Avant de partir en voyage de vélo, beaucoup de parents patientent, attendant que bébé grandisse, qu’il soit capable de pédaler et qu’il porte ses bagages. Nous n’avons pas attendu. Notre fils Léo avait 1 an lorsque Vanessa et moi avons découvert les joies (et les défis) du cyclotourisme en famille. Aujourd’hui, Léo a 8 ans et Lucas, 5 ans. Nous partageons avec vous notre expérience, selon les différents âges des enfants, un coup de pédale à la fois, et vous offrons notre réflexion sur l’équipement adapté ainsi que des trucs pour répondre aux besoins essentiels de toute la famille.
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Quel équipement choisir ?
Connaissez-vous le minimalisme ? Il vous permet non seulement de conserver votre énergie en transportant moins de poids, mais aussi de gérer moins de matériel, ce qui laisse davantage de temps pour l’essentiel : la famille, les découvertes, les rencontres et la nature.
Une bonne préparation demeure tout de même indispensable. Les sacoches, fondamentales, sont votre rangement de cuisine (ustensiles, garde-manger), de chambre à coucher (tente, literie) et de bureau (outils de travail et dispositifs de communication) de même que votre garde-robe (vêtements de beau temps et de mauvais temps). Il importe de toujours savoir où se trouve chaque élément, surtout les plus petits, sinon… bonne chance sous une pluie battante, la trousse de réparation de crevaison pourrait se cacher n’importe où… (Je confirme !) Afin de bien répartir la charge sur les roues, placez davantage de poids à l’avant et les objets volumineux à l’arrière.
L’équipement est tributaire en partie de l’âge des enfants. Allons-y chronologiquement.
À 1 an. Il est suggéré d’attendre que les enfants aient au moins 1 an avant de commencer l’aventure, histoire de l’effectuer en douceur.
Été comme hiver, une bonne remorque est le nerf de la guerre pour les parents actifs. Munie de sa housse imperméable, la Thule fait preuve d’une incroyable polyvalence et d’une solidité à toute épreuve. Le prix est élevé (même en achetant usagé), toutefois cette pièce d’équipement vous rendra de bons et loyaux services pendant des années.
Le complément idéal du chariot s’avère l’écharpe de portage, à la fois légère et compacte. Bien ajustée, elle élargit l’éventail des activités possibles avec bébé.
De 2 à 4 ans. L’âge des gamins déterminera l’équipement à privilégier. Avant qu’il ne pédale, on placera l’enfant aux premières loges grâce à un siège fixé entre le guidon et la selle du parent. Léger, le Feva Star Seat est confortable et facile à installer ; par contre si, comme moi, vous poussez votre vélo dans les montées abruptes, votre enfant devra marcher ou retourner dans le chariot.
Dès que l’enfant pourra pédaler, place au FollowMe Tandem, un système de fixation de roue à roue servant à tracter un vélo d’enfant ; c’est pesant, mais quelle solidité et quelle stabilité ! À faire pâlir d’envie n’importe quelle girafe/barre de remorquage ! Avant tout achat, vérifiez la compatibilité auprès du fabricant.
Et le Weehoo ? Son accroche sur la tige de selle empêche de poser des sacs étanches par-dessus le porte-bagages arrière, donc limitatif…
À partir de 5 ans. Quand les petits ont cet âge, d’autres options s’offrent à vous. Le FollowMe Tandem s’adapte aux roues de 12 à 20 po. Jusqu’à maintenant, notre famille a privilégié des vélos pour enfants en acier, en raison de leur prix et de leur solidité. L’étape suivante est de tirer Léo quand il montre des signes de fatigue. Nous avons opté pour le Tire-Vélo. Ce dispositif se compose d’un double crochet, d’un tendeur et d’un enrouleur fixé juste sous la selle du parent.
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À quel rythme avancer ?
Quel que soit l’âge de votre progéniture, prévoyez au moins deux journées de repos par semaine, et évitez bien sûr les routes passantes.
Votre enfant a 1 an ? Allez hop, dans le chariot ! À raison de deux siestes par jour, il est facile de parcourir au-delà de 50 km dans la journée.
Il a de 2 à 4 ans ? C’est l’énergie du matin qui servira à avancer. À Taïwan, Lucas avait 18 mois et Léo, 4 ans. Tous les après-midis, la fatigue s’invitait et la même routine s’installait : les deux frères se retrouvaient dans la remorque pour des chants et des rigolades. Puis l’un ou l’autre, parfois les deux, se mettaient à pleurer. Et finalement, le silence régnait dans le chariot. Moyenne quotidienne : 40 km.
