Petit guide pour débuter la saison des courses

Avez-vous passé la fin de l’automne et le début de l’hiver sous une roche, complètement décroché du monde du cyclisme pro. On se fait une mise à jour avec quelques unes des actualités brûlantes, en mode télégraphique.

Van der Poel « hors saison »

L’actuelle génération de coureurs de cyclocross ne l’a pas facile. Chaque année, les spécialistes débutent leur saison, uniquement pour être éclipsés par Mathieu van der Poel (et un peu Wout van Aert) dès qu’il décide de mettre les pieds sur le circuit. Le Néerlandais vient de remporter, de manière impériale, son 7^e titre mondial à Levin (France), sur un parcours exigeant au possible. Derrière, les Belges Van Aert (+45s) et Nys (+1 :06) complètent le podium. Mais la première marche s’est encore décidée dans les premières minutes de course : Van der Poel est parti seul, creusé l’écart, puis l’a maintenu jusqu’au bout.

Chaos chez les Anglos

C’est le bordel total chez Ineos. Autrefois la grande Mecque de la science cycliste, l’équipe qui possède pourtant l’un des plus gros -sinon le plus gros- budget des rangs WorldTour (première division) est en déroute. Des piliers quittent, et pas seulement les coureurs. Mais plusieurs s’en vont pour mieux performer ailleurs. Dont Tom Pidcock (gagnant en fin de semaine du AlUla Tour) et Jonathan Narvaez (gagnant du Tour Down Under). Que se passe-t-il? Comment l’impitoyable Albion l’a-t-elle si splendidement échapée dans la curve. Problème de leadership, disent en général les personnes qui acceptent de parler aux reporters.

Demi et ses ennemies

Parlant d’équipes où ça brasse : l’autrefois très dominante SD Worx, chez les femmes, a perdu sa championne Demi Vollering l’an dernier. Désormais chez FDJ-Suez, la Hollandaise volante ne pardonnera sûrement pas l’affront qu’on lui a fait à l’abandonnant lors d’une chute qui lui a finalement coûté le classement général du Tour de France Femmes avec Zwift. Pour alimenter sa rage : sa mentore, directrice sprotive et amie, Anna van der Breggen revient à la course au sein de cette équipe.

D’autres revenantes? Oh oui.

Autre retour chez les femmes : Pauline Ferrand-Prévost est l’une des cyclistes françaises les plus titrées de l’histoire. Elle revient à la route chez Jumbo-Visma. Aura-t-elle suivi la forte progression des femmes dans ce domaine qui se spécialise et prend du grade de manière quasi exponentielle?

Tommy et Zukowski

Tom Pidock aura un ami québécois pour l’aider dans sa nouvelle équipe. L’Anglais a choisi une escouade de seconde division, la Suissesse Q36.5. Et qui fait déjà partie de cette équipe et semble avoir de très bonnes jambes depuis la fin de la saison précédente : nul autre que Nick Zukowski, Le natif de Sainte-Lucie-des-Laurentides a un excellent tempérament, ce qui convient au fougueux talent du Yorkshire qu’est Pidcock. Gageons qu’on les verra souvent ensemble à la ligne de départ.

Exode hexagonal

Lorsqu’on est le grand espoir de la France, la meilleure décision qu’on puisse prendre est sans doute de quitter le plus rapidement possible le pays, et changer d’équipe si celle-ci est française. L’espoir d’une nation -et l’impétuosité de Marc Madiot-, c’est trop à porter sur de frêles épaules. C’est ce qu’a compris Lenny Martinez, 21 ans, qui s’est flexé de la Groupama-FDJ pour aller jouer chez les grands (et controversés) Bahrain Victorious.

L’UCI veut mettre les freins

Après plusieurs chutes aussi terrifiantes que spectaculaires au cours des dernières années, l’Union Cycliste Internationale cherche de drôles de solutions. Par exemple, plutôt que d’imposer une meilleure sécurité en course aux organisateurs, elle propose de ralentir la vitesse des coureurs. Comment? En faisait comme chez les juniors et en imposant des restrictions sur la taille des plateaux et pignons. Vous me voyez convaincu. (Ben non, c’est n’importe quoi).

Sinon, l’air de rien, Strade Bianche est à nos portes (et Omloop juste avant). C’est là qu’on risque de voir plusieurs grosses pointures, chez les hommes et les femmes, croiser le fer pour la première fois cette année.

De nombreuses questions restent en suspens :

• Pogačar a dit qu’il ferait deux Grands Tours, dont celui de France. Tentera-t-il le doublé Giro-Tour à nouveau? Risquera-t-il le coup de fatigue nuisible pour un second titre mondial en allant faire la Vuelta? A-t-il simplement décidé d’adopter la technique Donald Trump et il nous raconte n’importe quoi?
• Ben O’Connor a connu une très belle saison l’an dernier, culminant avec une Vuelta de laquelle il n’a pas sorti vainqueur, mais champion des cœurs, et personnellement galvanisé. Maintenant qu’il a rejoint l’équipe australienne Jayco-Alula, je suis curieux de voir s’il pourra surfer sur la confiance apportée par sa saison la plus constante en carrière.
• Les classiques vont être passionnantes. On a vu que van der Poel et Van Aert ont déjà la forme. Les grandes classiques sont cependant gagnées par les astucieux autant que les plus forts. Sans parler du facteur chance.
• Katarzyna Nieuwadoma a remporté le Tour de France Femmes avec Zwift par la peau des dents en 2024. Un final parmi les plus haletants qu’il nous a été donné de voir de notre vivant. C’était le couronnement d’une belle saison, parmi ses plus constantes (1ere sur la Flèche Wallonne, 2^e au Tour des Flandres, 4^e sur Strade Bianche) Hâte de voir comme elle s’en tirera avec l’équipe solide dont elle dispose.
• Pour finir, vous allez voir les coureurs monter aux barricades pour défendre les vrais enjeux de sécurité en course : les parcours. À Majorque, l’étape a été stoppée par les équipes après quelques kilomètres : la chaussée glissante avait déjà jeté plusieurs coureurs au sol. À l’Étoile de Bessèges, ce sont les voitures qui ont réussi, deux fois, à se glisser dans le parcours, en sens inverse, qui ont eu raison de la patience des cyclistes qui ont quitté en masse l’épreuve. Pas compliqué : si vous ne pouvez pas mener une course sécuritaire, les coureurs n’y seront pas.
• DERNIÈRE HEURE: Tadej Pogačar a été aperçu (grâce à une vidéo qu’il a lui-même déposée dans ses réseaux sociaux) en train de reconnaitre la célèbre Trouée d’Arenberg. Vous avez bien lu: on parle ici de la terrible et mythique section de pavés monstrueux de Paris-Roubaix. Sûrement le secteur le plus mythique de cette course, avec le Carrefour de l’arbre. Tadej est-il en train de nous troller? Compte-il vraiment faire ce monument cette année? Après tout, il a dit qu’il voulait tous les gagner…