J’ai commencé le vélo de montagne à 40 ans. J’étais une sportive, mais vraiment pas une cycliste dans l’âme. Contre toute attente – les miennes surtout –, j’ai eu tout un coup de foudre. Si j’en crois mon fil d’actualité Instagram, il m’aura fallu à peine un mois entre mon premier kilomètre et l’achat de mon premier vélo de montagne. C’était en 2016. Huit ans plus tard, c’est mon gagne-pain.
Rare, je le suis certainement dans mon cheminement, toutefois, pas si exceptionnelle si on s’en tient aux motivations. Pourquoi les adeptes aiment-ils autant leur sport ? ChatGPT me répond froidement : « Activité polyvalente qui amène de nombreux avantages sur les plans physique, mental et émotionnel. » Mais encore ? À la recherche d’humanité et d’émotions, j’ai sondé, de façon très peu scientifique, des cyclistes de tous âges et de toutes disciplines. Je dresse ici la liste des mots clés qui ont résonné le plus fort lors de mon « enquête » – une sorte d’argumentaire de passionnés qui, je l’espère, vous incitera à en faire l’essai ou à initier amies, amis et famille.
Moment présent
Sans aucun doute ce qui revient le plus souvent. Sport d’action où tous les sens sont sollicités chaque seconde, le vélo de montagne ne laisse pas le temps de penser à sa liste d’épicerie. « Il faut être là à 100 % », dit Audrey. « C’est de la pleine conscience, ajoute Mélanie. Rien ne peut entrer dans ma tête quand je suis en sentier. »
Détente
Si la pratique nous oblige à rester concentrés pour affronter un obstacle technique ou accomplir une figure aérienne, elle est aussi synonyme d’apaisement. « Dès que je m’arrête, la contemplation de la nature me ramène à l’instant présent, sous un autre angle », constate Alexandre. Intensité et répit cohabitent à merveille, et ils contribuent à reposer le corps et l’esprit.
Nature
C’est que l’effort physique est en pleine nature. Le chant des oiseaux, le bruissement du vent dans les feuilles ou les échos de la rivière sont pour plusieurs de rares et précieux moments de silence.
Équilibre
Dans nos vies occupées, le vélo de montagne représente un symbole puissant d’équilibre tant physique que mental. « Pédaler est bien plus qu’un sport, pour moi. C’est un moyen de conserver mon équilibre de vie, de me ressourcer et de rester en harmonie avec moi-même », relève Sophie. Autant pour Ariana, 6 ans, que pour Mathieu, 46 ans, le vélo de montagne réunit le meilleur des deux mondes : être en nature et bouger. Il n’y a pas d’âge pour apprécier cet équilibre.
Entraînement
Sans contredit, pédaler fait suer ! Excellente manière de se mettre ou se tenir en forme, notre sport préféré est complet : il renforce les muscles des jambes, des bras et du tronc, améliore l’endurance et les fonctions cardiorespiratoires, brûle des calories. Peu importe la pratique, ces bienfaits concourent à maintenir une bonne condition physique et à produire tout un tas d’hormones.
Peur/hormones humaines/rush/sensations
Aux mots nature et sport, Loan, 9 ans, accole une émotion forte : la peur. Les adultes, eux, parlent d’adrénaline, d’endorphine ou de sérotonine, toute cette chimie naturelle qui est libérée dès que nos pieds touchent les pédales. « Un obstacle, de la vitesse, des sauts, des manœuvres tentées dans un stationnement, tout ça me donne toujours un rush qui ne se compare à rien d’autre ! » s’exclame Félix. Pour Christo, 12 ans, cette poussée d’adrénaline se nomme liberté : un fort ressenti lorsqu’il s’amuse à réaliser des prouesses aériennes. « C’est le moyen le plus fiable d’avoir des sensations qui seront souvent les meilleures de ma journée », soutient Nicolas, cycliste heureux qui dit être toujours à un wheelie de la satisfaction. Une prescription renouvelable chaque jour !
