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Le blogue de David Desjardins

Le problème avec Valverde

03-10-2018

Au lendemain des championnats mondiaux de cyclisme sur route, je me sens un peu comme un jeune enfant qui a de la difficulté à gérer ses émotions. Je n’en suis pas à alterner entre rire et pleurs. Si c’était le cas, j’aurais d’autres problèmes plus importants à régler que l’ambiguïté de mes sentiments suite à une course cycliste…

Reste que je sais pas trop quoi penser.

Je suis vraiment heureux de la 3e place de Woods. D’autant qu’elle me surprend. Pas parce que je doutais de sa capacité à monter l’atroce raidillon en fin de parcours à Innsbruck. Plutôt parce que je croyais qu’une fois là-haut, il se ferait éjecter dans la descente.

Mais Woods en avait appris les virages par coeur. Ça paraissait. Il a aussi visiblement raffiné ses techniques de descente.

Il n’y a donc pas de déception à avoir. Même seul contre Bardet, je ne crois pas qu’il serait parvenu à remporter la victoire.

Mon ambivalence tient plutôt au succès de Valverde.

D’un côté, j’aime le vieil Espagnol. C’est le type de coureur que j’adore. Un gagnant qui ne pèche jamais pas excès d’attentisme, qui attaque et anime les courses. C’est le genre de cycliste auquel j’aime m’identifier, qui peut tout faire, y compris collectionner les podiums de grands tours et de championnats du monde. Il possède un punch si puissant que dans le final des courses d’un jour, comme certaines des classiques ardennaises, il est plus redoutable qu’un requin affamé aux abords d’une plage du Maine.

Et puis Valverde est passé si près de la première marche des mondiaux à tellement de reprises que cette victoire semblait plus que légitime, mais…

Mais il y a la zone d’ombre. Le lourd passé.

Interdit de course en Italie dès 2009, puis suspendu de tout le circuit pour 2 ans l’année suivante en raison de son implication dans l’affaire Puerto, Valverde fait partie de ces coureurs qui nous inspirent aussi le doute.

D’autant qu’il n’a jamais affiché de remord ou même publiquement admis sa faute. Il a fait son temps. Puis il revenu, plus fort encore.

Le dopage a-t-il contribué à l’élévation de sa forme au fil des ans? Probablement, mais il est difficile de dire si, une décennie plus tard, l’impact est réel. Doit-on douter de ses performances actuelles? Pas nécessairement non plus. Mais il appartient à une époque qu’on voudrait révolue. Et sa victoire nous donne aussi un peu l’impression que l’on peut tricher, s’en laver les mains, puis prendre les plus grands honneurs. Que la justice sportive permet aux truands de revenir en odeur de sainteté.

Je n’en ai pas contre lui, pas vraiment. Je ne dis pas que sa victoire n’est pas méritée : il a tiré tout le monde jusqu’à la ligne sans se faire doubler… C’était tellement fort que c’en était presque baveux.

Bref, il a finalement gagné aux mondiaux. Tant mieux pour lui. Je suis juste pas certain que ce soit une bonne chose pour le cyclisme. Le triomphe d’un Bardet, d’un Woods ou d’un Dumoulin aurait envoyé un signal bien différent.

Mais ç’aurait pu être pire. Imaginez si Moscon avait gagné…

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