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Le blogue de David Desjardins

Les loups de la route

31-08-2017

Ça change.

Les rapports entre cyclistes et automobilistes prennent du mieux, c’est clair.

Suffit de ralentir à un carrefour pour que les automobilistes vous fassent désormais signe de continuer même s’ils avaient la priorité. C’était autrefois ponctuel. C’est presque devenu la norme.

La loi du mètre et du mètre et demi fait aussi son chemin. Les panneaux un peu partout sur nos routes ne nuisent sans doute pas. Presque toujours, les voitures s’éloignent le plus possible des vélos et, fait autrefois presque impensable, il leur arrive désormais de ralentir et d’attendre de pouvoir dépasser de manière sécuritaire plutôt que de nous frôler.

Mais il reste les autres. Et il en suffit d’un pour vous pourrir la vie. Ou vous tuer.

Le chauffeur de camion d’huile qui m’a tassé jusqu’au trottoir sur un pont. Le conducteur d’un pick up d’une compagnie de toitures qui m’a hurlé d’aller prendre la pisssssse cyclable avant me faire une queue de poisson puis de m’enfumer volontairement. Le type qui est passé à côté de moi en me criant dessus, alors que je roulais avec un ami, en file indienne, bien calé dans l’accotement sur une route dont la vitesse maximale est de 70km/h.

Ça, c’était la semaine dernière seulement.

On peut dire ce que l’on veut sur l’imprudence des cyclistes. La haine que nous réservent certains usagers de la route est sans commune mesure. En matière de mise en péril des autres utilisateurs, plus vulnérables qu’eux, bien sûr. Mais aussi, en termes de simple humanité.

Que s’est-il produit dans le cœur des hommes pour que sourde cette colère folle lorsqu’ils sont ralentis pour quelques instants ou qu’ils croisent un « corps étranger » sur leur chemin?

Et si je leur vole 30 secondes de leur vie, tandis que je roule devant eux pour éviter des fissures grosses comme ma tête, en quoi cela justifie-t-il les insultes, les injures, les gestes imprudents?

Il faut que le climat social soit drôlement pourri, et que quelque chose cloche dans la tête de nos contemporains pour que quelques grains de sablier échappés les rendent à moitié fous.

Ces gens me font penser aux membres du groupe crypto-fasciste de la Meute. Leur colère sortie d’une sorte de boîte à surprise. Et leur détestation de la différence et du nouvel arrivant dans leur territoire m’apparait comme une réponse à autre chose, en réalité. Le symptôme étrange d’une maladie silencieuse, invisible.

Une insécurité? L’accumulation de mille autres choses qui appesantit leurs âmes en peine?

Je me console en songeant que, de manière générale, les choses vont beaucoup mieux sur les routes. Et je croise les doigts en espérant qu’un des mongols qui ne peuvent souffrir de me voir sur LEUR route ne commette pas l’irréparable.

Tout a beau aller beaucoup mieux, il n’en faudrait qu’un. Un loup de la route.
 

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