Cargo, à assistance électrique, à courroie, électronique, pliable: le vélo de ville prend des formes de plus en plus diverses. Ce faisant, il laisse présager un avenir où être un citadin à vélo ne sera plus l’exception, mais bien la règle.
Pour rêver du vélo urbain de demain, il est utile de critiquer celui d’hier. De 1999 à 2012, Alec Stephani a signé le design de la gamme de vélos Urbanista de la compagnie québécoise Opus. Au fil de ses années de création, il en a vu beaucoup, des machines mal pensées. «Il n’y a pas si longtemps, cette catégorie de vélos ne réunissait que des hybrides, que je considère comme des erreurs de conception. Ces derniers ne sont adaptés à rien, ils sont médiocres dans tout », déplore le créateur de l’émission UrbArt, sur MAtv, qui traite de culture urbaine par l’entremise du mouvement Slow Bike. «Pourtant, à la base, un vélo de ville doit servir à se déplacer, à se véhiculer, à asseoir sa liberté. »
Selon lui, le vélo d’un citadin doit avant tout être fonctionnel, de manière à compléter le mode de vie de son utilisateur. Et comme ce dernier est avant tout un automobiliste sur deux roues – du moins, en Amérique du Nord –, il faut lui offrir des vélos de ville qui équivalent à un char : fiables, qu’on peut stationner en toute sécurité, qui permettent d’arriver au travail autrement qu’en sueur, etc
Même son de cloche du côté de David Viens de Vélo Ya, une entreprise de Québec qui se spécialise dans la conception et la fabrication de vélos cargos sur mesure. « Ce type de vélo est vraiment l’équivalent cycliste d’un VUS, mais il offre davantage de liberté et de polyvalence. Dans certaines villes européennes, la compagnie de livraison United Parcel Service (UPS) a remplacé ses camions par des vélos cargos précisément pour cette raison», illustre-t-il.
Le jeune père de famille, qui transporte ses trois enfants en vélo cargo, fait néanmoins de l’électrification une condition sine qua non à l’explosion du cyclisme urbain. «Avec l’assistance électrique, on obtient la souplesse du vélo tout en gardant le côté pratique et fiable de l’auto. Bref, on a le meilleur des deux mondes», soutient-il.
S’il risque d’être électrique, le vélo de demain ne sera toutefois pas bourré de gadgets, croit Alec Stephani. « Je ne pense pas que la bicyclette va devenir intelligente, comme le promettent certains. Même la roue libre et la chaîne sont parfois de trop! C’est dans la nature de l’objet d’être simple, low tech et peu coûteux», pense l’artiste multidisciplinaire de Montréal.
Minimaliste, électrique et aussi commode qu’une voiture: voici ce à quoi ressemblera le vélo de ville du futur. Il se peut même qu’il prenne un peu moins de place et qu’il suffise de le plier…