Accomplissement
Cette immense vague d’émotions qui nous habite est le résultat de tout ce que ça engage : la stimulation, l’énergie et l’effort requis pour réussir, se dépasser. La montagne offre son lot de défis, chacun y trouve son intérêt. Beaucoup souhaitent repousser leurs limites et se fixer des objectifs pour développer leurs compétences. « Chaque fois que je réussis à gravir une montée difficile ou à négocier une descente technique, je ressens une satisfaction personnelle », note Geneviève. Pour Sandy, toute occasion de progresser en vélo est une façon de devenir une meilleure version de lui-même.
Créativité
Pas besoin de faire des folies pour accéder à cet instant de grâce ! Comme Valentin le mentionne, le vélo de montagne laisse place à beaucoup de créativité : « En m’adaptant au terrain et aux conditions et en essayant de nouvelles lignes, des manœuvres ou des défis. » En effet, la montagne est un terrain de jeu qui n’a de limites que celles de notre imagination.
Communauté
Si on est seul au guidon, la pratique tisse cependant des liens sociaux extrêmement forts. « Les amis catalysent l’expérience, remarque Geneviève. Les échanges sur les défis relevés, l’entraide et l’encouragement pour atteindre nos objectifs, les jasettes dans les montées et l’humour pour rendre agréables les sections plus ardues, les rencontres de stationnement après la sortie, et même les corvées : tout nous réunit ! »
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Pour le mot de la fin, difficile de trouver mieux que ceux proposés par Benoît : « C’est un art de vivre chaque seconde comme un moment d’éternité. » Poétique, n’est-ce pas ?
Conseil de pro
Réussir sa première sortie
Certaines pratiques sont particulièrement gagnantes lorsque vient le moment d’initier un proche ou pour s’offrir une belle première expérience en montagne. Ça peut faire la différence entre « encore » ou « plus jamais ! ». Voici mes conseils pour donner la piqûre à n’importe qui (ou presque).
1. L’équipement
Comme dans toute activité, le choix de l’équipement donne le ton à la sortie.
- Vélo. Aucun compromis ne doit être fait sur la taille de cadre. Un positionnement adéquat aux trois points de contact (guidon, selle, pédales) et un réglage minimal des suspensions sont rapides et simples à faire. C’est le minimum pour une expérience positive. Location recommandée.
- Pédales et chaussures. Préférer une pédale plateforme et un soulier à semelle plate qui a du corps (style Vans), un combo sécuritaire qui a fait ses preuves pour donner confiance à un débutant.
- Vêtements. Adaptés à la météo et qui sèchent vite. Mon truc : trouver l’air un peu frisquet avant de partir est signe de confort dès qu’on s’active. Éviter le coton et les vêtements amples.
- Accessoires. Un casque, de l’eau et une collation sont non négociables ! Le reste viendra bien plus tard.
2. Le sentier
Viser le plaisir ! On recherche un sentier classé débutant, large et comportant une surface travaillée mécaniquement. Un faible dénivelé est moins exigeant et facilite la gestion de la vitesse. Plus le terrain est exempt d’obstacles, plus le cycliste a le temps d’apprécier le moment, de s’approprier sa monture… et de se détendre.
3. La sortie
Planifier un itinéraire court − moins de 5 km − qui ne s’éloigne pas trop de l’accueil. Refaire la boucle à répétition bâtit la confiance en ses capacités puisque l’amélioration est facilement notable. Mettre fin à l’activité avant que la fatigue ne se manifeste.
Note 1 : Lors d’une initiation, je conseille de ne pas utiliser un vélo à assistance électrique. Cela ajoute une charge supplémentaire en matière d’opérations de contrôle (accélération, freinage et pilotage) qui augmente le risque de chute. Mieux vaut opter pour un sentier de très faible dénivelé si la forme physique est un enjeu.
Note 2 : Je recommande de suivre un cours ou un mini-stage avec une école de vélo de montagne reconnue au cours de sa première saison de pratique, afin de progresser sur des bases solides.