Extrait du catalogue Rocky Mountain 1990
Rocky Mountain n’est pas morte, la marque renait de ses cendres. C’est l’occasion de rappeler l’importance de cette entreprise canadienne dans l’histoire et l’imaginaire collectif du sport.
Je ne veux rien enlever aux autres, mais je ne pense pas qu’il existe pas de compagnie plus importante que Rocky Mountain dans l’histoire du vélo de montagne au Canada.
J’oserais même dire que, dans toute l’histoire du sport, la marque est sans doute au top 3 des plus influentes, toutes provenances confondues.
Une vie Rocky
Remarquez, mon appréciation de la chose souffre d’un important biais : je suis tombé en amour avec la marque en même temps qu’avec le sport. C’était en 1988. J’avais 14 ans. Mon premier vélo employé pour participer à mes premières compétitions provenait de la flotte de location du Mont Sainte-Anne (ou était-ce d’une boutique locale, je ne suis plus certain): un Rocky Mountain Fusion (en chromoly, muni d’une fourche rigide et d’un pédalier Biopace!!!).
Par la suite, les innovations de la marque m’accompagnaient dans mes rêveries éveillées. La tête dans les nuages, de fantasmais un Cirrus (et son triple triangle d’aluminium) ou un Stratos, ou un Wedge, ou un Summit.
Dix ans plus tard, je me suis fait voler mon Fusion que j’avais converti en vélo de ville. J’ai acheté un Blizzard, monté en XTR et XT, pédalier et périphériques Race Face, roues sur mesure, fourche Marzocchi Bomber Z1.
J’ai battu ce vélo-là comme si je l’haïssais. J’en étais (presque) amoureux. Qui aime bien ses engins les châtie bien. C’est une forme de respect qu’on porte à ses vélos, en quelque sorte.
Ce Blizzard existe toujours. Il est entre les mains d’un ami collectionneur. J’ai assez de vélos utilisables à la maison pour en plus me constituer un musée.
Innovation + Marketing = Transformation
Pour revenir à l’importance de la marque, j’ajouterais qu’elle a toujours brillé sur deux fronts majeurs dans cette industrie : l’innovation et le marketing.
À certains moments de son histoire, les deux allaient si bien de pair qu’ils ont même changé la face du vélo de montagne.
Je pense à l’époque des FroRiders, portés aux nues par les films de Christian Bégin (dont son célèbre Kranked) : ensemble, ils ont inventé le freeride, ce qui allait devenir ce que l’on désigne aujourd’hui comme l’enduro, annonçant les folies à venir du Redbull Rampage. Et pour y parvenir, la compagnie avait imaginé des vélos capables de soutenir les pires sévices.
Entre la pure descente de coupe du monde et le cross-country, ces vélos s’affichaient comme des précurseurs, annonciateurs d’une nouvelle manière de voir ce sport : plus libre, plus fou, en phase avec les univers du surf et du skate, du snowboard et du freeski, mâtiné d’un tantinet de motocross.
Le reste de l’industrie allait suivre. La compagnie est passée aux mains d’une entreprise québécoise (Procycle) en 1997, ajoutant un peu de fierté fleurdelisée à l’unifolié.
Elle a aussi continué d’innover en matière de vélos de performance. Souvenez-vous des multiples titres nationaux, de coupe du monde et olympiques (l’argent en 2004) de Marie-Hélène Prémont au guidon de son Vertex.
De même, lorsque les vélos à assistance électrique ont pointé leur nez dans le marché, Rocky a été aux avant-postes. Et lorsque l’enduro a commencé à inonder le marché, Rocky était encore une fois parmi les grands, imposant sa vision à cette pratique comme elle l’avait fait 15 ans plus tôt.
C’est donc une joie de voir la marque renaître de ses cendres, plus encore avec une équipe de Québécois (que je ne connais pas, dois-je l’avouer) aux commandes. Longue vie à cette équipée qui permet de garder en vie un véritable joyau de notre histoire cycliste. Et peut-être de faire rêver d’autres jeunes fous comme ceux que nous fûmes.