sud pour nous rendre au départ de Thunder Mountain, une boucle de 25 km à couper le souffle, classée Must-Ride Classic. La randonnée débute avec 400 m d’ascension sur la piste cyclable asphaltée de Red Canyon, la plus belle que j’aie jamais vue. Nous grimpons doucement dans une forêt de cèdres et de pins, sur fond de terre et de falaises d’un orange profond, semblables à celles du parc national de Bryce Canyon, qui se trouve près d’ici. Une fois que nous sommes engagés sur le sentier, ça grimpe encore un peu, puis nous amorçons une descente épique, dans un décor d’un autre monde, ponctué de mégalithes aux formes étranges. La piste, sur fond de roche effritée, est rapide et facile. Quelques virages serrés et une traverse sur une crête vertigineuse, avec des pentes de 70° de chaque côté, lui valent cependant la cote Most Difficult. Les derniers kilomètres, avalés à très haute vitesse, terminent la randonnée de façon magistrale, et les cyclistes qui débouchent à la sortie de la piste s’exclament tous «wow!».

Hurricane
Nous reprenons le volant, toujours direction sud, pour une autre centaine de kilomètres. Après avoir croisé un troupeau de bisons (!), nous entrons dans le parc national de Zion par la porte d’en arrière. Nous passons la nuit au chic lodge du parc, niché au pied d’escarpements époustouflants. Dommage que les sentiers ne soient pas ouverts aux vélos ici. Qu’à cela ne tienne, dès la sortie du parc, le secteur de Gooseberry Mesa nous attend et ne nous décevra pas. Mesa, selon la langue utilisée, veut dire soit «enfile ceci», soit «plateau». Dans notre cas, il s’agit d’un plateau très haut perché, et des sentiers longent ses escarpements, offrant à répétitions des vues sur la plaine, 300 m plus bas. Malgré le relief plat, les sentiers posent des défis techniques parfois intimidants; il faut donc tailler son itinéraire en fonction de ses aptitudes. La piste est tracée presque en totalité sur la roche, ce fameux slickrock issu de la transformation du sable des dunes de la préhistoire en grès poreux, abrasif, offrant une traction étonnante. Des touches de couleur surgissent aux abords de la roche brune : le vert tendre des genévriers, le jaune vif des marguerites, le mauve vibrant des fleurs de cactus.
Après une nuit dans les environs, nous nous attaquons à une nouvelle boucle, juste au pied de Gooseberry Mesa, tout aussi épique. Départ via Gould’s Rim, pour 15  km de montée. Nous descendons ensuite par J.E.M., un bijou de sentier, pas du tout technique (sauf pour une courte section au milieu) mais avec une pente et des courbes parfaites, qui permettent de rouler à fond de train: 10 km d’orgasme cinétique! Le retour se fait par Hurricane Rim, une piste étroite et de calibre avancé par endroits, qui surplombe parfois de très près le canyon de la rivière Virgin. Les falaises érodés de Gooseberry Mesa forment un arrière-plan saisissant. Les strates de gris pâle et de rouille de la formation du Moenkopi se sont déposées au fond de ce qui fut un océan à l’époque du Trias, soit bien longtemps avant la naissance de mon arrière-grand-père. La boucle complète donne 35  km: un bon défi, surtout en début de saison. Il nous restera encore une dizaine de sentiers à découvrir lors de notre prochaine visite dans ce secteur, mais déjà nous nous dirigeons vers la ville voisine.

St. George
Nous passons deux jours à St. George, partant à vélo du centre-ville pour explorer les plateaux à l’ouest. Nous débutons en douceur avec des sentiers peu techniques mais aux tracés ludiques : la boucle de Black Brush, puis celle de Barrel Roll, plus longue. Nous enchaînons avec deux longues montées : Precipice (ne vous laissez pas impressionner par le nom) et Sidewinder. La terre et les roches beiges contrastent avec le vert de la vallée et le rouge des falaises en toile de fond.

La deuxième journée sera plus difficile. Nous avalons en guise d’apéritif l’exaltante Bearclaw Poppy, genre de pump track étirée sur 5 km, suivie de Stucki Springs (plutôt ordinaire) et d’une tournée du secteur de courses régionales, pour mener au gros défi de la journée: Zen. Voilà probablement le sentier le plus difficile de la région. Il ressemble à Gooseberry Mesa qu’on aurait penché à un angle de 10%. Ce sentier demande donc des talents avancés ou une attitude très zen pour le cycliste intermédiaire qui s’y aventurera. La couleur, ici, nous la dénichons en nous faufilant à travers les rochers géants dispersés sur la dune pétrifiée. Le vent y a creusé toutes sortes de cavités, tapissées de lichens aux teintes contrastées, presque phosphorescentes.

Moab 2.0
Nous ne pourrions pas retourner à Grand Junction sans faire un croche vers Moab. La mecque du vélo de montagne – là où tout a commencé – a perdu un peu de sa popularité au profit des destinations single tracks que nous venons de visiter. Face à cette concurrence, les cyclistes locaux ont décidé de construire eux aussi un réseau de sentiers étroits. Ce réseau s’agrandit chaque année, créant ce que j’appelle le Moab 2.0. En plus de refaire les randonnées classiques, nous passons une journée dans chacun des nouveaux secteurs: Sovereign, Klondike Bluff, Magnificent 7, Moab Brand, sans oublier Whole Enchilada, une descente épique de 32 km sur 2000 m de dénivelé à travers quatre zones climatiques. Des cartes à jour de ces secteurs sont vendues dans les boutiques de vélo pour financer la construction de sentiers.

Liens utiles
Sentiers, région de Grand Junction, Fruita et Kokopelli: gjmountainbiking.com

Sentiers, partout en Utah, avec carte interactive à jour: utahmountainbiking.com

Hébergement, région de St. George et Hurricane (évitez la semaine du Ironman – 4 mai 2013:
les hôtels sont pleins et coûtent le double): utah.com/lodging/stgeorge.htm

Hébergement, région de Moab: discovermoab.com/hotels.htm

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