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Reportage

Laurie Arsenault – Un sourire de louve

13-06-2019
Laurie Arsenault mtb

Laurie Arsenault aux championnats canadiens 2018 Photo: Rob Jones

Après des années de succès chez les juniors, Laurie Arsenault a connu un pénible passage à vide qui l’a presque menée à l’abandon d’un sport qu’elle adore. Ses récentes prouesses montrent cependant qu’elle mérite sa place dans l’élite du vélo de montagne canadien.

«Quand j’ai attaqué, je ne savais pas où elles étaient rendues», relate Laurie Arsenault

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De qui parle Laurie? De la médaillée olympique Catharine Pendrel, elle-même en chasse derrière Haley Smith, partie en échappée dès le départ. À quelle occasion? Lors de la première Coupe Canada de la saison, chez les élites féminines. Et quand était-ce? Le 30 mars 2019. Où ça? À Bear Mountain, à Victoria, en Colombie-Britannique. Quant au comment, disons simplement que la jeune cycliste de 22 ans originaire de Terrebonne faisait partie d’un groupe de poursuite à trois (avec Sandra Walter et Jenn Jackson), derrière Pendrel en chasse-patate. Notre principale protagoniste ayant parfaitement géré sa course jusque-là, et sentant l’opportunité de fausser compagnie à ses compagnes de fortune, elle a finalement lancé les hostilités.

Au final, elle allait se classer au 3e rang derrière Pendrel et Smith. Juste ce qu’il lui fallait pour galvaniser la conviction qu’elle a bien sa place parmi les meilleures. La preuve: elle termine 12e et 19e aux deux premières épreuves de la Coupe du monde.

Passage à vide

 

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Après des années de succès chez les junioprs, la skieuse de fond convertie au vélo de montagne lorsqu’elle avait 12 ans a pourtant frappé un mur. «Les deux premières années chez les U23, je ne me sentais pas bien préparée pour les courses; c’était beaucoup plus dur que ce que j’avais imaginé.»

Puis, l’an dernier, avec son nouvel entraîneur, John Malois, elle change d’attitude. «J’ai retrouvé le plaisir dans la souffrance», rigole-t-elle, laissant entendre que sans la ménager, bien au contraire, Malois a su lui transmettre l’importance du plaisir dans la performance.

«Lorsque je l’ai rencontrée, elle pensait même arrêter le vélo, raconte le coach. Je me suis reconnu en elle, parce qu’après avoir participé aux Olympiques, à 21 ans, moi, j’ai carrément frappé le mur. J’ai appris à la connaître; c’est une jeune femme d’une grande gentillesse, dotée d’un talent extraordinaire. Lors de notre première sortie, elle m’a étonné par sa force. Je suis rentré chez moi et j’ai dit à mon épouse: “Elle, je veux l’entraîner.”»

Résultat? En 2018, Laurie Arsenault termine parmi les meilleures en Coupe Canada et remporte le maillot à feuille d’érable des moins de 23 ans aux Championnats nationaux.

«J’ai toujours du plaisir sur mon vélo, peu importe que ce soit en course ou à l’entraînement.Mais gagner, j’aime ça.»

Laurie Arsenault

Le couteau entre les dents

 

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On le devine, Laurie Arsenault a retrouvé le sourire. «Elle est tout le temps de bonne humeur, motivée, et elle respecte les directives d’entraînement, ce qui veut dire qu’elle prend aussi ses journées de repos au sérieux», souligne John Malois. Sans doute une des choses que les jeunes athlètes trouvent le plus difficile à faire. «Au-delà de son indéniable talent sportif, de son intelligence de course, c’est quelqu’un de fondamentalement aimable, insiste John Malois. Elle dit toujours merci, elle joue avec mes enfants quand elle vient chez nous…»

Ses adversaires ne sont toutefois pas dupes. Si elle sourit, Laurie Arsenault ne le fait pas que pour démontrer sa bonne nature.

La jeune athlète a amorcé la présente saison en se frottant avec succès aux pointures qui fréquentent la US Cup. Au moment où on la joint, elle se prépare à s’envoler en vue de participer à l’une des six Coupes du monde au programme cette année, en plus des Mondiaux, qui se tiendront à Mont-Sainte-Anne.

«Depuis l’an passé, j’ai retrouvé mes repères, se félicite la coureuse. J’ai le couteau entre les dents, j’aime aller vite… J’ai toujours du plaisir sur mon vélo, peu importe que ce soit en course ou à l’entraînement. Mais gagner, j’aime ça.» Et visiblement, elle y prend goût.

Ses adversaires l’ont donc compris, et son coach pareillement: ce sourire un brin espiègle un brin matois qu’affiche la jeune coureuse, c’est celui du prédateur courtois, fairplay en même temps que redoutable. Un sourire de louve.

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