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Reportage

Pier-André Côté – Tout laisser sur l’asphalte

14-08-2019
Pier-André Côté silber

Photo: RALLY UHC CYCLING

Pier-André Côté compte parmi les rares Québécois à s’être taillé une place dans une équipe de calibre Pro Continentale comme Rally UHC. Sa marque de commerce ? Tout laisser sur la route, se donner à fond, chaque fois, qu’il travaille pour lui ou pour le bénéfice de l’équipe. Une éthique du travail qui lui a attiré le respect de ses pairs et de ses patrons.

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Cent quarante bornes dans l’échappée. À 20 ans. Dans sa première course du World Tour. Avec un vélo défectueux dont la selle descendait constamment.

Pier-André Côté n’a peut-être pas franchi l’arrivée du Grand Prix cycliste de Québec auquel il prenait part en 2017, mais ce jour-là, il est cependant entré dans la légende, aux côtés d’autres pointures locales qui ont pris l’habitude d’animer l’épreuve et de marquer l’imaginaire. On pense à Bruno Langlois, dont c’est devenu la signature.

Pier-André Côté silber

Photo: RALLY UHC CYCLING

«Même si ça allait mal, chaque fois qu’on arrivait à la côte de la Montagne et qu’on entrait en ville, l’énergie de la foule était tellement incroyable que j’oubliais tout. Même au pire moment, quand je me suis fait lâcher, que je faisais mon tour d’honneur, je tripais. C’était ma première course World Tour… Toute ma carrière, je pense que je vais chercher à reproduire ce feeling-là.»

Presque deux ans plus tard, Pier-André Côté évolue au sein de l’une des plus prestigieuses équipes nord-américaines, Rally UHC. Le jeune coureur de la RiveSud, dans la région de Québec, y occupe la même place que celle qu’il s’est taillée dans la désormais défunte Silber, les deux années précédentes : celle de sprinter émérite. Statut confirmé par deux victoires d’étapes au Tour de Beauce en 2018.

Même poste, donc, à ceci près qu’il s’est spécialisé. «Pour les courses dont les arrivées sont assez simples et sans trop de bosses, je m’occupe d’amener notre sprinter du jour. Mais si les arrivées sont complexes, très techniques, et qu’il y a une ou plusieurs montées juste avant, c’est moi qui suis désigné.»

Méthodique, réfléchi. Et en même temps très près de ses sensations. Pier-André Côté a appris avec son entraîneuse Christine Gillard à écouter son corps plutôt que de devenir obsédé par les chiffres que lui transmet le capteur de puissance. Mais il sait aussi faire taire cette voix qui lui dit que la douleur de l’effort atteint l’insoutenable. «Si j’ai réussi à obtenir le respect de mes collègues et des directeurs sportifs, c’est parce que je suis capable de tout laisser sur l’asphalte, chaque fois, peu importe que ce soit pour ma propre gloire ou pour celle des autres. C’est un peu ma marque de commerce.»

« Si j’ai réussi à obtenir le respect de mes collègues et des directeurs sportifs, c’est parce que je suis capable de tout laisser sur l’asphalte, chaque fois, peu importe que ce soit pour ma propre gloire ou pour celle des autres. C’est un peu ma marque de commerce. »

PA Côté

Parce que son entrée chez Silber, il la doit, croit-il, en bonne partie à cette réputation de force tranquille, de gentleman combatif, prêt au sacrifice réclamé pour la victoire d’équipe. Ce que confirme Eric Wohlberg, directeur sportif chez Rally UHC: «P.-A. est très fort. Je surveille sa progression depuis quelques années, et c’est un coureur très prometteur. Il a amélioré ses aptitudes comme grimpeur, il est très puissant… Mais ce que nous avons surtout remarqué chez lui, c’est son esprit d’équipe. Ses qualités sportives et humaines, son éthique de travail. Posséder tout cela à un si jeune âge, ce n’est pas anodin, et, pour nous, c’est ce qui fait la différence.»

«Je ne suis pas du genre à faire les choses à moitié», poursuit Pier-André Côté. Afin de bien saisir sa chance, le jeune homme a ralenti ses études en actuariat. «Je gagne ma vie à vélo, en ce moment, comme si j’étais à mes premières années comme actuaire. C’est drôle, parce que je pensais que j’arrêterais de courir après mes années U23, mais là, j’ai un contrat de deux ans avec Rally. J’adore ce mode de vie, j’ai la chance de pousser ça encore un peu plus loin et de voir où ça peut me mener.» À ce compte-là, le travail de bureau peut attendre, oui.

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