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Reportage

La voix du vélo

27-10-2020
wallonie velo

Le Beau vélo de Ravel est aussi une manière de découvrir la Wallonie dans toute sa splendeur.

Chaque samedi de l’été, l’animateur de radio belge Adrien Joveneau et son équipe convient leurs auditeurs à la découverte d’une région de la Wallonie à vélo. Un rendez-vous incontournable depuis plus de 20 ans.

 

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Adrien Joveneau, c’est avant tout une voix rayonnante et une joie de vivre contagieuse. Son credo est de faire de la radio à l’extérieur des studios. Et si possible à vélo. À la terrasse d’un bistrot bruxellois, notre homme nous relate la magnifique aventure du Beau vélo de Ravel. Un concept surprenant et inspirant à plus d’un titre.

À la fin des années 1990, les pouvoirs publics wallons inaugurent le Réseau autonome des voies lentes (RAVeL), destiné aux promeneurs et aux cyclistes. Afin de promouvoir ce réseau, principalement composé de chemins de halage le long des cours d’eau et de voies de chemins de fer converties en pistes cyclables, l’animateur de radio lance l’idée de réaliser une série d’émissions. En direct. Sur le terrain. Et à vélo avec ses auditeurs!

Très vite, la formule expérimentale de la petite balade à vélo entre amis avec pause déjeuner séduit. L’animateur motive ses troupes et réussit le pari de rassembler plus de 1000 cyclistes pour la dernière émission de la première saison. C’est dit, il remettra le couvert l’année suivante.

Entre-temps, le bébé a bien grandi. Le Beau vélo de Ravel rassemble désormais plus de 100 000 personnes par saison. Mais cette grande fête populaire qui célèbre la mobilité douce est parvenue à conserver son ambiance bon enfant. La bonne humeur y règne en maître et toutes les classes sociales s’y croisent le temps d’un après-midi. Un melting pot à la belge, comme s’amuse à le décrire Adrien Joveneau. Il y en a pour tous les goûts. Au propre comme au figuré, puisque l’événement intergénérationnel fait aussi la part belle aux produits du terroir. À mi-parcours de la trentaine de kilomètres, une escale gourmande est proposée sur une place de village ou dans la cour d’un château. Avec en général un amuse-bouche concocté par un chef local. Découverte tout en lenteur et saveurs qui laissent souvent rêveur… Ou comment se déconnecter pour se reconnecter aux vraies valeurs de la vie.

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Adrien Joveneau, raveliste motivateur sur son tandem, en pleine entrevue avec une participante

À l’arrivée, ambiance garantie: animations pour les enfants, kiosques des partenaires, dégustations diverses et spectacles gratuits. Difficile d’envisager clôture plus conviviale!

«Nous faisons aussi un peu partie de toutes ces familles. Les enfants de la première heure sont aujourd’hui de jeunes parents qui transmettent le plaisir du vélo à une nouvelle génération. Que de belles histoires depuis 21 ans maintenant! »

Complicité entre une radio et ses auditeurs

Vous l’avez compris, Le Beau vélo de Ravel dépasse largement le cadre de la randonnée familiale à vélo ou de l’émission de radio. Au fil des ans, le concept s’est aussi décliné en émission de télévision (notamment rediffusée sur TV5), avec un livre, un site internet, une présence active sur les réseaux sociaux et même une édition nocturne d’une centaine de kilomètres au cœur de l’été. Pas moins d’une vingtaine de collaborateurs de la radio et de la télé ainsi que plusieurs dizaines de bénévoles sont mobilisés chaque semaine autour de l’événement. L’animateur a d’ailleurs rédigé une charte comportant 10 commandements pour tous les collaborateurs et les bénévoles, histoire de s’assurer que tous véhiculent les mêmes valeurs.

Comment expliquer ce succès phénoménal? La proximité avec le public y est certainement pour beaucoup. Adrien Joveneau y voit une belle histoire d’amour entre une radio populaire (VivaCité) et ses auditeurs. «Nous allons à la rencontre des auditeurs et leur proposons de vivre un moment magique ensemble. Cette complicité entre un public et un média est peu commune. Si le vélo est aujourd’hui en vogue et omniprésent dans la publicité, ce n’était pas du tout le cas lorsque nous nous sommes lancés. Nous avons suscité un engouement pour la pratique du vélo qui fait chaud au cœur. L’impact est naturellement difficile à quantifier, mais force est de constater que les mentalités commencent à changer. Nous semons de petites graines et, de plus en plus souvent, nous récoltons des commentaires encourageants de personnes remises en selle sous notre impulsion. J’éprouve chaque fois énormément de gratitude. Cela signifie que l’émission a du sens pour le public. Nous faisons aussi un peu partie de toutes ces familles. Les enfants de la première heure sont aujourd’hui de jeunes parents qui transmettent le plaisir du vélo à une nouvelle génération. Que de belles histoires depuis 21 ans maintenant! Nous avons même des mariés du Beau vélo de Ravel, qui se sont rencontrés pendant nos sorties, et de nombreux participants se voient en dehors des émissions. Il y a un côté tribal à notre communauté. C’est tout simplement génial!» se réjouit Adrien Joveneau.

Autre signe qui ne trompe pas: les villes et les villages candidats à l’accueil d’une randonnée sont chaque année plus nombreux. Il n’est malheureusement pas possible de satisfaire tout le monde. Pour l’animateur, une des forces du concept est qu’il s’appuie sur les ressources locales. Les villes s’approprient cette journée et en font une grande fête citoyenne. Avec l’avantage supplémentaire que la taille réduite de la Wallonie (en comparaison avec le Canada) favorise un maillage fort et une participation régulière des personnes tout au long de l’été aux quatre coins du territoire.

Vous avez dit défi?

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L’engouement pour Le Beau vélo de Ravel ne se dément pas année après année. Près de 100 000 personnes y participent chaque saison.

Un des grands défis des organisateurs est que la sortie cycliste reste à taille humaine. En parlant de défi, derrière cette aventure se cache aussi une prouesse, celle de présenter une émission de radio en direct tout en roulant sur un tandem avec, à l’arrière, un invité pas nécessairement poids plume ou habitué aux sorties vélo.

«Je m’entraîne tous les jours pour garder la forme et ne pas être trop essoufflé à l’antenne. Le bon côté est que l’évolution des technologies compense le poids des années. Mon sac à dos avec tout le matériel radio ne pèse plus que 4 à 5 kg, contre une quinzaine il y a quelques années», poursuit-il avec son sourire légendaire. Et d’ajouter sur un ton vélosophe: «Cela va peut-être surprendre, mais c’est lorsque la météo est la plus capricieuse que nous nous amusons le plus. Rouler dans des conditions dantesques ajoute encore une dimension supplémentaire. C’est parfois épique. Un jour, après une crevaison peu avant l’arrivée, j’ai terminé la randonnée en courant à côté de mon tandem avec le technicien.»

Le Beau vélo de Ravel pourrait bien faire des petits. Un Beau vélo version Route verte serait bienvenu au Québec.

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