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Le blogue de David Desjardins

De l’espoir et des vieux modèles

30-11-2018

Andrea Tafi / Photo Yahoo Sports

 

Andrea Tafi a remporté Paris-Roubaix en 1999. Une épreuve surnommée l’enfer du nord. L’une des plus difficiles, en raison de ses secteurs pavées d’une effarante brutalité.

Le voilà, à 52 ans, qui souhaite reprendre le départ de ce monument cycliste. Cela en emmerde quelques-uns, qui y voient une sorte de cirque.

Mais pour les aspirants à la vieillesse sportive de mon genre, il y a quelque chose de hautement réjouissant dans tout ceci.

Parce que, comme la plupart d’entre nous, je redoute le déclin. Plus encore que la mort, peut-être, parce que ces moments où le corps se met à péricliter vous mettent justement face à votre finitude en plus de vous rappeler que vous n’irez pas au ciel en Ferrari, mais plus probablement au volant d’un vieux Lada grignoté par la rouille. C’est comme un deuil double que l’on doit faire.

Oh, ça vaut mille fois mieux que de mourir dans la fleur de l’âge, ou même juste un peu fané. La vie est merveilleuse, même fripée.

Mais j’aime les histoires comme celles de Tafi, parce qu’elles me disent que je n’ai pas fini de rouler fort, haut et loin. Comme Phil Deeker, grand maître des défis des Cent Cols, qui, pour son soixantième anniversaire l’an dernier, s’est claqué 1000 cols en 100 jours, soit 20 000km et 500 000 de dénivelé. Rien que ça.

J’ai des amis de cet âge. Je croise à vélo (mais aussi à la course, en ski de fond) des hommes et des femmes plus vieux encore. Je pense à une, en particulier, qui s’entraîne au Vélo Cartel avec moi l’hiver, et qui racontait avoir fait les Dolomites l’an dernier. Elle a plus de 70 ans.

Il y aura bien quelques moments de résignation en chemin. Un corps qui récupèrera moins rapidement. La peur de se blesser qui viendra sans doute contaminer mon enthousiasme . C’est un truc qui vient avec l’âge, cette crainte croissante de se rétamer la gueule. Plus on s’approche de la mort, moins on se croit immortel, je suppose.

Mais je veux durer. Je cherche partout l’inspiration pour rouler encore et encore, pour me donner le courage de sortir malgré la météo prohibitive. De bouffer de la poussière, de la boue ou du bitume.

Merci à vous, les athlètes d’expérience, les vieux maîtres et les anciens. Je suis pas pressé de rejoindre vos rangs. Mais je ne désespère pas non plus en songeant au moment où cela se produira. Ce sera à mon tour de devenir un modèle pour le plus jeunes.

Oh, et puis allez Tafi, allez!

 

 

 

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