
Par Markus Spiske, sur Unsplash
C’est dans l’air du temps : on avance par en arrière.
C’est ainsi qu’un homme aussi dépourvu de vision et de profondeur que Sam Hamad revient hanter la politique. Au municipal, cette fois. À Québec. Misère…
On n’a jamais été dans la profondeur avec ce politicien dont la principale qualité est d’être un bon… politicien. J’entends par là qu’il a toujours excellé dans les activités partisanes, les cocktails et l’art de se rappeler du nom des gens, ce qui impressionne le quidam. Il est aussi bon dans l’art de perdre ses porte-feuilles de ministre, remarquez.
Pour quiconque ne réduit pas la politique à un souper spaghetti de levée de fonds où l’on reconnait son voisin et se souvient de ce qu’il fait dans la vie, Sam Hamad représente tout ce qui cloche avec la démocratie. À moins, évidemment, que l’on déteste le changement et que l’on se contente d’une anecdote (ou une croyance) élevée au rang d’étude sérieuse pour prendre position sur un sujet.
Les pistes cyclables: pas pour les vrais cyclistes
Selon M. Hamad, donc, les pistes cyclables mériteraient qu’on « regarde ça » (ce qui veut dire qu’on examine leur pertinence) puisque les « vrais cyclistes » ne les utilisent pas. C’est une impression (pas un fait) qui mériterait un peu de nuance. Je ne pense pas que M. Hamad manie très bien cette zone de léger inconfort qui consiste à se forger une opinion complexe à partir des faits et d’éclairer la population sur un sujet donné plutôt que de mettre le feu aux poudres.
(Comme vous devinez en lisant ceci, je n’ai jamais trop aimé M. Hamad, mais disons qu’il a terminé de clouer son propre cercueil dans mon appréciation de son travail comme élu lorsqu’il s’est défendu d’avoir joué un quelconque rôle dans une affaire de copinage, alors que le commissaire à l’éthique a dit à propos des gestes qui lui sont reprochés qu’il a eu une «conduite contraire aux valeurs de convenance, de sagesse et de justice de l’Assemblée nationale» et que son «comportement «n’est pas simplement une imprudence, mais constitue un manquement qui nuit au maintien de la confiance de la population envers les membres de l’Assemblée nationale». )
J’écoute l’extrait de son entrevue au Fm-93 à propos des pistes cyclables, relayée par Olivier Niquet, et je me dis : ça y’est. On remonte dans le temps.
C’est pas mêlant, on croirait entendre votre mononcle qui délire au barbecue de famille en disant qu’il faut arrêter de mettre de l’argent dans ces folleries de pistes cyclables là.
Bon, je dis ça, mais M. Hamad est surtout le grand maître du discours adapté à son auditoire. Ou mieux, à ne rien dire du tout, mais en ouvrant la bouche.
Source: Le sac de chips
J’ai l’air de rigoler, mais c’est ce genre de politicien qui connait une popularité croissante en occident. Pas seulement au sud de la frontière : les slogans creux, les promesses rétrogrades et l’hypersimplification d’enjeux complexes connaissent leur heure de gloire en Amérique du Nord, du Sud, et en Europe.
Ah, oui, j’allais oublier à propos des pistes cyclables et des « vrais cyclistes » : c’est quoi, un vrai cycliste? Quelqu’un qui va travailler à vélo, c’est pas un vrai cycliste? Un jeune qui veut revenir de l’école sans risquer sa vie, est-ce un vrai cycliste? Des gens qui utilisent le transport en commun cycliste (Bixi, àVélo) pour se déplacer et évitent de créer du trafic en ville le samedi soir, sont-ce de vrais cyclistes?
C’est un « vrai cycliste » qui demande, qui trouve que les pistes cyclables pourraient être plus sécuritaires, être mieux conçues, mais qui trouve qu’il y a des limites à rire du monde en disant n’importe quoi pour aller chercher quelques votes.