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Hors-Québec

Pourquoi le tour du monde?

12-05-2019
Touring Goderdzi Pass (Géorgie)

Goderdzi Pass, en Géorgie

Je frissonne dans ma tente. Dehors, il neige violemment. À 4200 m d’altitude, enfoui dans mon sac de couchage, je porte une veste et un manteau en duvet par-dessus deux chandails. J’entends à peine, enterré par le bruit du vent, le bouillonnement de l’eau mise à chauffer sur mon réchaud pour apprêter mon souper de pâtes.

Cette aventure dans les montagnes du Pamir, au Tadjikistan, n’est qu’une histoire parmi les dizaines ajoutées à mes souvenirs depuis mon départ.

Jo en chapeau (Myanmar)

Jonathan au Myanmar

Il y a un peu plus d’un an, je me suis envolé vers l’Angleterre, d’où j’ai commencé à appuyer sur mes pédales pour faire le tour du globe à vélo. En réalité, mon plan original était de partir un an seulement, et d’arrêter au Vietnam. Mais rapidement, je me suis mis à tellement aimer l’aventure que je me suis convaincu de poursuivre la route et de revenir à la maison par la force de mes cuisses, en terminant le périple par la traversée de l’Amérique. Au moment d’écrire ces lignes, j’approche la trentaine de pays, de l’Europe à l’Asie du Sud-Est en passant par le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et tous ces -stan de l’Asie centrale.

Comme sans doute beaucoup d’entre vous, j’avais déjà fantasmé sur un tel périple avant. Et si je tournais à gauche plutôt qu’à droite et que je ne retournais pas à la maison, jusqu’où pourrais-je aller? La réponse est assez simple: avec suffisamment de temps et de motivation, tout est accessible à vélo. Après toutes ces frontières traversées, je n’en reviens toujours pas de la possibilité de parcourir des pays entiers par la seule force de mes jambes.

 

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La décision

Assis sur la route (Kazakhstan)

Assis sur la route au Kazakhstan

Alors, qu’est-ce qui fait qu’on arrête de rêver et qu’on prend la décision de se lancer dans une telle aventure? Une prise de conscience, tout d’abord. Celle que la vie n’est pas assez longue pour constamment repousser ses rêves. Le décès de ma mère par cancer, il y a quelques années, m’a fait réaliser la fragilité de la vie. Et bien qu’il n’y ait jamais de moment parfait pour quitter son confort et partir explorer le monde, le moment idéal peut se préparer.

J’ai remboursé mes dettes, vendu des meubles, tracé mon itinéraire et rassemblé l’équipement nécessaire à une vie sur la route. Puis, le cœur gros, j’ai remis ma démission. «Où vas-tu travailler?» m’ont demandé mes collègues. «Nulle part. Je m’en vais pédaler le monde.» À mon grand étonnement, personne ne m’a traité de fou. Au contraire, j’ai réalisé que la majorité des gens portent en eux un rêve enfoui, refoulé pour plein de raisons. «Ah ! Si j’étais plus jeune. Si j’avais tes couilles!» Fort de cette approbation-surprise, mes cuissards, mes couilles et moi sommes partis.

À vitesse humaine

Rivière montagnes Bosnie

Rivière et montagnes en Bosnie

C’est ainsi qu’il y a quelques mois, je roulais aux côtés d’un Français qui pédalait de Paris à la Chine. «Je n’aime même pas vraiment ça, le vélo, me confie-t-il un jour… Mais c’est quand même moins plate que de marcher!»

Les journées peuvent parfois sembler longues quand mouliner devient son boulot. Mais pédaler permet d’aller à une vitesse tellement plus humaine que de simplement peser sur un accélérateur. Les paysages défilent sous nos yeux à l’allure d’un oiseau qui prend le temps de s’arrêter. Les cathédrales européennes, les mosquées de Turquie, les cimes enneigées des Alpes ou de l’Himalaya, les rizières vietnamiennes, les paysages infinis du désert kazakh: l’horizon se déroule devant le cycliste à chaque coup de pédale. Et partout, des sourires, des invitations à prendre le thé, à comprendre de nouvelles cultures, à oublier les différences, à célébrer le moment présent.

J’ai toujours été amateur de vélo. Mais le choix de la bécane comme moyen de transport a surtout été lié au fait que c’est la meilleure façon de sortir des sentiers battus, d’aller à la rencontre des gens et de réellement apprécier la topographie et les paysages, que le voyage soit d’une fin de semaine ou de plusieurs années.

L’accessibilité du voyage

Chemin gorge (Safedoron, Tadjikistan)

Chemin dans une gorge au Tadjikistan

Et je ne suis pas seul. Sur la route, je rencontre constamment des voyageurs cyclistes: hommes et femmes, en couple ou seuls, de tous âges et toutes conditions physiques.

Aujourd’hui, l’accessibilité des voyages à vélo est plus grande que jamais. Avec l’internet à portée de main pratiquement partout sur le globe, les cartes GPS gratuites et l’étendue sans cesse grandissante du sport, devenir explorateur à vélo n’a jamais été aussi facile

Le monde est un endroit accueillant et magnifique. Pourquoi ne pas vous donner un défi lors de vos prochaines sorties? Demandez de l’eau à un inconnu. Posez votre tente dans un champ. Tournez à gauche plutôt qu’à droite… et demandez-vous jusqu’où vous pourriez pédaler comme ça.

Suivez Jonathan à travers le monde avec son blogue!

jonathanbroy.com

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