Picolo gravelle : Le frêne au goût du jour

Nous vous présentions en 2017 la première version du Picolo, un vélo de route fait de frêne, un bois indigène qui pousse au Québec. Les ébénistes montréalais qui avaient relevé ce défi ont continué leur bon travail et proposent maintenant un vélo toute-route doté de câblage interne et de freins à disque. Nous avons eu la chance de l’essayer alors qu’il était équipé du tout nouveau groupe Campagnolo Ekar.

Dès le premier regard, c’est une contemplation béate que suscite la bête. Le résultat final exige un méticuleux travail d’assemblage requérant une soixantaine d’heures par cadre. Côté design, l’utilisation du bois dicte la forme des tubes, tout en angles. Le tube diagonal est massif et rectangulaire, les haubans et les bases sont pleins, en bois laminés et collés, tandis que les trois tubes – de direction, diagonal et supérieur – sont creux à l’intérieur. Des pattes en aluminium font le pont entre les haubans et les bases, et le tout est vissé en place au moyen de boulons bien en évidence. Le jeu de direction externe et le collet de selle s’insèrent dans le cadre. Les composantes Deda donnent à l’ensemble un look épuré et sobre. La fourche, en carbone, vient avec trois paires de vis pour y fixer garde-boue, porte-bidon ou autres accessoires de cyclotourisme. On apprécierait voir une solution plus durable pour remplacer le badge de cadre présent sur le devant du tube de direction, qui a tendance à se rayer au simple frottement des gaines.

Le groupe Campagnolo Ekar 13 vitesses est en ligne directe avec le fini habituel du fabricant italien. Il s’accorde à merveille avec l’esthétique du Picolo. Même chose pour les roues Campagnolo Shamal en carbone, outre le fait qu’elles pèsent un maigre 1585 g pour un profilé aérodynamique de 35 mm à l’avant et de 40 mm à l’arrière.

Effet WOW garanti

Dès les premiers tours de roue, force est d’admettre que le vélo attire l’attention et la surprise de plusieurs cyclistes qui ne se gênent pas pour le faire savoir. Quand on teste régulièrement des vélos dernier cri aux couleurs voyantes, on fait tourner les têtes, mais cette fois-ci dépasse toutes les précédentes en matière de têtes retournées et de commentaires. Est-il est vraiment en bois ? Il est léger ou pas ? Ça coûte-tu cher ? Les questions fusent et le facteur wow fait son oeuvre, avec raison, car le vélo de frêne est incontestablement hors-norme.

Voyons maintenant le comportement de la monture. La géométrie, classique, s’avère très prédictive dans les changements de direction à basse vitesse. Elle permet une position bien relevée à l’avant, assurant une bonne vision périphérique et du confort. Sur le plat, le vélo circule avec aisance et la puissance est automatiquement retransmise à la roue arrière.

Le poids de l’ensemble gomme cependant les accélérations explosives. Le vélo frôle les 10 kg pédales incluses, mais n’oublions pas que nous avons à faire à un vélo de garnotte plutôt qu’à un pur grimpeur. D’ailleurs, il ne manque pas d’enthousiasme quand arrive le moment de dévaler les pentes à toute allure. La garde au sol étant assez élevée, le vélo ne rechigne pas à franchir les racines rencontrées sur un parcours dans le bois. Le cadre s’acquitte dignement d’absorber les vibrations lorsqu’elles proviennent de gros impacts. Les petites vibrations sont quant à elles moins adéquatement filtrées, toutefois jouer avec la pression des pneus permet de pallier en partie cet inconvénient.

À qui s’adresse ce type de vélo ? Qui aime le travail des artisans, apprécie le toucher incomparable du bois et est en quête d’originalité sera comblé par le Picolo. En outre, les têtes se tourneront au passage.