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Actualités, Entre roches et racines, Reportage

Les cours de vélo de montagne, c’est pour qui  ?

01-07-2025

Les instructeurs sont formés pour s’adapter au calibre de l’apprenant. © BikeSkills / Jean-Sébastien Chartier-Plante

Quel que soit notre calibre, il est important de progresser de façon sécuritaire. Plusieurs adeptes de vélo de montagne croient que les cours, ce n’est pas pour eux. Qu’en est-il vraiment ?

L’offre de cours et de formations en vélo de montagne est encore très jeune au Québec. Il y a quelques années à peine, seuls les clubs compétitifs offraient un environnement encadré. Depuis, la pratique récréative s’est largement démocratisée et plusieurs écoles spécialisées regroupant des instructeurs certifiés sont apparues aux quatre coins de la province. Et c’est tant mieux, car les sentiers sont de plus en plus complexes et rapides, et les vélos, de plus en plus performants.

Maintenant, il reste une culture à changer. Il n’est pas encore naturel de payer pour développer ses habiletés en vélo de montagne. Même après avoir dépensé des milliers de dollars en équipement, les réticences sont nombreuses quand vient le temps de débourser quelques centaines de dollars pour s’offrir les conseils d’un entraîneur certifié.

POURQUOI SUIVRE DES COURS ?
« C’est juste du vélo. » Ça, c’est certainement la remarque que j’entends le plus souvent. Tout le monde a fait du vélo durant son enfance. Pédaler et freiner dans son quartier ou dans le petit bois d’à côté, est-ce vraiment du pareil au même ? Bien sûr que non.
Si tous les vélos ont des roues, des pédales et des freins, l’environnement en montagne est un tout autre univers, qu’il ne faut pas sous-estimer : roches, racines, cassures, descentes ou montées abruptes… On doit apprendre à lire le terrain, à piloter une grosse bécane et à maîtriser des composants à la fine pointe.

C’est vrai que s’inscrire à un atelier sur le freinage ne semble pas très glamour ou excitant. Pourtant, c’est sans doute l’une des formations où je vois le plus d’étoiles s’allumer dans les yeux des apprenants. Ce n’est peut-être pas glamour, mais certainement utile. À partir du moment où l’on comprend que, pour aller plus vite, il faut maîtriser le freinage, c’est tout un monde de plaisirs qui s’ouvre devant soi !

« Mon ami est bon, il va me le montrer. » Voilà une autre remarque que j’entends souvent en vélo de montagne. Et de là naissent des conseils qui ne s’avèrent pas toujours judicieux malheureusement : lâche les freins, recule tes fesses, regarde loin, c’est facile, fais comme moi… Ce sont des propos qui se veulent sans doute bienveillants, mais il s’agit de raccourcis pour exprimer des concepts qui méritent d’être plus détaillés et mieux compris par les apprenants.

Une personne de votre entourage qui pratique le sport depuis plusieurs années peut avoir un talent exceptionnel, mais elle n’a pas pour autant les aptitudes ou les compétences pédagogiques pour expliquer un concept et le décortiquer en plusieurs petites bouchées digestes.

Les personnes qui sont certifiées sont formées pour transmettre ce qu’il faut savoir au bon moment. Leur formation les amène à s’adapter au calibre de l’apprenant et à déterminer quels sont, en priorité, les éléments nécessaires à connaître, ici et maintenant, pour faire progresser leurs élèves de façon sécuritaire.

« Je suis à un niveau trop avancé ; les tutoriels en ligne me suffisent », me disent certains. À cela je réponds qu’un tuto ne donnera jamais de rétroactions constructives permettant de s’améliorer. Oui, c’est agréable à regarder, utile pour valider ou comprendre une habileté ou une manœuvre. Toutefois, pour savoir si on arrive à mettre en pratique ce qu’on a appris, ça prend un observateur aguerri… avec un œil aiguisé.

Choisir un instructeur certifié

Plusieurs écoles, qu’elles soient privées, dans les centres ou les clubs, proposent des services de formation récréative et communautaire. Afin de bien choisir la personne qui vous aidera à progresser et qui répondra à vos attentes, cernez bien vos besoins ainsi que le style de votre pratique, et n’hésitez pas à poser des questions. Au Québec, la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC), par l’entremise du Programme national de certification des entraîneurs (PNCE), et la Professional Mountain Bike Instructor Association (PMBIA) forment des entraîneurs certifiés. Leurs programmes sont basés sur l’enseignement des habiletés cyclistes et l’encadrement sécuritaire d’un groupe.

Se regarder en vidéo permet de corriger ses mauvais plis. © LVL UP MTB / Simon Drouin

Plus on avance, plus nos petits travers se solidifient. Être sous l’observation d’une personne formée comporte son lot d’avantages, comme celui de déterminer ce défaut qui freine notre progression et de nous aider à le corriger.

