Source: Compte Instagram de Mathieu van der Poel
La saison des classiques est déjà bien entamée. Et chaque fois que Mathieu van der Poel (MVDP) et Tadej Pogačar s’alignent au départ, vous pouvez être (presque) certains que l’un ou l’autre les honneurs.
MVDP s’est élancé sur trois courses d’un jour cette saison et en a remporté autant, dont son deuxième titre sur Milan-Sanremo et une seconde victoire en autant d’année à E3. Quant à Pogi, même une chute n’a pas suffit à le faire perdre sur Strade Bianche.
Il y a bien quelques fascinants seconds rôles dans ce film de superhéros : Pidcock, Ganna, Pedersen… Mais nos deux lascars possèdent ce petit supplément de forme, d’âme et d’audace qui les place au-dessus de la mêlée.
Si cette domination pourrait être ennuyeuse, heureusement pour nous, le Slovène comme le Néerlandais ont le sens du spectacle. Sans parler que leur force qui les place dans une sorte de posture de surhommes a le don de nous laisser pantois.
Oui, c’est long une échappée en solitaire de plusieurs dizaines de kilomètres. Mais ce tour de force impose aussi le respect. Nous vivons dans une époque dominée par des personnages de légende qui, s’ils sont bien humains, racontent cependant des histoires dignes d’une sorte de mythologie cycliste. Leurs victoires sont étincelantes comme l’armure d’un demi-dieu aux portes de Troie.
Vous trouvez que je charrie? Bon, un peu, oué. Mais il y a une classe chez ces coureurs qui confine au respect, et plus encore, une volonté de vaincre devant laquelle nous sommes forcés de nous incliner. Parce qu’il n’y pas que la forme qui est en jeu. Il faut vouloir vaincre pour souffrir autant.
À Milan-Sanremo, l’affrontement entre les deux dans la Cipressa, puis le Poggio, avait des airs de choc des titans. Ils ont beau anéantir la compétition, ils le font avec panache, et une superbe qui permet que le plaisir de les voir gagner ne s’étiole pas.
La classe des champions
Je regardais MVDP pédaler vers la victoire à E3 vendredi, imprimant son nom dans les livres d’histoire avec une attaque sur les pavés dont il a le secret, et j’étais tout simplement fasciné de le voir laisser les autres mordre la poussière derrière. Puis, j’ai passé de longues minutes à admirer son style. Impassible, pédalant dans l’huile, le torse immobile, il s’est lancé vers la victoire de loin, ce qui est sa marque, et aussi celle de Pogi.
Les deux recroiseront le fer lors de la semaine sainte des classiques qui s’amorcera samedi : au Tour des Flandres, puis à Paris-Roubaix.
Depuis que Pogi a annoncé qu’il serait au départ de L’enfer du Nord, les mèmes les plus délirants pleuvent sur les Internets. Rarement (voire presque jamais) voit-on un coureur de Grands Tours s’essayer sur ce parcours piégeux au possible et plat comme le cul d’un pianiste. Mais Pogi ne veut pas se contenter de remporter le Giro, le Tour, ou les belles d’un jour qui lui sourient habituellement. Il veut avaler le cyclisme en entier. Y compris une épreuve qui ne possède rien pour lui sourire. Encore de quoi imposer le respect.
Quant au Tour des Flandres, MVDP et Pogi se partagent le titre de quatre des cinq dernières éditions.
Ils y partent encore en favoris. Ce qui nous garantit que nous aurons un superbe spectacle. Celui de héros qu’un appétit insatiable anime, pour le malheur de leurs contemporains, et le plaisir des fans qui refusent de bouder le leur.