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Le blogue de David Desjardins

Le premier Tour de France de Duchesne

01-07-2016

Le cycliste québécois Antoine Duchesne s’embarque pour son second grand tour, mais son premier Tour de France. Il sera le second natif du Québec à y prendre part, après David Veilleux.

Qu’on se le dise : le Tour n’est pas plus difficile que la Vuelta ou le Giro. C’est plutôt la folie médiatique qui entoure la légendaire Grande Boucle qui magnifie tout.

La performance n’est donc pas plus extraordinaire que la présence de son coloc Hugo Houle au Tour d'Italie. Sauf une chose : on ne choisit que rarement des coureurs non-français au sein des équipes françaises pour le Tour de France. À moins qu’on ne leur donne pas le choix. C’est ce qu’a fait Duchesne en remportant le maillot à pois à Paris-Nice ce printemps, montrant ainsi qu’il avait atteint une forme spectaculaire.

Est-il particulièrement nerveux, y a-t-il des épreuves qu’il redoute ? On lui demandé tandis qu’il quittait la présentation des équipes, jeudi, à seulement 48 heures du grand départ.

Le premier jour du premier tour de France va être très important pour ton équipe. Ça va commencer avec ce qui risque d’être la plus grosse bagarre pour vous. C’est très stressant ?

Oui, quand même. Les sprints sont toujours stressant. Au Tour, encore plus. Et là, avec un maillot jaune à la clé, le vent et la mauvaise température qu’on annonce, la tension va être au maximum. Je fais partie du train, on a des chances de gagner, il faut que j’amène. Je suis là pour ça. Mais la forme est bonne, j’essaie de pas trop freaker.

Avec les caméras embarquées, le public commence à un peu mieux comprendre à quel point ça frotte pour le positionnement, surtout dans les derniers kilomètres avant un sprint. Si t’avais à expliquer le feeling, le niveau de stress, le danger, tu dirais quoi ?

C’est vraiment dur à décrire. Il y a tellement de tension. Ça gueule, ça frotte, ça saute sur les trottoirs… Faut réagir très vite, être allumé, parce que c’est l’affaire d’une seconde de manquer la bonne vague ou de te faire emboîter. Si tu fais pas le bon move au bon moment et que les trois gars que t’amène derrière toi sont pris, ça fait rater le sprint. Et là, tout le monde veut faire la même chose, t’as 50 coureurs qui roulent à 60 km/h qui veulent tous être les premiers au dernier virage. Faut être très réveillé.

Sinon, on risque de vous voir jouer aux baroudeurs chez Direct Energie. On t’en sais capable, surtout depuis Paris-Nice, puis vous avez deux bons prototypes du genre avec Chavanel et Voeckler. Vous allez être l’équipe qui va animer le Tour, puisque vous ne visez pas le général, c’est le plan?

On a quand même Fabrice (Jeandesboz) et Romain (Sicard), qui visent le général. Pas le maillot jaune, mais ils ont le potentiel pour avoir une bonne position, ce sont des coureurs attaquants, qui pourraient être parmi les 10 premiers. Sur plusieurs étapes, l’objectif va être d’envoyer des coureurs dans les échappées, dont je ferai partie. Mais réussir à prendre les échappées dans ces courses là, c’est quand même autre chose, on verra comment sont les jambes.

Il y a quelque chose qui te fait peur, dans le Tour ?

Non, pas vraiment. C’est surtout la tension qui va être la plus dure à gérer : les journaux, les médias qui sont plus présents qu’à l’habitude au Tour. La tension dans le peloton, aussi, les chutes de la première semaine… Mais sinon, ça reste une course de vélo, avec des gars avec qui je roule toute l’année. Ça va être dur mais je ne sens pas que j’ai pas d’affaire ici. C’est vraiment toute l’excitation autour qui est plus exigeante.

Pour moi, je ne sens pas que j’ai fait quelque chose de plus, sauf qu’au Québec où le vélo, ça se résume au Tour de France, c’est comme si on réalisait que je fais du vélo comme professionnel… Mais si ça peut donner envie à des jeunes et des moins jeunes de se lancer là dedans et de persévérer pour atteindre ce niveau, tant mieux

À quelle étape as-tu le plus hâte et laquelle redoutes-tu le plus ?

J’ai pas trop encore analysé chaque étape. Et je ne suis pas à un niveau pour dire : c’est une étape pour moi et je vais y aller. Tout va dépendre de la journée, ce sont sensations plus que le profil qui vont avoir le dernier mot. Mais il y a peu d’étapes intermédiaires. Et peu d’étapes ouvertes aux échappées, favorables aux baroudeurs et puncheurs. C’est beaucoup des montagnes ou du plat.

Es-tu plus Alpes ou Pyrénées ?

Je n’ai jamais roulé tellement dans les Pyrénées. J’ai fait les alpes quelques fois. Mais les grands cols de 20 bornes, c’est pas ma tasse de thé.

Qui, dans l’actuel peloton, t’inspire-t-il ?

Je sais pas trop. Je ne me rattache à personne en particulier. Je n’ai jamais eu d’idole vraiment, j’aime les coureurs qui ont du courage. J’aime certains styles, des attaquants comme Chavanel. Mais j’ai toujours été comme ça : j’aime mieux faire mon truc. J’ai envie d’être comme personne.

Nous promets-tu de ne pas prendre ta retraite deux mois après le Tour, svp ?

Oui, j’ai encore un contrat.

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