Dans ma pratique, je rencontre principalement des cyclistes intermédiaires qui ont atteint un plateau, c’est-à-dire qu’ils ont cessé de s’améliorer, et même, régressent parfois. Lorsqu’ils essaient d’aller plus vite, qu’ils tentent de franchir des obstacles plus gros ou de parcourir des sentiers plus complexes, ça ne fonctionne plus. Ont-ils atteint leurs limites ? Non ! Au banc des accusés : de petites mauvaises habitudes qui, sans trop qu’ils s’en rendent compte, se sont installées.

Personnellement, je suis des cours chaque année. Pour valider mes acquis, pour expérimenter de nouvelles manœuvres, pour corriger mes mauvais plis, me faire filmer, recevoir de la rétroaction, me fixer de nouveaux défis (réalistes) ou encore, simplement vérifier ma compréhension de certaines notions. Je considère que je ne finirai jamais d’apprendre de nouvelles choses. Le sport évolue si vite !

Pour suivre le rythme, comme pour bâtir une maison, ça prend de bonnes fondations. Avec les années d’expérience qui s’accumulent, les acquis se consolident, et il devient plus facile d’ajouter de nouvelles aptitudes qui reposent sur du solide.

Cours particuliers ou en groupe, stages, clubs récréatifs, camps de formation… Ce ne sont pas les choix qui manquent. Partout au Québec, l’offre est grande et variée, les entraîneurs se professionnalisent, l’industrie s’organise. Pourquoi ne pas en profiter ?

Travailler ses virages est un bon moyen de gagner en stabilité et en vitesse. © BikeSkills / Jean-Sébastien Chartier-Plante

Conseils de pro

Les principes de base pour réussir les (satanés) virages

La bête noire de tous les cyclistes de montagne, je vous l’écris noir sur blanc, c’est la maîtrise des virages. Pour y arriver, c’est une question d’années. M’inspirant des erreurs les plus fréquentes observées dans mon enseignement, je propose ici de petites corrections de base qui apportent de grands changements.

ERREUR 1 : LES BRAS
Je vois souvent des cyclistes négocier un virage avec les bras tendus, bien droits. Cela les incite à reculer leur corps et ils finissent complètement décentrés, presque assis sur la roue arrière.
Dans un virage, les coudes doivent être placés haut et largement écartés du corps tout en gardant ce dernier au centre du vélo et le menton au-dessus de la potence. Cette position engagée donne de l’espace pour laisser bouger le vélo de gauche à droite et oblige le cycliste à rester bien centré.

EXERCICE : À basse vitesse, dans un vaste espace libre d’obstacles, exercez-vous à entrer et à sortir d’un tunnel imaginaire, passant de la position neutre à la position engagée en fléchissant d’abord les coudes puis en abaissant légèrement votre centre de masse. Attention à ne pas reculer les fesses ou à vous écraser (les jambes complètement fléchies). Explorez ensuite la mobilité gauche-droite en faisant un mouvement d’essuie-glace avec les bras.

ERREUR 2 : LE REGARD
Le vélo se dirige là où l’on regarde. Dans un virage, ça tourne, et la tête devrait faire de même. Il y a deux points où il faut porter son attention : l’entrée et la sortie. Puisqu’on doit anticiper le terrain, le regard doit porter sur le prochain point à atteindre et non sur celui où l’on se trouve. Portez votre regard au loin en évitant de fixer ce point.

EXERCICE : filmez-vous à vitesse sécuritaire dans un virage connu que vous maîtrisez bien. Visionnez votre manœuvre et observez où pointe votre menton. C’est un bon indicateur pour noter où porte naturellement le regard. Au besoin, déterminez une chose à corriger (une à la fois) et recommencez.

ERREUR 3 : LA LIGNE
Du regard découle l’erreur la plus fréquente : ne pas entrer au bon endroit dans le virage. La plupart des cyclistes débutants visent l’apex (le point central intérieur du virage), ce qui les amène à foncer, littéralement, dans la courbe du virage. C’est inefficace et plutôt effrayant (c’est là qu’on enfonce les freins dans l’urgence !).

Un virage est réussi lorsqu’on en sort à la même vitesse ou, préférablement, plus vite qu’on y est entré.

EXERCICE : Pédalez à une vitesse suffisamment lente pour ne pas avoir à freiner, puis visez d’abord l’entrée du virage de façon à rouler le plus à l’extérieur possible. En balayant rapidement le regard de l’apex à la sortie, le menton se retrouve au-­dessus de l’épaule le temps de franchir la courbe. Tout le corps se réaligne ensuite tout naturellement vers une position plus neutre.

Note : Peu importe notre calibre, suivre un cours avec une personne ayant obtenu une certification d’une école de vélo de montagne reconnue est la meilleure façon d’avoir un bon encadrement et de progresser de façon sécuritaire.

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