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Reportage

La Route verte comme levier économique

12-07-2018

Il ne suffit que de quelques minutes de discussion avec Guy Bédard pour saisir le rôle déterminant que joue la Route verte en région. Le propriétaire du gîte Le Provincial art, situé à Nominingue, dans les Laurentides, n’a pas peur d’avouer que l’itinéraire cyclable est le moteur économique de la région ainsi que le gage de la survie de son bed & breakfast. « Il passe ici entre 800 et 1000 cyclistes par été, explique-t-il. La clientèle cycliste représente 80% de notre chiffre d’affaires. Sans la Route verte, nous n’existerions tout simplement pas. Dans notre coin de pays, la partie vélo est fondamentale. C’est pourquoi nous nous sommes réunis, il y a deux ans, en vue de brasser la cage du gouvernement qui coupait de moitié la subvention allouée à la Route verte. »

L’effort collectif, en outre d’avoir rallié 75commerçants, habitants et élus de la région (dont le député et cycliste Sylvain Pagé), a été fructueux. « Nous sommes parvenus à faire comprendre au gouvernement que les retombées économiques sont énormes. Si celles-ci frôlaient les 15 millions de dollars avec 400 000 passages au début des années 2000, elles sont forcément encore plus importantes avec les 1,2 million de passages dénombrés l’an dernier. »

P'tit train du nord

Même son de cloche de Mario Belley, instigateur de Saint-Laurent à vélo, un service de transport de bagages, de location de vélos, de navette et d’aide à la création d’itinéraires au Québec. « C’est grâce à la Route verte que mon entreprise existe, dit-il. C’est l’un des éléments essentiels au développement de mon entreprise. J’ai lancé un parcours linéaire de Salaberry-de-Valleyfield à Rimouski ; c’est à partir de la Route verte que j’invite les gens à faire du vélo. Tous mes trajets sont bâtis autour de celle-ci. »

Basé à Trois-Rivières depuis trois ans, l’entrepreneur, qui prévoit accueillir entre 500 et 750 clients cette année, constate qu’il reste beaucoup de travail de sensibilisation à faire dans sa région. « En général, les commerçants sentent peu l’impact positif du cycliste, déplore-t-il. Du côté de la municipalité, la tâche n’est pas terminée non plus. C’est la raison pour laquelle je souhaite contribuer au développement et à la promotion de la Route verte, en plus de faire valoir l’importance du tourisme à vélo auprès des municipalités. Je veux m’impliquer de l’intérieur et faire réaliser aux gens les retombées que cela engendre, les convaincre de coopérer et, surtout, les amener à mesurer les nombreux bienfaits de la Route verte. »
Des exemples de réussite Selon Louis Carpentier, le directeur du développement de la Route verte chez Vélo Québec, plusieurs segments du parcours reflètent à merveille le caractère unificateur et économiquement stimulant de la Route Verte. « L’Estriade et son réseau situé à la limite des Cantons-de-l’Est et de la Montérégie peuvent être qualifiés de pionniers lorsqu’on parle d’unification des régions, affirme-t-il. Les élus des villes autour de ce tronçon de la Route verte ont cru au projet dès le départ et ont toujours été prêts à investir. Ces gens étaient des visionnaires: ils ont vu le vélo comme une manière d’attirer les visiteurs, d’offrir quelque chose de plus. Pascal Russell, maire de Waterloo et président de la corporation Carthy (Corporation d’aménagement récréotouristique de la Haute-Yamaska inc.), l’association qui gère le réseau L’Estriade, est d’ailleurs un ardent défenseur de la Route verte. Il a toujours cru aux retombées positives de ce parcours qu’il considère comme un projet régional. »

Ainsi, les municipalités des Cantons-del’Est, par exemple, n’ont jamais hésité à investir dans cette Route verte qui entraîne des retombées annuelles évaluées à 3,7 millions de dollars dans cette seule région. « Petit à petit, les gens se sont mis à avoir un discours plus économique et à comprendre que la Route verte est davantage qu’une simple piste de vélo, souligne Louis Carpentier. C’est un moteur économique payant pour les régions et les villes impliquées. »

La Véloroute des bleuets est également présentée comme un modèle qui est parvenu à rallier les gens du Lac-Saint-Jean autour d’un projet commun en développant une nouvelle offre touristique. « Tout en permettant à la région de se donner une identité propre, ajoute Louis Carpentier. Nous avons été témoins de la naissance de modèles d’affaires inédits (on n’a qu’à penser à Équinox Aventure et à son service de transport de bagages) et à des retombées annuelles frôlant les 10 millions de dollars, pour ce grand réseau touchant une vingtaine de localités liées à la Route verte (la Véloroute des bleuets est un des itinéraires vedettes de la Route verte). »

Dans les Laurentides, Le P’tit Train du Nord est digne de mention. Depuis son inauguration, une variété d’initiatives a vu le jour le long de ses 220 kilomètres de voies cyclables: gîtes ayant ouvert leurs portes ou dont l’exploitation a été poursuivie grâce à la Route verte, naissance du transporteur Autobus Le Petit Train du Nord ainsi que divers emplois générés dans le domaine de la restauration et de l’hébergement.

« C’est lors de moments de crise comme celle d’il y a deux ans qu’on comprend que la Route verte est indispensable à l’économie des régions, constate Louis Carpentier. Quand cette infrastructure est menacée, les gens qui se font habituellement discrets sortent de l’ombre et crient publiquement son importance. La Route verte fait partie du paysage des Québécois, qui s’y identifient fièrement. »

routeverte.com
 

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