Il a 5 ans ou plus ? Alors il pédale comme un grand, tracté par le FollowMe Tandem. Le moteur tourne vite le matin, cependant il n’y a habituellement plus de siestes en après-midi, il faudra gérer la fatigue croissante. Où que vous alliez, vos roues croiseront inévitablement des montées. En général, nous les faisons à pied, sauf qu’à 5 ans, l’enfant est lourd à tirer. Et il soutient souvent être trop fatigué pour marcher. Que faire ? Vous assurer que son taux de glycémie est optimal, qu’il s’hydrate suffisamment, puis chanter des chansons et inventer des histoires en chemin ! En Nouvelle-Zélande, je racontais aux enfants les aventures de bébé ours à la recherche des cités perdues. Même moi, je me prenais au jeu, et les montées m’apparaissaient plus faciles ! Distance quotidienne : entre 40 et 50 km.
Comment répondre aux besoins essentiels ?
La pandémie a fait que bien des gens ont oublié les bienfaits du voyage. Petit rappel de ces bienfaits : se sentir libre, vivre l’instant présent, se connecter à la nature, éveiller sa curiosité, relever des défis, développer sa confiance en soi, découvrir la diversité culturelle, lutter contre ses préjugés, dépasser certaines peurs. Et pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour ressentir ces bénéfices ! Transposez ces bénéfices à hauteur d’enfant, et vous comprendrez qu’une aventure unique vous attend grâce au cyclotourisme.
Premier truc. Prévoir suffisamment de nourriture. À vélo, manquer de nourriture, c’est manquer de carburant. L’allaitement facilite les choses dans le cas d’un bébé de 12 mois, et c’est toujours à la bonne température. Pour le reste, pour nous, un repas santé rime avec simplicité, diversité et équilibre, et depuis des années, nous nous servons de la même grande couverture colorée pour nos pique-niques : très pratique comme table basse !
Deuxième truc. Boire de l’eau saine et en quantité suffisante. Depuis 2012, nous utilisons le microfiltre MiniWorks EX de MSR. Pomper nécessite un peu d’effort, un nettoyage est de rigueur de temps en temps, mais nul besoin de piles ! Ce filtre est compact et léger, et toutes les pièces usées sont remplaçables. Bref, en complément des bouteilles Nalgene de 1 L et d’un sac-réservoir de 4 L, c’est un équipement indispensable.
Troisième truc. Bien dormir. Outre certains équipements de confort, le choix du lieu constitue l’élément clé d’une bonne nuit. En autonomie complète, on peut s’arrêter n’importe où… ou presque : bien que nous soyons de fervents amateurs du camping sauvage, nous sommes conscients des restrictions locales et des enjeux environnementaux. Lors de votre prochaine planification, rien de tel que de contacter la communauté Warmshowers ; quelle que soit votre destination, la grande famille des cyclotouristes aura réponse à vos besoins d’hébergement. Souvent, nous demandons aux gens si nous pouvons camper chez eux ; dans les pays francophones et anglophones, il est aisé de communiquer, alors qu’en Asie et en Pologne, nous avons utilisé une petite présentation papier traduite dans la langue locale. Quoique ce soit intimidant et que les réponses soient parfois négatives, que de belles rencontres ! Au pire, il y a toujours les campings officiels, les auberges de jeunesse et les hôtels.
Quatrième truc. Vive le jeu libre ! Le temps d’écran et les sports organisés sont-ils considérés comme des formes de jeu libre ? Pas du tout. Selon l’Association canadienne de santé publique, le jeu libre, c’est « quand les enfants suivent leurs instincts, leurs idées et leurs intérêts sans se voir imposer un résultat », et c’est aussi « un droit de l’enfant et un élément essentiel à la santé et au bien-être durant l’enfance ». En voyage, nous n’emportons pas (ou peu) de jouets, et les enfants s’amusent avec ce qu’ils trouvent. Ils s’inventent des mondes à partir de roches, de bouts de bois, de sable et de terre. Ce n’est pas une raison pour laisser votre bambin jouer seul dans la tente : il nous est arrivé de retrouver tout le contenu de nos sacoches Arkel sens dessus dessous aux côtés d’un Léo tout souriant. Et dire que notre petit bébé a déjà 8 ans… Pourtant, il me semble que c’est hier que nous avons fêté son premier anniversaire en Pologne…
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Et les défis, quels sont-ils ?
Durant les premières années, les parents pédalent alors que l’enfant dort ou se repose. À cette manière de procéder, il ne faut surtout pas que les deux parents s’épuisent, sinon, qui s’occupera de l’enfant débordant d’énergie ? Les vrais défis se résument donc à la gestion de l’énergie, des émotions, des imprévus, des doutes, de la météo et des autres aléas du voyage. Quoi qu’il en soit, le meilleur rythme à vélo sera celui qui convient à toute la famille. Et en voyage comme à la maison, vous le savez, les clés pour passer à travers les crises se trouvent dans l’écoute, la communication, la patience, l’empathie et l’amour.