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Le blogue de David Desjardins, Non classé

Rallumer la flamme

17-03-2023

Mon intérêt pour la course cycliste connait le même cycle chaque année, avec quelques modifications.

Comprenez d’abord ceci : je n’ai aucun intérêt pour le sport en général. À part le vélo, je ne regarde rien, ne lit sur rien. Je ne connais pas le nom de plus de plus de trois joueurs du Canadien (dont le gardien qui ne joue plus), pas un seul du FC Montréal (que j’appelle encore L’impact, ça vous donne une idée de mon engagement envers ce sport), il m’arrive de tomber sur une course de ski alpin et d’en regarder quelques minutes (surtout si c’est un Super G), et parfois, parfois, je tombe sur un match de tennis. Le football? J’ai pas regardé une partie, pas même le Superbowl, depuis 3 ans. Le baseball? Deux manches en faisant du ménage dans mes factures pendant la Série mondiale l’an dernier.

Je suis sportivement monogame. Mais il arrive, chaque année, que la flamme vacille, même pour le cyclisme. L’an dernier, après la Vuelta, j’ai complètement décroché ou presque : deux coupes du monde de cyclocross et un résumé des mondiaux a constitué mon régime vélo.

L’appétit vient en mangeant

Puis l’appétit est peu à peu revenu. J’ai recommencé à fréquenter mes comptes Youtube favoris (surtout Lanterne Rouge), je renoue avec Flobikes et GCN, les diffuseurs. J’observe les courses hivernales dans les pétrocraties moyen-orientales du coin de l’œil.

Puis arrive Omloop Het Newsblaad qui déçoit rarement. Les courses du printemps s’alignent. Les préclassiques se succèdent. Il y a les obscures épreuves au fin fond de la France (Drôme, Ardèche, etc) comme les premières épreuves à étapes de l’Hexagone et de l’Italie. Strade Bianche est la bougie d’allumage. La victoire de Tom Pidcock, cette année, m’a stupéfié presque autant que celle de Pogačar l’an dernier. Le duel des SD Worx Kopeky et Vollering m’a tout autant rivé à mon siège. Après, Paris-Nice et Tirreno-Adriatico ont fini de cimenter mon plaisir.

Comme un enfant

Mon rapport avec la course cycliste est plus une affaire de culture que de sport, au fond.

J’entends par là que je m’intéresse à tout : la forme, les tactiques, les personnages, le vocabulaire, l’équipement, les rumeurs, les prédictions et ce stade extérieur qui m’est ouvert à moi aussi. J’ai reconnu le col de la Couillole et le col d’Èze pendant Paris-Nice, pour les avoir déjà roulés. J’ai vu les terres de l’auberge où j’habitais presque de la montée Santa Marie (que j’ai aussi roulée) sur Strade Bianche.

Au fond, je suis comme ces enfants qui revêtent un gilet de leur joueur de hockey favori pour aller jouer sur la patinoire du quartier. J’ai cet enthousiasme juvénile, dopé par les réseaux sociaux et les mille images qu’ils fournissent (comme ce coureur de Arkea qui a réussi à casser deux fois son guidon sur le Grand Prix de Denain  plus tôt cette semaine).

 

Je joue au vélo comme les enfants jouent au hockey. Et donc je suis fan parce que je suis cycliste.

Suffisait de voir Roglič retrouver sa forme d’antan en Italie et d’assister à la lutte entre Gaudu, Vingegaard et Pogačar sur Paris-Nice pour retrouver l’excitation et me remettre à écouter des podcasts, des résumés de course, consulter frénétiquement les sites de nouvelles cyclistes. J’ai failli tomber en bas de mes rouleaux en regardant les derniers miles de Milano-Torino, avec ses mille virages et chicanes à pleine vitesse. Ça y’est c’est reparti. Je trippe raide.

Demain, c’est Milan-SanRemo. Je serai en ski pendant la course. J’opèrerai ensuite un blackout de réseaux sociaux jusqu’à mon retour pour regarder en reprise. Ce qui ne sera pas très long. Outre les 20 derniers kilomètres, y’a rien à voir ou presque. Mais c’est quand même le final le plus excitant de l’année.

Toute la saison ira ainsi : je travaille ou je roule pendant la course. Je ne touche pas à Twitter ni Insta pendant la journée. Je ne mets pas les pieds sur Cyclingnews. À moins qu’un journaliste de Radio-Canada ne m’appelle pour me divulgâcher les résultats (c’est arrivé deux fois pendant le Tour de France l’été dernier), je savourerai tous les soirs la course du jour. Il y en aura par dizaines. C’est parti. La flamme est rallumée.

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