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Le blogue de David Desjardins

La (longue) distance est un remède

27-06-2025

Avec les années, mes sorties ont rallongé. Non seulement je roule plus souvent, mais aussi plus longtemps et plus loin. Il n’est plus rare que je fasse 160, 180, voire 200km et plus lors d’une journée en selle. Au moins une fois par semaine, je m’en fais une longue.

Il y a évidemment l’idée de se lancer des défis, mais plus encore, il y a dans cette pratique, aussi, l’idée d’une vie en liberté, simplement rythmée par ma cadence de pédalage que je garde habituellement autour des 80-85 tours par minute.

Comparativement au rythme du hamster qui me trottent dans la tête, faisant tourner sa roulette à une folle vitesse, rouler pendant 6, 7 heures, voire un peu plus à ce RPM, c’est des pinottes.

La vie n’est pas plus simple qu’avant. Le travail non plus. J’ai de plus en plus de difficulté à arrêter de bouger avec les années, habitué au beat effréné du monde qui est le mien. À vélo, je suis immobile en mouvement.

Vous me suivez?

Sans parler qu’il y a un tas de moments absolument réjouissants qui émaillent ces sorties interminables. Et puis des petites habitudes que je cultive et qui deviennent des traditions, des pèlerinages.

Entre Québec et St-Ubalde, aux confins de Portneuf, par exemple, j’ai mes arrêts favoris.

Dans ce parcours de 230km que j’essaie de faire une fois par année, je m’arrête toujours au même dépanneur à St-Marc-des-Carrières. L’édifice tombe en ruines (en dedans comme dehors), le personnel est truculent, le choix de boissons énergisantes est infini. On y écluse Coke et Redbull en écoutant la climatisation pousser des râles de fin de vie.

À St-Ubalde, c’est toujours pareil : on arrête luncher chez Pain, pain, pain. Mon ami Shan, qui est végane, y a eu droit à toutes sortes de spéciaux du jour concoctés juste pour lui au fil des ans. Le meilleur : le Mathieu van des Poel-Spécial, soit un spag au ketchup.

Les paysages varient comme les villages, sur ce long chemin, provocant d’égales doses d’horreur et de ravissement. À St-Casimir, on traverse le village comme une révélation. Les ponts, l’église, les demeures restaurées. C’est un des très beaux coins du Québec.

Si le vent souffle de l’ouest, le retour se fait rapidement par la 138, depuis Grondines. Un dernier arrêt au Esso de Donnacona s’impose. J’ignore pourquoi j’ai adopté cette station-service plutôt qu’une autre, parmi les 3 ou 4 de ce secteur industriel au bord de l’autoroute. L’humain est un animal d’habitudes, il faut croire.

Pour franchir les 50 derniers kilomètres qui nous séparent de la Capitale, tous les coups de pouce alimentaires sont permis. En cas de grande chaleur, comme c’est désormais la norme par jours de beau temps, les friandises glacées sont de mise. Je cherche encore l’existence d’une meilleure « bombe à glucides » qu’un Oreo à la crème glacée, inhalé de concert avec un gel et un Coke.

À partir de Neuville, plus personne ne parle. La fin approche. C’est le moment que je préfère et que je redoute. Celui où le corps en a assez. J’ai mal aux jambes, aux bras, au dos, au cul. Rien pour m’incapaciter, mais le plaisir s’efface au profit de l’inconfort. La sueur se calcifie dans mon cou, dans les rides de mon visage, mes vêtements ne sont que cernes de sel. On renoue aussi, le plus souvent, avec un trafic plus dense, dans ces derniers kilomètres. Et comme j’ai hâte d’arriver au bout, je pèse sur les pédales en pestant un peu contre les conducteurs distraits.

Pendant toute une journée, je n’ai pas pris mes courriels, je n’ai pas travaillé sur la maison, je n’ai rien fait d’utile, de nécessaire. On n’a rien attendu de moi ni moi de quiconque. Les conneries que nous proférons à chaque arrêt et pendant que nous roulons sont aussi rafraichissantes de simplicité. Nous voilà redevenus ados, enfants, sans responsabilité. Évadés du réel.

Rouler longtemps est un antidote à tout ce qui me hante, ce qui me pèse. Avoir les jambes lourdes allège l’âme.

 

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