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Le blogue de David Desjardins

Mathieu Bélanger-Barrette : L’art de se mettre dans le trouble

03-03-2021

Mathieu Bélanger-Barrette © McAllister

Compétiteur de cross-country converti aux marathons de vélo de montagne et aux courses à étapes, Mathieu Bélanger-Barrette livre sa plus importante compétition avec lui-même afin d’imaginer sans cesse de nouvelles manières d’abattre en solitaire les frontières de ses capacités physiques. «J’pense que j’aime un peu ça me mettre dans le trouble », constate Mathieu Bélanger-Barrette en éclatant de rire.

Difficile de lui donner tort, à voir comment, pendant que le reste de son équipe (Team Pivot Cycles OTE) s’attaque aux circuits nationaux et internationaux de cross-country, l’ingénieur trentenaire de Québec concocte des plans délirants pour se faire mal. Comme celui de totaliser 150 km de singletrack en une journée à Burke au printemps dernier. Ou, après avoir remporté la plus récente édition de la TransRockies, de s’attaquer au dénivelé total du mont Everest (8848 m) en grimpant le mont Sainte-Anne 14,5 fois.

«Mon but, explique-t-il, c’est d’aller toujours un peu plus loin. Je cherche des manières de repousser mes limites. Mais, passé un certain niveau, il n’y a plus vraiment de format existant qui correspond à où j’en suis. Alors j’imagine le projet, puis je le fais… Et de toute façon, si j’avais voulu organiser une course d’Everesting, personne ne serait venu», s’esclaffe-t-il.

Seul et avec les autres

Il y a deux aspects particulièrement intéressants dans le virage compétitif entrepris par Mathieu Bélanger-Barrette. D’abord, son rapport au défi personnel. Car, même s’il avoue trouver plus facilement de satisfaction dans les épreuves alternatives qu’il s’inflige que dans une course officielle, il constate du même souffle qu’il place la barre très haut lorsqu’il s’élance en solo. «En compétition, tu suis un peu la course ; il y a un moment où les choses se décident: tu fais le groupe de tête ou pas.

Mais quand t’es tout seul pendant plus de 8000 m de dénivelé ou 150 km de singletrack, tu peux creuser plus loin en toi. Je me mets dans le pétrin solide quand je fais ce genre de chose, rigole-t-il. Mes cinq premières montées de l’Everesting, par exemple, ont été parmi mes plus rapides à vie, et à Burke, je faisais des KOM (sur Strava, meilleurs temps parmi tous les utilisateurs d’un segment désigné) alors qu’il me restait six heures à faire… ça te donne une idée», laisse-t-il tomber, avec un ton où percole ce fascinant mélange d’autodérision et de satisfaction qui est aussi, en quelque sorte, l’esprit de ses accomplissements. Une sorte de frivolité de l’extrême.

Mais ce qui paraît le plus intéressant, c’est de le voir migrer, comme plusieurs professionnels (pensons au virage partiel de EF Education First l’an dernier), vers des événements ouverts au public. Comme en participant au Raid Vélo Mag, aux courses hors-route Big Red et Buckland sur gravelle. «Derrière mon changement d’orientation, il y avait l’idée que c’est là que se trouve l’avenir pour les athlètes comme moi.»

Le voilà donc au cœur de réseaux sociaux vivants, peuplés de participants qui constituent le public cible de ses commanditaires, et où le commun des mortels peut s’identifier avec les meneurs puisqu’ils ont partagé la même expérience. «Sans parler que ça me permet de côtoyer du monde tripant qui, même s’ils ne sont pas parmi les meilleurs, partagent mon attitude, ma manière de voir le sport.»

Mathieu continue donc de faire des plans déments. Il rêve de championnats du monde de 24 h de vélo de montagne en Australie. Du cruel duo LeadBoat (les exténuantes courses de Leadville et Steamboat sur deux jours consécutifs) et de quelques courses à étapes dans l’Ouest canadien, sans parler d’autres idées hors du radar. «Avec Sarah, ma blonde, on voudrait faire un Everesting de skimo.» Rien que ça.

«Mon but, c’est d’aller toujours un peu plus loin. Je cherche des manières de repousser mes limites. Mais, passé un certain niveau, il n’y a plus vraiment de format existant qui correspond à où j’en suis. Alors j’imagine le projet, puis je le fais…»

A lire aussi : Omloop, OMG !

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