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Les conquérants de l’utile

02-11-2022

© Unsplash

Pas besoin d’insister longtemps pour que notre collaborateur Maxime Bilodeau me raconte son premier Ironman, réalisé en août dernier. L’épreuve de natation s’est fort bien passée, en suivant les bonnes jambes devant lui, la portion vélo s’est déroulée comme un charme, en roulant à l’économie (bon, 180 bornes en 5 h 44, quand même…), et la première boucle de course de 21 km s’est avérée « plaisante », selon ses dires. « J’ai jasé avec les participants », précise-t-il. Pour la suite, on entre dans une sphère où les mots surnaturel, sublime et extase surgissent en même temps que s’allume la flamme dans ses yeux. Certes, tout ça est accompagné de courbatures, de kilomètres qui ne défilent pas et de cette impression que le simple fait d’avancer est une victoire en soi. « Après sept heures de course, on entre dans l’inconnu », me confie-t-il. En effet, rares sont les défis sportifs aussi longs. Les émotions sont dans le tapis, déferlant par vagues aussi hautes que creuses. L’essentiel est de garder le moral en continuant d’avancer.

Puis arrive le 41e kilomètre. L’extase prend le relais. Le doute de ne pas y arriver s’envole. « Tu arrives dans le village de la station de Tremblant, se remémore Maxime, tu as réussi, alors qu’une bouffée d’émotion et un gros frisson t’envahissent. Une voix venue du ciel clame “You are an Ironman, Maxime Bilodeau”. Tu vis une forme de joie avec le sentiment de toucher quelque chose de rare. » Revenu les pieds sur terre et après avoir quasiment repris une démarche normale, Maxime dit parfaitement comprendre l’attrait de l’« ultra », cette surenchère addictive à réaliser de telles épreuves d’envergure. Il citera même Baruch Spinoza : « Tout ce qui est excellent est aussi difficile que rare. »

S’il y en a une qui peut parler d’épreuves au long cours, c’est bien Lyne Bessette. Après une belle carrière sur le circuit pro, l’athlète se consacre à des courses de longue distance, notamment en vélo de gravelle. En août dernier, elle participait, sur son territoire des Cantons-de-l’Est, au Gravel Bikepacking Challenge. Le jeu consiste à rouler 500 km sur un chemin côteux (7300 m de dénivelé positif). Chaque participant parcourt la distance à sa manière, dans le temps imparti de cinq jours. Lyne s’est contentée de 23 h 17. « Le pic d’émotions, je l’ai ressenti au petit matin, souligne-t-elle. J’arrive à la fin de la dernière côte de gravelle, il reste 14 km sur le bitume, et je sais que je vais finir. Mes doutes sur ma capacité à le faire toute seule sans m’endormir au guidon s’envolent. Les derniers kilomètres jusqu’à la ligne sont faciles, même si je n’étais pas capable de marcher en descendant du vélo. » Lyne a vécu cette même exaltation à l’Ultra Trail Gaspesia 100. Plus capable de courir ni de descendre après environ 17 heures de course, mais elle a retrouvé une foulée alerte à l’approche de l’arrivée. « Quand on vit ces moments-là, on comprend pourquoi on aime ces expériences. On a fait quelque chose de bien en atteignant ses objectifs. »

En passant, l’athlète des Cantons-de-l’Est donne sa recette pour continuer à pédaler ou à courir. « Être reposé physiquement, mais aussi mentalement. Il faut garder ton esprit du côté positif, pas sur tes jambes douloureuses, mais sur le paysage qui t’entoure. Il est sage d’éviter d’afficher le kilométrage et la vitesse sur ton GPS ; c’est mieux de te fier au prochain ravitaillement pour avoir un point de repère, comme un morceau de fromage à La Station de Compton. » Ah oui, pas besoin de se taper un Ironman ou 23 heures de pédalage pour vivre l’euphorie d’une ligne d’arrivée. Il suffit de trouver une épreuve à sa mesure et de prendre le départ. Je vous le souhaite !

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